AlyaLe vide. Si on me demandait de décrire le monde qui m'entoure à cet instant, je répondrais le vide. Puis au final, ça a toujours été le vide. Même avant la naissance de Thanos, il était absent. Pas un mot, pas une attention, pas une excuse, pas une once d'intérêt. Rien. Le vide. Quand Thanos est arrivé, rien n'a changé. Même si j'avais passé l'intégralité de ma grossesse à espérer le contraire, qu'il se rende compte de son erreur, qu'on lui fasse entendre raison, il a préféré nous ignorer. C'était plus facile pour lui, sûrement.
Sauf que le choix qu'il a fait aujourd'hui m'impacte beaucoup plus que celui qu'il a pu faire à l'époque. À l'époque, je venais de découvrir que la plupart de mes amis n'étaient que des hypocrites, que j'étais enceinte du pire des connards et que les seules personnes qui supportaient encore de me voir étaient mes parents. S'il avait fait le choix de rester près de moi, ça n'aurait fondamentalement rien changé. On se connaissait à peine de toutes manières.
Mais aujourd'hui tout est bien différent. J'ai des amis, beaucoup, et des vrais. Le genre qui serait capable de sauter d'une falaise pour toi. Mais j'ai surtout Ken. Ken qui ne supportera pas de laisser la garde de Tan à son père biologique. Je le sais, j'ai même pas besoin d'en douter. J'ai même pas besoin d'ouvrir les yeux pour que son visage tendu et blanc comme un linge s'affiche derrière mes paupières. Le choix que le père de Thanos a fait aujourd'hui va foutre en l'air l'équilibre qu'on avait trouvé.
Pour quoi en plus ? Pour qu'il se prouve quelque chose à lui-même ? Pour faire une bonne action ?
- C'est mort, la voix de Ken tranche durement alors qu'il relit le message une vingtième fois. Tu m'écoutes Alya, c'est mort. Il l'approche même pas à dix mètres ou je le bute.
- Ken.., je commence mais la dureté de son regard me stoppe dans mon élan.
- Y a R, y a R, il tourne en rond sur le trottoir. Même pas dans ses rêves les plus fous il approche MON fils. Il a cru quoi ? Qu'il allait revenir comme une fleur après t'avoir laissée comme une merde pendant 8 ans ? C'est un taré. J'ai juré c'est un taré.
Autour de nous, les gens commencent à nous dévisager. Si j'arrive pas à le calmer sur le champ, la situation risque de s'aggraver. Les mots n'ayant aucun effet sur lui, je m'approche pour venir me lover contre sa parka. Le geste soudain le stoppe mais il ne répond pas à mon étreinte pour autant.
- Lya je peux pas, il soupire. Je peux pas putain. Je peux pas le laisser faire ça. Je venais juste de..., il ne finit même pas sa phrase et vient loger sa tête dans mon cou.
C'est quand je sens mon pull s'humidifier que mon coeur se brise définitivement. Comment en même pas une année, Ken a pu devenir si indispensable, si important pour que son malheur résonne si bien avec le mien ?
- Ken, je renifle. On va trouver une solution, ma main caresse son cuir chevelu. Je te promets.
- Promets pas des trucs comme ça, il rit nerveusement. Toi comme moi on sait très bien qu'il a le droit de faire ce qu'il fait. C'est son daron.
- Non, j'essuie les larmes qui imbibent mes joues. Son père, j'attrape son poignet où pend la chaîne, c'est toi. Il t'a choisi, je t'ai choisi, c'est toi et personne d'autre.
- Sauf que sur le papier c'est lui et ça change tout, il me serre contre lui. J'ai le seum. Je l'avais déjà mais maintenant ça me dépasse. Je peux rien faire, j'ai aucun droit. Lui il en a alors qu'il a jamais été présent pour vous. Elle est où la justice là-dedans ? Il va s'occuper de lui pendant quoi ? 2 mois ? Et après quoi ? Il va se lasser d'avoir jouer au papa et il va se barrer à nouveau ? Même pas la peine d'y penser. Je te jure Lya on va se barrer en Mongolie je m'en tape mais il vous approche pas.
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T'y crois, toi ? · Nekfeu
FanfictionLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...