Chapitre 62

2.6K 104 14
                                    


Ken

Une crise d'angoisse. Ce sont les mots qui sont sortis de sa bouche. Je vais pas mentir, j'étais déjà au courant. Avoir une relation aussi complice avec la daronne de sa copine, ça sert pas à R. Alors oui, j'ai fait comme si de rien n'était. Justement parce que je pensais qu'elle allait finir par me le dire d'elle-même. J'aurais préféré l'apprendre d'elle que de la bouche de sa mère. Sauf que les jours se sont enchaînés et son état s'est détérioré sans qu'elle ne pipe un mot. Les longues minutes passées dans la salle de bain, le retard qu'elle prenait le matin au lit sans bouger, les pâtes brûlées parce qu'elle était ailleurs... J'ai rien dit et je m'en veux. Je m'en veux d'avoir été aussi égoïste à attendre qu'elle m'en parle juste pour me prouver quelque chose.

Le léger sifflement de sa respiration me parvient aux oreilles. Sa tête collée à mon torse, ma main dans ses longues boucles désormais blondes, je profite de ce moment de calme pour réfléchir à la suite. Tout naturellement, après l'incident, on s'est retrouvés chez ses darons. Ni elle, ni moi ne nous sentions plus à l'aise à mon appart et encore moins au sien qui est à quelques pas seulement de l'école de Thanos. Parce que oui, les gens ont fini par trouver l'école qu'il fréquentait, beaucoup plus rapidement que ce que j'avais pu envisagé.

J'ai pas hésité une seule seconde en appelant Elisa. Venir ici, c'était la meilleure des décisions que j'ai pu prendre depuis un peu. Lya s'est remise à dormir correctement, elle mange et elle recommence même à sourire sincèrement. À quelques mètres devant notre transat, Tan s'applique à semer les radis, chapeauté par sa grand-mère. Vince nous a conseillé de faire l'école à la maison, juste l'histoire de quelques jours ou d'une semaine, histoire d'éviter les fans et d'avoir le temps de trouver une solution. Sans lui demander son avis, j'ai également prévenu les profs d'Alya qu'elle serait absente elle aussi. Vu son état, aller en cours aurait été une perte de temps. Elle arrive à peine à rester concentrée plus de vingt minutes.

- Ken, sa petite voix endormie soupire avant qu'elle ne s'étire doucement.

- Je suis sous toi pour rappel, je rigole en la voyant me chercher, les yeux à moitié fermés.

- Ah, elle sourit. C'est vrai. Il faut que j'aille finir mon DM d'éco, elle commence à se lever mais je l'en empêche.

- Même pas en rêve Lya, je l'attire à nouveau sur moi. On a dit que tu faisais une vraie pause jusqu'à mardi.

Elle grogne mais ne bronche pas. Quand ses yeux se posent sur le mini-jardinier devant nous, son regard s'illumine et le mien ne tarde pas non plus.

- Il grandit de ouf, ça me fait peur, je souffle.

- Je sais, elle soupire en posant sa tête dans mon cou. Et encore, tu l'as pas vu bébé, c'était pire. J'avais l'impression qu'il prenait 20 centimètres par jour.

- Je verrai le prochain, je glisse ma tête jusqu'à son épaule avant de caresser son ventre.

- Dans 10 ans peut-être, elle m'assène une tape sur le crâne. Arrête de faire ça, elle retire ma main de son ventre. C'est glauque.

- Je suis sûre que tu étais beaucoup trop belle avec ton ventre, je prends un malin plaisir à la faire rougir.

- Ah ça oui, Elisa s'assoit sur le transat voisin, une bouteille d'eau à la main. J'ai une infinité de photos si tu veux.

- Maman commence pas.

- C'est pour qu'il sache à quoi s'attendre, elle chatouille les hanches de sa fille.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant