Chapitre 24

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Alya

Une erreur. J'ai fait une erreur. Et franchement, je n'ai aucune idée de comment je vais la régler. Prise au dépourvu entre ma mère et Moh, je me suis mise dans un bourbier sans nom. Je vais passer la soirée dans un appart entre Ken qui va de toutes évidences pas me lâcher et Micky qui m'a lourdement conseillé de pas m'attacher à lui. Tout ça en espérant que le grec n'est pas l'idée lumineuse de relater notre rapprochement à tous ses reufs.

Je crois que l'attitude la plus optimale à avoir serait de se comporter de façon amicale avec Ken pour qu'il sache à quoi s'attendre dès le départ et de ne rien dire de ce qu'il s'est passé entre nous à Deen.

Je sors du métro en soufflant un bon coup. La soirée va être longue. Beaucoup trop longue. Le trajet entre la station et l'appart me semble bien plus interminable que d'habitude et lorsqu'enfin je passe la porte de l'immeuble, je remarque qu'il ne me reste que 30 minutes pour me préparer.

Je file alors sous la douche. L'eau qui ruisselle le long de mes cheveux jusque dans mon dos a le don de m'apaiser. Les paroles de ma mère me reviennent en tête. Est-ce que j'ai changé tant que ça et en si peu de temps ? Est-ce que ma vie a changé ? Alors que la réponse à ses questions me semblait floue jusqu'à présent, elle m'apparaît désormais comme une évidence.

Oui, j'ai changé et ma vie aussi. Depuis que j'ai rencontré les garçons, je ne me demande plus jamais ce que je vais faire de mon temps libre. Y en a toujours un de disponible ou qui a un truc à proposer et le temps passe tellement vite mais en même temps tellement lentement quand je suis avec eux que j'ai l'impression que ma vie est mille fois plus dense et riche qu'avant.

La semaine passée avec eux dans le Sud a été incroyable. Je dirais même qu'elle ne l'a pas été juste pour moi mais aussi pour les enfants. On s'est tellement amusés tous ensemble, c'était magique. Bien plus que n'importe quelle visite de cathédrale que l'on aurait pu faire.

Contrairement à l'apparence qu'ils donnent tous aux premiers abords, ils peuvent même être très sérieux quand ils le veulent ou quand c'est nécessaire et ça, c'est plus qu'appréciable. Puis faut avouer que leur passion pour la musique est délirante. La cohésion, la vibe, le flow, la confiance qui en résulte est sans limite. Je me rappelle des freestyles qu'ils se sont tapés entre deux monastères, c'était génial, presque envoûtant.

Les voix de mes voisins dans la cage d'escalier me tirent de mes pensées et je me décide enfin à couper l'eau pour me sécher. Moh va arriver que je serai même pas habillée à ce rythme-là.

En traînant des pieds, je me glisse dans la chambre pour trouver une tenue. J'ai jamais vraiment été douée pour ça et vu que je vais très peu en soirée, je sais même pas quel type de tenue je suis censée mettre. Je sais même pas où on va. Ça pourrait autant être dans une boîte, que dans un appart ou un restaurant.

Finalement, par manque de choix mais aussi par flemme, il faut se l'avouer, j'opte pour la solution de facilité en attrapant les vêtements que j'ai portés toute la journée. À part Ken et Hugo, personne saura. Et puis je suis même pas sûre que ces deux-là remarquent.

À peine aies-je le temps de serrer ma queue-de-cheval et d'enrouler mes cheveux en un savant chignon qui cache au mieux les mèches blondes rebelles, que Moh sonne en bas. Sans me presser, je descends les escaliers pour le rejoindre et quand il me voit, il me lance un regard noir.

- Déjà tu prends quinze ans à descendre mais je me suis dit : Mohammed, c'est pas grave, c'est qu'elle se met en bombe. Et toi tu me fais quoi ? Tu débarques comme ça ! Il s'exclame en pointant ma tenue du doigt d'un air accusateur. C'est une offense.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant