Alya
Après 20 minutes de déboire, j'ai enfin réussi à convaincre les garçons d'arrêter de taxer par-ci, par-là, le pique-nique des enfants et d'aller s'acheter quelques petits trucs à la supérette du village. Soi-disant ils avaient la flemme de marcher. C'est pas une excuse quand on a décidé de faire les chemins de Compostelle ça.
D'un rapide coup d'œil, je vérifie que les enfants ne manquent de rien et je cherche Vince du regard. Il faut absolument que je lui parle de Mila, histoire qu'on commence les démarches dès à présent. Je le repère entre deux accompagnatrices, un sourire charmeur aux lèvres. Il changera jamais.
Je fais alors semblant de recevoir un appel, me dirige vers lui, et, une fois à sa hauteur, éloigne le téléphone de mon oreille et lui fais signe que c'est pour lui. Ni une, ni deux, il quitte les deux jeunes femmes en s'excusant et s'approche de moi.
- Suis-moi, faut que je te parle, je lui dis.
Un sourire malicieux déchire son visage.
- C'est que ça donne des ordres maintenant...
Je souffle et lui lance mon plus beau regard noir.
- C'est pas marrant Vince, je suis sérieuse.
- Ok, ok, je t'écoute, il me répond, les mains devant lui en signe de paix.
On s'assoit tranquillement à l'écart du groupe. Ici, on sera à l'abri des regards indiscrets. Je sais pertinemment que mon intervention de tout à l'heure n'a pas convaincu tout le monde et je sens déjà les regards des autres mères sur nous. Je les plains. Moi j'ai besoin de rien de plus que mon fils pour être heureuse et elles, entre leurs enfants et leurs maris, elles ne sont toujours pas satisfaites. Je sais pas ce qu'elles cherchent de plus auprès de Vince sérieusement.
Me recentrant sur le cœur du problème, je sors la veste de Mila de mon sac et la tends à Vince qui me regarde avec un air d'incompréhension.
- C'est la veste de Mila, non ? Il me demande. Tu veux que j'en fasse quoi ?
Je soupire. Naïf comme il est, je sais que la nouvelle va lui briser le cœur. Malgré son manque de sérieux, je sais qu'il aime ses élèves de tout son cœur et qu'il serait prêt à tout pour les protéger. Cependant, il reste persuadé que les seules choses desquelles il a besoin de les protéger c'est les vols de billes et les disputes à la cantine. Sauf qu'il y a bien pire que ça mais enfermé dans son monde de bisounours, Vince refuse de le voir.
- Ce matin t'as bien vu qu'il faisait super chaud, les enfants étaient tous en nage, je commence. Eh bah figure-toi que Mila, elle, ne voulait pas retirer sa veste.
Vince ne comprenant vraisemblablement pas le problème, semble encore plus perdu que tout à l'heure.
- C'est une doudoune Vince, pas une veste d'été. C'est pas possible qu'elle n'ait pas eu chaud dedans. Quand je lui ai demandé si elle voulait la retirer, elle m'a répondu que sa mère le lui avait interdit.
Mon meilleur ami, soucieux, commence alors à froncer les sourcils.
- Pourquoi elle irait interdire à Mila de se découvrir ? Ça n'a pas de sens. Peut-être que Mila n'a pas bien compris ce que sa mère lui a demandé.
Le visage plongé dans mes mains, je repasse les images du matin même dans ma tête.
- Quand je lui ai retiré la veste, elle avait les bras couverts de bleus Vince. Et pas qu'un peu, elle en a des épaules jusqu'aux coudes et c'est pas de petits bobos. Ils semblent récents en plus.
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T'y crois, toi ? · Nekfeu
FanfictionLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...