Chapitre 64

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Alya

Un pas devant l'autre, les yeux bandés, j'essaie avec difficulté de ne pas me prendre les pieds à la sortie du métro.

- Vous aviez pas plus con comme idée encore ? Je râle.

- Arrête de te plaindre wesh, je reconnais la voix de Jace à quelques mètres devant moi. Pour une fois qu'on te fait une surprise.

Malgré le bruit des passants autour de nous et tout le vacarme de la ville, je peux quand même entendre Maëlle sautiller comme une folle autour de moi. Peu importe ce qu'est ma surprise, ça a pas l'air d'être un petit truc. J'aurais quand même été plus rassurée si Ken était là avec nous.

Juste avant de sortir du métro, la voix a annoncé La Fayette. Ça explique tous les changements qu'on s'est tapés pour arriver ici. J'ai cru que j'allais tomber au moins une dizaine de fois dans le trou entre le marche-pied et le quai. Tout ça pour finalement faire la matinée shopping que Rita m'avait promis. Depuis tout à l'heure, je fais comme si je savais pas et franchement, si j'avais dû enlever mon masque, c'était cramé à deux kilomètres tellement je souris.

- Alors avec Moh ? Je demande à Rita qui me guide par le bras. Ça avance ?

Un long soupir parvient à mes oreilles et j'en conclus que la réponse est non.

- Il couche avec une de ses photographes Alya.

- Jure ? Je m'exclame. Mais j'étais pas au courant ! Depuis quand ?

- Depuis une semaine ou un truc comme ça. Il oublie pas une occasion de le rappeler, crois-moi, je peux pas ne pas m'en souvenir.

- Nan mais il est con ou quoi ?

- Il avait peut-être juste envie d'autre chose, mon amie baisse la voix et sa prise sur mon bras se fait plus faible.

- T'entends ce que tu balances là ? Je rigole. Vous bavez l'un sur l'autre depuis que je vous connais. Il est juste trop con pour l'admettre.

Au lieu de me répondre, on s'arrête d'un coup. Plus personne ne parle, je me doute bien qu'on est arrivés. J'espère juste que c'est pas un magasin hors-de-prix parce qu'avec les premiers loyers que je vais devoir verser si on obtient l'appartement, je vais finir ruinée.

- Quelques pas de plus, Maëlle me pousse à l'intérieur de ce qui semble être un magasin.

Une fois le seuil passé, les bruits se réverbèrent sur les murs et je n'ai plus aucun doute sur le magasin en question. Y en a qu'un qui a cette forme ici. Je vais me ruiner. Définitivement.

- Les galeries ? Sérieusement Rita ? Je rigole nerveusement. Tu sais que je peux pas me le permettre.

- Tais-toi donc, elle me tape le crâne. Tu sais même pas ce qu'est ta surprise. Maëlle, mets-la bien devant.

Pendant ce qui me semble être de longues minutes interminables, les trois tortionnaires qui me servent d'amis rechignent sur comment me placer avant d'enlever mon bandeau.

- Au pire si je suis deux millimètres trop à droite, personne va remarquer, je râle.

- Bon allez c'est bon, la styliste commence. Enlève-lui Mae.

La deuxième rousse s'exécute et le temps que mes yeux se réadaptent à la lumière, je tourne la tête pour confirmer mon intuition. Effectivement, on est bien en plein milieu des galeries Lafayette. C'est quand je reporte mon regard devant moi que je frôle la crise cardiaque. À la place du grand sapin de Noël ou des expos habituelles, une énorme affiche s'étend du haut du troisième étage jusqu'au sol, dévoilant les dernières créations de Rita aux visiteurs qui s'activent autour de nous. Mais les kimonos made in MIR ne flottent pas dans le vide. Ici, en plein milieu d'un des plus grands magasins de Paris, Thanos et moi jouons les mannequins comme si on avait fait ça toute notre vie.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant