Chapitre 5

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Alya

Il est tout juste 11h et le soleil tape déjà fort. En plus, il y a vraiment aucune ombre sur le chemin aujourd'hui, les enfants sont crevés et quand ils sont crevés, c'est bien connu, ils sont plus chiants que d'habitude. Je mâche pas mes mots. À part Mila, qui me tient sagement la main depuis le début de matinée, les autres sont de vraies furies.

Julie galère au-devant du cortège. Ils veulent pas tenir en place. Une fois c'est un papillon, la suivante c'est un écureuil. Je suis bien contente qu'ils observent et qu'ils prennent le temps d'observer les abords du chemin mais il ne se contentent pas de juste pointer du doigt, non. Le premier court en criant qu'il a vu quelque chose puis deux secondes plus tard un troupeau d'enfants enragés court dans la même direction.

Mila et moi on ferme la procession. C'est un job cool. J'essaie de papoter avec elle mais c'est pas la plus bavarde de la classe. Même Mikaël se débrouille mieux que moi pour la faire parler, c'est pour dire. En parlant de ce mec, les évènements de la veille me reviennent en tête. Il est bien sympa le gars mais par contre ses potes, je les remets pas. Surtout celui à la casquette, celui-là c'est un vrai con. Et on peut pas dire mieux des autres qui l'ont suivi comme s'ils lui devaient la vie.

Je lui ai demandé de se ramener seul aujourd'hui, j'ai pas envie de créer des embrouilles. Le pire, ce serait une scène devant les enfants. Il manquerait plus que ça.

- Aya ?

Accrochée à mon bras gauche, Mila me regarde de ses grands yeux gris.

- Oui, ma puce ?

- Tu peux prendre mon doudou, s'il te plaît ? J'en ai marre de le tenir.

- Yep, donne-le moi, on va le mettre dans mon sac à dos, je récupère le petit panda en peluche et le range dans mon sac. Là, il sera à l'abri du soleil le petit chanceux. Tu ne veux pas que je prenne ton manteau aussi ? Il fait un peu chaud pour ça ma puce.

Depuis notre arrivée à Toulouse, elle n'a pas lâché sa doudoune rouge alors qu'il fait 40. J'ai essayé plusieurs fois de la faire changer d'avis mais rien n'y fait. En entendant ma demande, elle ressert sa prise autour de mon bras.

- Maman elle m'a dit de pas l'enlever.

Je m'arrête et m'accroupis face à elle pour être à son niveau.

- J'imagine bien Mila, mais c'était pour pas que tu la perdes, il fait très très chaud et je veux pas que tu fasses un malaise comme Oscar tout à l'heure. Ce serait bête de retourner à l'hôtel et de faire toute la route en voiture, non ?

- Oui mais Maman elle veut pas Aya, elle répond doucement, à la limite du chuchotement. Une larme dévale sa joue gauche. Quand Maman elle veut pas, elle veut pas.

Je fronce les sourcils.

- Pourquoi tu pleures mon ange ? Si tu veux pas enlever ta veste, tu l'enlèves pas. Je dis ça juste au cas où, pour que tu te sentes mieux. Dis-moi, alors, tu as chaud ? Et puis tu sais, Maman elle est pas là, ce sera notre petit secret.

Sans relever la tête, elle hoche doucement celle-ci et me tend ses petits bras pour que je l'aide à s'en défaire. Lorsque je m'approche, son corps semble parcouru d'un frisson. Une fois la veste retirée, je comprends mieux. Des bleus s'étalent de ses épaules à ses poignets. Des bleus que je n'avais pas remarqués la veille et l'avant-veille car elle insistait pour se changer toute seule. Ce que j'avais pris pour de l'autonomie cachait vraisemblablement autre chose. Ce que j'ai sous les yeux, ça ne ressemble pas à des bobos d'enfants. Elle n'a pas pu tomber ou se cogner à autant d'endroits à la fois.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant