T'y crois, toi ? · Nekfeu

Chapitre 23

Alya

Tout en marchant, je révise mon dernier cours de maths dans ma tête. J'ai un DS la semaine prochaine et ce serait franchement un miracle s'il se passait correctement.

Une fois au niveau du passage piéton, Tan m'attend patiemment pour traverser. Quand il se tourne vers moi, je remarque qu'il a emmené autre chose que son livre avec lui. J'avais même pas vu.

Coiffé comme Ken, sa casquette sur la tête, il tient tout contre lui Foxy, la peluche de Ken. À croire que le rappeur fait tout pour que, même quand il n'est pas là, je ne puisse pas nier son existence. Et ça va jusqu'à pousser implicitement mon fils à lui ressembler.

Mais en voyant le grand sourire qu'affiche mon fils, je sais que ça n'a rien à voir. Depuis qu'il connaît le rappeur, c'est son nouveau modèle. Ken n'y est pour rien. Le seul homme sur qui Thanos aurait pu prendre exemple est un connard fini. Alors ça n'a rien d'étonnant qu'à la moindre rencontre avec une personne aussi gentille, drôle et charismatique que le fennek, Tan se remplisse d'admiration. Espérons que ça lui passera quand même, un seul Ken Samaras suffit déjà à me mettre dans des états tumultueux.

Une fois à son niveau, je lui tends la main et, comme à notre habitude, on sautille de ligne blanche en ligne blanche sur le passage piéton, comme si le contact avec le goudron noir nous serait fatal. De l'autre côté de la route, un homme nous regarde, les sourcils levés. Gentil et naïf qu'il est, Tan lui fait coucou.

- Faut faire attention aux passages piétons, c'est une question de vie ou de mort Maman elle a dit, Tan lui indique quand on arrive à sa hauteur.

L'homme rigole sous son masque et remercie Tan d'un signe de tête avant d'enjamber à son tour les bandes noires sous le regard fier de mon fils.

Plusieurs minutes plus tard, durant lesquelles chaque traversée, chaque feu tricolore et chaque intersection s'est transformé en aventure, le grand chêne du jardin se dessine à traverse le lotissement.

Lorsque l'on est à trois maisons à peine de celle de mes parents, Thanos se met à courir en sautillant comme une sauterelle. La scène me fait sourire chaque semaine. J'aimerais l'emmener se promener plus souvent, je sais qu'il adore ça. Pour ça, faudrait-il encore que j'en aie le temps.

Je pousse le portillon et Tan et moi nous dirigeons vers la porte d'entrée. Une fois devant, je sonne mais personne ne vient. Thanos me tend ses bras pour que je le soulève et qu'il puisse essayer à son tour. Toujours rien. Elle doit être tout au fond du jardin à chanter du Britney Spears en arrosant les poireaux. À tous les coups.

Une idée me vient en tête. Un sourire apparaît au coin de mes lèvres alors que je fais signe à mon fils de me suivre. On longe alors la maison pour se retrouver face au mur qui délimite le jardin. Il est temps de voir si le raid du monastère a servi à quelque chose.

J'accroche la bandoulière de mon sac le plus solidement possible et prends Tan dans mes bras. Le mur est beaucoup moins haut, je peux limite voir par-dessus. Tout en faisant attention où je mets les pieds, je monte sur la jardinière en pierre et passe par-dessus le mur avant de sauter à pieds joints de l'autre côté.

Mais une fois au sol, je m'attendais pas à un tel accueil. Un cri résonne et deux secondes plus tard, Thanos et moi nous retrouvons sous un jet d'eau glacé.

J'avais raison. Elle arrosait les poireaux.

Thanos, tout content d'avoir fait peur à sa grand-mère, rigole à gorge déployée. Moi par contre, je lance un regard noir à ma mère qui place la main sur sa bouche en rigolant.