Alya
- Nan mais nan ! Ken s'exclame depuis le canapé. C'est pas du jeu ça wesh !
Le rire franc de mon père résonne à travers le haut-parleur du téléphone posé sur la table du salon.
- Du calme petit, il rigole. C'est pas en leur criant dessus qu'ils vont s'améliorer.
Thanos, collé à Ken depuis la dispute les regarde discuter devant le match en dessinant.
- J'y vais, je lance depuis la porte du salon. Je reviens vers 20h45.
- Tu vas où déjà ? Ken fronce les sourcils. J'ai oublié.
- Chez Rita, elle a deux-trois trucs à me montrer, je mens en faisant un dernier coucou à Tan. T'envoies un message si y a un problème.
- Ok, il me sourit avant de tapoter sa joue. Mon bisou.
Je me faufile entre le linge à sécher, les quelques cartons encore pleins d'affaires à moi et Tan et le canapé pour déposer mes lèvres sur sa joue.
- Je préfère, il sourit en embrassant mon front à son tour. À tout à l'heure.
- Bonne sortie ma princesse, mon père ajoute au téléphone.
- Merci. La seule chose que j'espère c'est qu'ils vont gagner sinon vous allez ronchonner tous les deux pendant une semaine au moins, exactement comme la dernière fois.
- Même pas je vois de quoi tu parles, Ken joue la mauvaise fois en chatouillant Tan. Je perds jamais mon sang froid devant un match de foot.
- Bien sûr, je pouffe. Et moi je te bats quand tu veux en freestyle aussi.
- Ok, il capitule. J'ai peut-être tendance à abuser. Légèrement. Mais ils ont qu'à jouer correctement aussi, ils sont payés pour ça ! Nan mais wesh ! Il se lève d'un coup en criant, bousculant Tan au passage qui regarde son dessin avec une mine triste. On dirait Marseille tellement ça joue comme des burnes !
- Papa, Tan tire son jogging. Mon dessin.
Ken baisse la tête et perd sa fougue en voyant l'énorme trait qui barre le joli papillon de Thanos.
- C'est rien, le brun retourne le dessin dans tous les sens pour trouver une interprétation artistique à l'accident. Il a attrapé le Covid et son effet secondaire c'est une pousse de poils incongrus. C'est ça la raison Tan, il hoche la tête en prenant un air convaincu. Le dessin devait finir comme ça. C'est de l'art moderne.
Tan, la moue sceptique, se lève et attrape une autre feuille avant de se rassoir, cette fois un peu plus loin pour assurer une distance de sécurité suffisante.
- Bon, j'y vais, je rigole. Je vais finir par être en retard.
- C'est Rita, on s'en tape, Ken se rassoit.
- D'où ? Je hausse un sourcil.
- J'rigole, il me pince la hanche. File.
Une fois la porte d'entrée refermée derrière moi, je souffle un bon coup. J'ai horreur du mensonge, même si c'est par omission mais là j'ai pas vraiment le choix. Les papiers administratifs sont à rendre dans à peine quatre jours et sans l'attestation, pas moyen d'inscrire les filles au concours.
Assise sur le siège conducteur, je regarde les voitures défiler à l'entrée du parking. Ça doit bien faire 6 ou 7 mois que je n'y suis pas allée, voire plus. C'est pas faute d'avoir essayé de m'y traîner. Le cabinet appelle toutes les semaines mais c'est peine perdue. Dès que je reconnais le numéro, ça dégage automatiquement dans la messagerie. Je trouve toujours une excuse mais pour une fois, sans l'attestation, j'irai pas bien loin. Pour les filles, je suis capable de faire un effort.
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T'y crois, toi ? · Nekfeu
أدب الهواةLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...