Chapitre 16

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Ken

J'ai dormi. J'ai réellement dormi. Genre plus de 30 minutes.

J'ai plus que dormi. J'ai bien dormi.

J'aimerais être naïf et penser que ça a tout à voir avec la qualité presque irréelle du matelas et rien à voir avec Alya qui dort paisiblement dans mes bras. Le problème c'est que je ne suis pas dupe. Lorsque je suis avec elle, je me sens bien, je me sens moi. Depuis plusieurs semaines, traîner avec les gars devient compliqué. J'ai l'impression constante de devoir me justifier, d'être un poids pour eux. Avec Alya, je me sens léger.

Et Dieu sait que j'aimerais que ça dure. Mais ça va pas durer. Quand elle va se réveiller et qu'elle va capter qu'elle est dans mes bras, je vais me faire éradiquer de la surface du globe. Au moins.

J'aurais pu la lâcher au moment où je me suis réveillé mais j'avais pas envie. J'ai toujours pas envie d'ailleurs. Je sais pas dans quelle merde je me suis foutu encore. Hier soir, je lui ai confirmé qu'on était potes mais j'ai jamais enlacé mes potes dans leurs lits.

Sans que je n'aie le temps de refouler cette pensée, une image de moi enlaçant Hakim dans son lit s'engouffre dans mon esprit. Un rire m'échappe.

Merde.

Les sourcils de la petite brune dans mes bras se froncent et elle commence à s'agiter. Sans me laisser le temps de la déposer délicatement à côté de moi, elle ouvre les yeux et les pose sur moi.

- Ken ? Elle murmure, encore à moitié dans les vapes.

Puis, contrairement à toutes attentes, elle marmonne et repose sa tête sur mon torse en soufflant.

- Il est beaucoup trop tôt, elle se plaint à mi-voix en parcourant mon torse de sa main droite.

D'un coup, les caresses s'arrêtent et elle relève la tête, cette fois plus réveillée que la première.

- Tu peux m'expliquer ce que je fais dans tes bras ? Elle demande, son sourcil gauche levé.

J'ai remarqué qu'elle fait ça inconsciemment quand elle s'énerve ou quand elle juge quelqu'un ou quelque chose. Dans tous les cas, ce n'est pas positif.

- Vers 4h, t'as commencé à t'agiter et j'ai paniqué. Tu parlais toute seule et t'avais les joues inondées de larmes, tu voulais que je fasse quoi ? Que je te laisse et que j'aille sur le canapé ? Je réplique, un peu trop sur la défensive.

Son expression semble s'apaiser.

- Oh. Pardon. Je pensais que..., elle commence.

- T'excuses pas, je commence en me dégageant pour me lever. Je me suis juste occupée de ma pote.

Elle me sourit faiblement et sort à son tour de dessous la couette.

- J'espère que ta nuit n'a pas été trop longue au moins, elle me demande en replaçant les cheveux qui lui tombaient sur le visage. Tu aurais pas vu mon élastique ? Je suis persuadée de m'être couchée avec un chignon.

Est-ce qu'elle parle de l'élastique noir qui est dans la poche de mon jogging ? Fort probablement. J'ai peut-être malencontreusement défait ses cheveux pour pouvoir passer ma main dedans après sa petite crise d'hier soir.

Je nie d'un signe de tête et me dirige vers la cuisine. Hors de question d'avouer.

- Tu devrais les laisser comme ça, je préfère.

Alya n'a pas le temps de me répondre, qu'une petite masse brune se colle à ses jambes. Je souris de toutes mes dents. Je trouve les enfants épuisants en général, mais celui-là est incroyable. Je crois que je pourrais proposer du baby-sitting gratuit H24.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant