Alya
En un mot : procès. J'ai juste l'impression d'assister à mon procès. Assise en bout de table, j'ai une vue plongeante sur les 6 accompagnatrices du voyage scolaire. Moi qui pensais faire bande à part avec Rachelle ce soir, j'avais eu faux sur toute la ligne. À peine avait-on passé la porte qu'Isabelle, la mère d'Esmée, attrapait la soeur de Vince par le bras pour la traîner à sa table. Table où bien évidemment et pour mon plus grand bonheur, elle avait regroupé toutes les autres mères. Rachelle ayant pris la dernière place restante, je fus obligée de tirer une chaise de la table d'à côté pour me placer en bout de tablée. Comme ça c'est parfait, elles peuvent toutes me voir et me juger comme elles savent si bien le faire.
Rachelle me lance un air contrit et murmure un désolée. En faisant un effort surhumain, je réussis à sortir un faible sourire qui n'a sûrement rien de très naturel.
La pauvre. C'est pas sa faute. J'ai à peine eu le temps de la prévenir de la situation, donc je me suis contentée du minimum. À savoir que l'on passe la soirée avec une bande d'hypocrites parisiennes qui se croient au-dessus de tout le monde. J'ai oublié de préciser que leur leader était vicieuse et prête à tout pour me mettre mal à l'aise et qu'il fallait donc l'éviter à tout prix. J'ai peut-être oublié le plus important en fait.
- On avait déjà commandé une tournée, lance une blonde deux-trois places plus loin. Tiens il en reste un, elle lance en tendant le dernier verre à Rachelle. Elle se tourne ensuite dans ma direction, un regard hautain sur le visage. Si t'en veux un, t'as qu'à demander un Juventus au bar. C'est ce qu'on a pris.
Super. J'avais prévenu Vince que c'était pas possible une soirée comme celle-ci. Il m'a pas écouté. Le pire c'est que j'ai même pas peur pour moi, j'ai peur pour elles. Quand on me manque de respect ça passe pas. J'ai tendance à avoir une grande gueule et à pas pouvoir la fermer. Le problème ici, c'est que depuis le début de l'année scolaire, la tension est déjà à son comble et j'ai tout sauf envie de compliquer les choses. Il manquerait plus que Tan en pâtisse.
- Je verrai, je compte pas boire pour l'instant. Je préfère rester sobre pour m'occuper des enfants en cas de besoin. Mais merci pour la précision, je lui réponds, avec mon sourire le plus fake.
Pouffiasse, va.
- Quelle mère exemplaire. Toujours un modèle Mlle Vasilakis.
Même pas besoin de me demander qui vient de parler. Je lève la tête et croise son regard à l'autre bout de la table. Elle veut jouer au jeu de l'hypocrisie ? On va voir qui va gagner.
- Trop de compliments pour moi, pourtant Esmée est la plus parfaite de toute la classe, c'est vous que l'on devrait féliciter Isabelle.
Silence.
- Il est vrai que j'ai soigné son éducation dès le plus jeune âge mais rien ne sert de me jeter l'intégralité des fleurs, M. Vince est celui qui guide nos enfants au quotidien. C'est lui que l'on devrait remercier. Enfin, je m'excuse, que nous devrions remercier. Vous le faites déjà bien assez tous les jours Alya, en lui apportant ses repas, en lui prêtant vos livres et en l'accompagnant au cinéma. Rien de plus normal pour une mère célibataire que de passer son temps à cirer les chaussures des instituteurs.
Ah c'est plus Mlle Vasilakis maintenant, c'est Alya. Sans fléchir du regard, je souris. Jalousie, le grand retour. J'ai l'habitude maintenant, ça fait 7 mois qu'elle me mène la vie dure. Elle est persuadée que je me tape Vince. Y a pas qu'elle d'ailleurs mais pour une fois, sa clique semble faire profil bas. Elles ont toutes le regard sur leur verre comme de bons petits soldats en attente des ordres du colonel.
VOUS LISEZ
T'y crois, toi ? · Nekfeu
FanficLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...