Chapitre 80

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Alya

La tête enfoncée dans le siège, mes doigts tapotent la surface de la portière. Depuis hier soir, quand Ken m'a annoncé pour Thanos, je suis sur les nerfs. Le pire dans l'histoire, c'est que le même brun assis actuellement derrière le volant pense toujours que c'est à cause de lui que je suis dans cet état. À croire que c'était limite impossible pour lui que je ne sois pas énervée contre lui.

Je le suis pas. C'est contre moi que je suis énervée. La nuit dernière, j'ai remué sans arrêt. Incapable de dormir. Alors je suis sortie du lit sans réveiller Ken et je suis revenue m'installer comme si de rien état quelques minutes avant que le réveil ne sonne.

C'était pas à lui de s'apercevoir que quelque chose n'allait pas avec Thanos, c'était mon rôle. Je l'ai pas rempli. Alors oui y a moyen que je me trouve toutes les excuses du monde : les partiels, la fatigue, la timidité parfois de Tan mais nan.

Pas d'excuses. Ni moi, ni Ken n'avons réellement remarqué quelque chose. Il a fallu quoi ? Deux heures ? Il a fallu seulement deux heures à Irène pour déceler le problème.

- Bébé, la main de Ken vient se poser sur ma cuisse. Arrête ça.

- Oh pardon, je stoppe le mouvement régulier de mes doigts sur la surface de la portière.

- Nan, il pouffe. Ton bruit chiant je le supporte depuis vingt minutes, c'est pas cinq minutes supplémentaires qui vont changer les choses. Je parlais de te prendre la tête. Tu crois pas que tu l'as assez fait cette nuit ?

- Comment tu..., je fronce les sourcils en tournant ma tête vers lui mais il m'interrompt en remontant sa main de ma cuisse à ma joue.

- Tu m'as pris pour qui ? Il me sourit avant de reporter son attention sur la route quand le feu passe au vert. Je te connais tu sais ? Et je préfère quand on se prend la tête à deux que quand tu te la prends seule dans ton coin.

J'expire longuement avant de poser ma tête contre la vitre.

- On a été égoïstes ou quoi ? Je lâche. Parce que je te jure que je vois pas comment on a pu passer à côté.

- J'sais aps, il passe sa main dans sa barbe. J'sais aps mais ça me rend ouf. Je te jure j'y ai pensé toute la semaine. Te le cacher en plus, c'était le pire. Je t'assure que l'attitude qu'il a eu quand on a approché de l'école, ça m'a achevé. C'était hors de question qu'il y remette les pieds de la semaine.

Rien qu'à l'idée d'imaginer Thanos, refusant de s'approcher de l'école, ça me glace le sang. Il a toujours aimé y aller et si il avait pu faire des heures en plus le week-end, il aurait accepté sans hésiter. Et maintenant il a peur d'y aller. C'est ma faute et ça me mine. S'enterrer six pieds sous terre, je crois que ça suffirait même à atténuer ma culpabilité d'un petit pourcent.

- Et Mila wesh, Ken souffle. Ça sort d'où ça encore ?

- J'en sais rien mais ça n'a pas de sens. Ils étaient inséparables et tu vois vraiment Deen la laisser faire des bails du genre ?

- C'est ça le problème Lya, Ken se tourne vers moi. Je pense pas qu'il soit au courant de quoique ce soit.

D'un geste que je trouve toujours aussi gracieux que d'habitude, Ken bifurque dans la rue de Deen. Tous les gars m'avaient dit de faire attention, que c'était un vrai danger public au volant mais franchement, je me suis jamais sentie aussi à l'aise que sur son siège passager.

- Bon, il stoppe le moteur au bas du bâtiment. J'ai envie de me tirer une balle. Me pointer chez un de mes meilleurs reuss pour lui balancer à la gueule que sa fille harcèle mon fils. Super ambiance. Je rêvais que de ça.

T'y crois, toi ? · NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant