Ken
Vingt-cinq. C'est le nombre de cheminées que je peux voir depuis le lit. Appuyé contre le mur, la petite tête de Thanos nichée dans mon cou, j'attends patiemment que Lya sorte de la salle de bain. Inès et Maëlle sont rentrées avec elle y a déjà une bonne heure. De temps à autre, on entend des rires ou ma soeur pester comme elle sait si bien le faire.
Vingt-cinq. C'est aussi l'âge que ma brune aura ce soir. On lui a prévu une bête de soirée et je pense que ça fera de mal à personne. On est tous un peu tendus et les spéculations des gens sur notre retour n'arrangent rien. Je crois qu'Hakim va finir par taper une crise de nerfs et c'est pourtant pas le plus sensible.
Les deux derniers jours ont été compliqués. Tout ce que j'ai pu ressentir après le rendez-vous au tribunal, j'ai préféré le garder pour moi et laisser Alya tranquille. Mes peurs et ma colère n'ont pas à être son problème et je les ai déjà gérées par le passer sans avoir à les étaler à la gueule des autres. À part dans mes sons.
La vérité, c'est plutôt que j'ose pas en parler. J'ose pas lui dire que même à 32 ans, j'arrive toujours à être jaloux. Jaloux d'un mec qui a abandonné ma brune et Tan. Je peux pas lui dire ça, même moi je me rends compte que ça n'a pas de sens. Ce qui serait plus précis, c'est de dire que le fait que Tan ne sera jamais mon fils biologique me rend malade. J'aurais toujours à l'esprit l'autre idiot qui lui sert de daron. C'est un truc que je pourrais jamais changer. Même avec toute la bonne volonté du monde, toutes les attentions, le temps passé avec lui, ça changera jamais le fait que je serai jamais son daron. Totalement au moins. Et je crois que la jalousie qui en résulte, je l'ai jamais ressentie. Je pourrais me noyer dedans, pas la peine d'entraîner Lya dans ma chute et encore moins Thanos.
C'est mieux si je le garde pour moi.
Petit à petit, les doigts de Thanos viennent se resserrer autour du tissu de mon t-shirt et il ne lui faut pas dix secondes supplémentaires pour venir coller sa joue à la mienne, les yeux encore à moitié fermés.
- Bien dormi ? Je souris comme un con en voyant son visage.
Il hoche doucement la tête avant de venir frotter ses yeux d'une main. Ça faisait au moins quarante minutes qu'il s'était endormi dans mes bras et j'avais aucune envie de bouger. Je suis peut-être pas son daron biologique mais tout le temps qu'il voudra passer avec moi, je lui donne volontiers.
- Papa ? Il relève finalement la tête pour que nos regards se rencontrent.
- J'suis là ouais, ma main vient dégager son visage des quelques mèches qui lui tombaient devant les yeux.
- Et si Maman elle aime pas notre cadeau ? Ses iris s'assombrissent. Peut-être que mes dessins ils sont pas assez jolis.
- Wesh, je passe mes mains sous ses épaules avant de le soulever pour l'asseoir sur mes genoux. Déjà, tes dessins ils sont grave beaux et en plus, on a géré de ouf le reste donc si elle kiffe pas, viens on lui fait la tête.
- Mais c'est son anniversaire, il fronce les sourcils.
- Bah on boude, mais juste un peu, je l'imite en mimant la quantité avec mes doigts. Un tout petit peu.
- D'accord, il me sourit.
- Mais on aura pas besoin de bouder parce qu'on est des génies, notre cadeau c'est une oeuvre d'art.
Son sourire revenu, il commence à dessiner du bout de l'index des figures sur mon torse. Je commence à avoir l'habitude, il a quelque chose à raconter. Ces moments-là avec lui, je crois que c'est ce que j'ai de plus précieux. C'est peut-être idiot mais rien que de me dire que c'est moi qu'il vient voir à chaque fois, qu'il me fait confiance sur n'importe quel sujet et qu'il hésite plus une seconde avant de me parler, ça me donne envie de le crier sur tous les toits.
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T'y crois, toi ? · Nekfeu
FanfictionLe Sud. Une semaine. C'est ce qu'il a fallu à Alya pour découvrir que sa vie à Paris était plus morose que ce qu'elle aurait pu penser. Entre ses études et son fils, c'est pas toujours facile de se faire accepter dans un groupe. Que ce soit parmi se...