Chapitre 5

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Nous voici dans les rues de Paris. C'est l'été, il fait chaud. La Capitale est jolie sous ce soleil, avec ses badauds en tenue légère, les plages aménagées en bord de Seine où se retrouvent les familles, les groupes d'amis, où l'on peut entendre les rires et les cris des enfants qui jouent avec les jets d'eau pour tenter de se rafraîchir un peu. Ça semble presque idyllique. Presque ! Cette ville a aussi ce côté un peu moins glamour avec ses sans abris le long des trottoirs qui dorment à-même le sol, ses junkies qui déambulent tels des zombies. Et en voyant tout ça je me demande ce que je serai devenue si Grand Frère ne m'avait pas trouvé ma famille d'accueil.

Je continue à suivre Simon, un peu perdue dans mes pensées. Nous longeons la Seine pour nous arrêter à côté de l'opéra Bastille.
Simon pousse la lourde porte d'un immeuble de type Haussmannien, et nous pénétrons dans un hall immense avec une hauteur sous plafond impressionnante. Je me sens si petite dans un tel espace. Nous empruntons les escaliers en marbre avec leur rampe en fer forgé, comme si nous faisions un Bon dans le temps, et montons jusqu'au deuxième étage.

  —  Mais où m'emmènes-tu ? Lui demandé-je un peu exaspérée. Tu m'avais parlé d'une coupe de cheveux. Généralement les salons de coiffure se trouve au rez-de-chaussée avec une vitrine et une enseigne. C'est quoi cette embrouille ?

Il n'a pas le temps de me répondre qu'une des portes du pallier s'entrouvre sur une dame. J'aurais pu dire une femme, mais non, dès le premier regard on sent qu'elle est une Dame avec un D majuscule. Elle dégage une telle prestance qu'elle impose tout de suite un certain respect pourtant je ne vois qu'une partie de son visage.

  —  Je suppose que vous êtes mon rendez-vous de la journée, me dit-elle en me détaillant des pieds à la tête, puis elle regarde sa montre et ajoute, Vous êtes pile à l'heure, la ponctualité est la politesse des rois, c'est un bon point pour vous.

  —  Euh. Merci. Bredouillé-je.

  —  Bonjour Madame Coco, je suis Simon. Lui dit mon ami qui arrive à ma rescousse parce que je suis encore impressionnée par l'aura de cette personne. C'est moi qui vous ai contactée. Je vous remercie de recevoir mon amie Lily, je sais que votre emploi du temps est très chargé...

  —  Je vous arrête tout de suite mon Petit, le coupe-t-elle en levant un index ornementé d'un des ongles les plus longs que je n'ai jamais vus. Nous n'avons pas de temps à perdre en salamalec. Ça me fait plaisir de rendre service à votre famille d'accueil, mais quand je vois votre amie, je peux vous assurer que nous allons avoir du travail, dit-elle en ouvrant la porte et en retournant à l'intérieur de l'appartement.

Non, mais elle se rend compte que je suis là et que je l'entends. Je n'aime pas sa façon de me jauger. Je ne suis pas un objet ni même une bête de foire. Je regarde mon ami pour bien lui faire comprendre que je n'aime pas cette situation et que je préférerais m'en aller. Mais il hausse les épaules et me pousse vers la porte restée ouverte.

Madame Coco nous attend à l'intérieur. Nous pénétrons dans un immense appartement avec la même hauteur de plafond que dans le hall d'entrée. Toutefois ça ressemble plus à un atelier de styliste qu'à un appartement à proprement parler.

Le long de chaque mur se trouvent des portants à vêtements, il y en a partout. Il y en a tellement que malgré sa taille gigantesque ils ne rentreraient pas tous dans le dressing de ma chambre à la maison. Il y en a de toutes les couleurs, dans toutes sortes de matière, de toutes les longueurs, pour toutes les saisons. Il y en a tellement que je me demande comment elle fait pour s'y retrouver.

J'étais tellement absorbée dans ma contemplation que je n'avais pas remarqué que nous n'étions pas seuls dans cette pièce.

Madame Coco, que je peux enfin voir dans son entièreté, est comme je le pressentais d'une élégance extrême. Elle est grande, mince mais pas maigre, elle a des formes là où on dit qu'une femme doit en avoir, élancée mais pas musclée comme moi. Elle porte une longue robe en dentelle noire brodée de motifs argentés discrets. Avec ce style un peu bohème, on dirait presque une sorcière, mais une très jolie sorcière, pas de celles qu'on trouve dans certains livres que j'ai pu compulser pendant mes cours de sciences occultes. Elle est d'une beauté naturelle, je n'ai pas l'impression qu'elle ait eu recours à la chirurgie. Pourtant je suis incapable de lui donner un âge. Elle semble très jeune mais a l'air d'avoir tellement d'expérience. C'en est troublant. Elle filerait des complexes à n'importe qui, à commencer par moi alors que je me suis toujours moquée de mon apparence et de l'image que je pouvais renvoyer aux autres.

Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant