Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]

Chapitre 17

Je prends une bonne douche bien chaude, enfile les vêtements prêtés par Liv : une paire de jeans et une blouse rouge. Je me fais mon chignon bien serré, prends mon traitement et sors de la salle de bain.

  — Tu es prête ? Me demande Liv. Tu es sûre de vouloir aller jusqu'au bout ? Il ne faut pas...

  — Arrête ! La coupé-je. Oui j'ai envie de le faire. Pour moi et pour toutes les autres, celles d'avant et éviter qu'il y en ait après. Si je ne le fais pas je sais que je le regretterai.

  — Alors, allons-y !

Nous prenons un taxi pour nous rendre au poste de police. Une fois sur place un des officiers nous reçoit.  Nous allons être auditionnées chacune de notre côté. Liv me sert dans ses bras pour me donner du courage et nous nous séparons.

C'est un homme d'âge mûr, il ressemble à n'importe quel officier de police américain qu'on voit à la télé, qui vient me chercher pour prendre ma déposition.
Il m'emmène dans une salle qui ne contient qu'une table des chaises et un grand miroir. Comme dans toutes ces séries policières que j'ai pu regardé : pourquoi je me retrouve dans une salle d'interrogatoire ? J'ai l'impression d'être un suspect...

Il commence par me demander de confirmer mon identité devant une caméra. Tout l'entretien sera filmé. Je dois raconter ce qui s'est passé... en détail. Cet homme me met mal à l'aise. Il me demande ce que je portais, ce que j'ai dit. Une fois que j'ai raconté ce qui s'est passé, il me demande si je suis sure de ne pas avoir envoyé de signal ambigu qui aurait pu laisser penser à Bear que j'avais envie de coucher avec lui.

— Non mais vous plaisantez ? Vous croyez vraiment que j'avais envie de me faire droguer pour ne plus pouvoir bouger, ni même parler pour qu'un gars que je connais à peine puisse abuser de moi... J'espère que vous n'êtes pas sérieux. Officier.

— Écoutez Mademoiselle. Vous n'êtes pas du coin, ça se voit. Me dit-il avec un ton faussement empathique.

— Quel rapport avec le fait que j'ai été agressée hier soir ?

— La famille de votre supposé agresseur...

— Supposé ? Supposé ?! Ce gars m'aurait violé si la jeune femme qui est dans une autre pièce à cet instant précis n'était pas arrivée à temps...

— Justement, parlons-en de cette jeune femme. Reprend-il sur un ton antipathique. Est-ce que vous la connaissez ? L'aviez vous rencontré avant hier soir ? Savez que cela fait des mois qu'elle essaye par tous les moyens de faire arrêter l'homme que vous accusez ou un de ses coéquipiers ? Savez-vous qu'elle vient nous voir toutes les semaines pour nous demander si quelqu'un est venu porter plainte contre un des membres de l'équipe de Hockey universitaire ?

Je réponds par la négative de la tête. Je me sens insultée, rabaissée et après ce qui s'est passé hier il est hors de question que je laisse un autre type me faire perdre le peu de confiance que j'ai en moi.

— Encore une fois, Officier, quel est le rapport avec moi ou ce qui m'est arrivé hier soir ? Si vous ne me croyez pas, c'est vous que ça regarde ! Et concernant Liv, à aucun moment vous ne vous êtes demandé si ses actes n'étaient pas pour pallier votre manque d'action et justement pour tenter d'éviter que le pire n'arrive. Vous avez des enfants, Officier ? Une sœur peut-être ? Une nièce ? Il y a sûrement des jeunes filles dans votre entourage... Vous aimeriez qu'elle se rende à une soirée pour passer un bon moment avec des copines et qu'elle se retrouve à moitié nue dans la pelouse d'un jardin voisin incapable de bouger ou de crier, de se défendre mais de malgré tout être complètement consciente de ce qui lui arrive parce qu'elle n'a pas consommé une goutte d'alcool et que la drogue utilisée par son agresseur n'est là que pour la paralyser ? Que penseriez-vous, Officier, si c'était votre fille, votre nièce ou même la fille d'un de vos amis qui allait voir la police et qu'elle se retrouvait face à quelqu'un comme vous ? Quelqu'un qui pense qu'elle a peut-être dit ou fait quelque chose qui aurait pu laisser penser à son violeur que c'est ce qu'elle voulait...