Chapitre 58

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Dans les semaines qui suivent mon entretien avec la psy, j'annonce tout d'abord à Tonton et Tata, puis à Simon que j'ai pris la décision de diminuer petit à petit le dosage pour stopper mon traitement.

Tata et Tonton sont très inquiets. Ils ont très peur d'une nouvelle crise dissociative. Ils m'ont même demandé de rentrer en France pour le faire pour qu'ils puissent être présents et veiller sur moi. Ils vont jusqu'à échafauder des plans pour venir me voir à Boston, après tout quand j'aurai trouvé un logement j'aurai sûrement de la place pour les accueillir... Ils savent que je cherche un appartement avec deux chambres pour avoir une chambre d'ami pour héberger tous ceux qui voudraient venir me voir... et Tonton et Tata comptent bien en profiter...

Quant à Simon je lui raconte tout, y compris les théories fumeuses de ma psy... et le pire, c'est qu'il a l'air plutôt d'accord avec elle.

  — Lily, me dit-il. Tu te rappelles notre rencontre et les années qu'on a passées au foyer ?

  — Vaguement j'avoue. Je n'avais que quatre ans et je crois que les traitements prescrits par les psys plus tard m'ont grillé quelques synapses.

  — Et le rapport que je t'ai donné pour tes dix-huit ans, tu l'as encore ?

  — Ben oui bien sûr. J'en ai donné un exemplaire traduit à ma psy mais j'ai gardé l'original. Pourquoi ?

  — Tu te rappelles du passage sur tes cauchemars ? Les rêves où tu pleurais ?

  — Quand j'avais sept ans, après l'agression de ma sœur de famille d'accueil. Oui ça je m'en rappelle.

  — Tu as vu ce que ton éducateur avait noté dans ton dossier. Comme quoi les autres enfants venaient te consoler de tes cauchemars. Je sais que je n'en faisais pas partie puisque je n'étais déjà plus là, mais je pense que ça corrobore la théorie de ta psy.

  — Ah non... tu ne vas pas t'y mettre toi aussi.

  — Lily. Écoute-moi. Il prend un ton tellement sérieux que je ne peux m'empêcher de sourire. Si on suit la théorie de ta psy, ton aura aurait attiré celle des autres enfants pour trouver du réconfort. Et puis ce n'est pas tout... Je crois que c'est aussi pour ça que toi et moi nous sommes aussi proches. Je me rappelle très bien notre rencontre, même si je n'avais que six ans. J'étais attiré par toi comme un aimant. Tes yeux étaient si profonds que j'avais l'impression de m'y perdre et parfois ils brillaient. Je ne l'ai jamais dit à personne.

  — Même pas à moi.

  — Non j'avais peur qu'on me prenne pour un fou. Et encore maintenant je suis obligé de cacher des choses pour ne pas perdre ceux à qui je tiens. Mais on ne parlait pas de moi là. Je crois que les enfants qui venaient à ton chevet le soir ne venaient pas que pour te consoler. Car ça ne concernait pas tous les enfants, seulement les plus fragiles, les plus sensibles. Je pense qu'ils venaient également chercher leur propre réconfort auprès de toi. Et si tu regardes bien ça se passait la nuit quand tu dormais ce qui continue à aller dans le sens de la théorie de ta psy, à propose de ton bouclier.

  — Tu peux arrêter deux secondes ?

  — Non je ne peux pas. Parce que je ne te parle pas que d'une théorie. C'est du vécu Lily là. J'ai moi-même ressenti cette attraction, ce besoin de graviter autour de toi. Et je t'assure, pour l'avoir ressenti pendant des années, que cette attraction était bien plus forte quand Leïka était présente.

  — Simon, s'il te plaît...

  — Non toi, s'il te plaît. Écoute-moi jusqu'au bout.

Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant