Chapitre 9

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Point de vue inconnu

Si ce crétin de Kevin ne l'avait pas bousculée, je n'aurais jamais croisé son regard.
Mon loup est très nerveux, trop nerveux.
C'est bien la première fois qu'il se manifeste ainsi.
Je tente tant bien que mal de le calmer car nous avons huit heures de vol qui nous attendent.

Les gars et moi avons passé les vacances en Europe.
Et nous en avons même profité pour fêter le 20ème anniversaire de Gavin.
Comme nous sommes tous majeurs, enfin chez les loups tout du moins, nos parents nous encouragent, très fortement, à trouver nos moitiés.
Nous avons rencontré des tas de filles/louves de tous les pays. Certains d'entre nous ont cherché plus que d'autres, plus que moi.
Nous revenons tous bredouilles.

Cela rassurera mes parents que je ne sois pas le seul, même si je n'ai vraiment fait aucun effort.
J'ai assisté aux fêtes organisées en notre honneur, mais rien de plus. J'ai autre chose à faire que de me retrouver amouraché d'une louve superficielle qui n'aura d'yeux que pour moi ou pour mon pouvoir.
Mes parents ont particulièrement insisté, alors j'ai cédé, mais moi je veux finir mes études et me préparer à prendre la relève quand mon père le souhaitera avant d'envisager de me caser et de fonder une famille.

C'est vrai que tous nos parents nous rabâchent à quel point c'est fabuleux de rencontrer son âme-soeur. Qu'on se sent enfin complet et totalement heureux. Mon père m'a même avoué qu'il ne s'était jamais senti aussi fort qu'après avoir croisé le regard de ma mère et que sa force s'est décuplée quand le lien a été complet.
Mais personnellement, je suis bien comme ça pour le moment. Et si vraiment j'en ai une quelque part, personne ne me la prendra, elle peut bien attendre quelques années de plus.

Alors que nous embarquons dans l'avion, mon meilleur ami, Benjamin, me prend par l'épaule et me demande :

Est-ce que tout va bien ?

Oui ! pourquoi ?

Mon ton est un peu sec, mais il ne relève pas.

Tes yeux ! Me répond-il simplement. Ressaisis-toi.

Je n'ai pas besoin de vérifier, pour savoir de quoi il parle. Mes yeux luisent, tels deux émeraudes sous une lumière, comme avant une transformation.
Je les ferme et respire lentement, comme on nous l'apprend dès notre plus jeune âge, jusqu'à reprendre le contrôle de moi-même.
Mon loup se tapit dans mon esprit, frustré.
Il est déçu, il n'a même pas pu capter son odeur. Il y avait trop de monde pour isoler un seul parfum.

Du coup, depuis le début du vol, il ne cesse de me supplier d'essayer de la retrouver.
Je finis par céder, une fois, pour lui faire plaisir et pour qu'il me lâche.

Je vais aux toilettes et profite pour observer les passagers de la classe business du pont supérieur, elle n'y est pas.

Je descends donc sur le pont principal, personne en teeshirt à capuche dans cette autre partie de la classe business.

Je passe alors dans la partie cuisine de bord du pont principal et entrouvre le petit rideau qui sépare les deux parties pour observer les passagers de la classe économique.

Je la cherche pendant un moment. Je ne peux pas me fier à mon odorat, car je ne connais pas son parfum et en plus entre les odeurs de transpiration, de parfum, plus ou moins bon marché, mélangés et les autres loups auxquels s'ajoutent les renards-garous qui vont rencontrer mon père, et peut-être même d'autres métamorphes, mon nez est submergé au point de me filer un mal de tête carabiné. Je me concentre alors uniquement sur ma vue, passant chaque passager au crible.

En plus je ne sais même pas de quelle couleur sont ses cheveux, ni même quelle coiffure elle pourrait bien avoir ou encore si elle a ôté sa capuche ou non. Et pour me faciliter la tâche on ne voit que des hauts de crâne dans les rangs du fond.
J'ai beau être grand, du haut de mon mètre quatre-vingt-cinq, je ne peux pas faire de miracle.

Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant