Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]

Chapitre 44

  — Bonjour Lily. Je suis ravie de vous revoir.

Je suis assise dans un fauteuil cabriolet confortable face à cette psychiatre qui m'a fait me poser beaucoup de questions depuis environ un mois.
Elle a un regard doux et une expression bienveillante, elle pourrait inspirer une grande confiance si elle ne me faisait pas me questionner autant. Même si je sais que c'est un mal pour un bien.

  — Puis-je vous demander pourquoi vous avez accepté de revenir ?

Ben parce que tu me l'as demandé... schtroumpf... non je ne peux pas lui répondre ça... il faut que je sois honnête si je veux que ça marche.

— Je ne sais pas. Dis-je honnêtement. Il n'y a pas une raison particulière. Disons que l'idée de ne peut-être pas dépendre toute ma vie de ces médicaments est peut-être l'une des principales. Et puis il y a tout ce qui se passe dans ma vie depuis... bah depuis longtemps en fait... et qui tourne dans ma tête, mes rêves étranges, la tentative d'agression dont j'ai été victime l'an dernier à la même époque, les aventures bonnes ou moins bonnes que j'ai pues vivre. Et ma famille, l'absence de famille durant une partie de ma vie, mes amitiés anciennes ou récentes. Bref, je me dis qu'un coup de pouce extérieur n'est peut-être pas une mauvaise idée pour m'aider à reprendre le contrôle de ma vie.

  — Vous avez l'impression d'avoir perdu le contrôle de votre vie ? Me demande-t-elle en prenant des notes.

  — Oui et non. J'ai le contrôle sur beaucoup de choses dans ma vie, mes études, mes jobs. Je suis toujours responsable de mes choix et j'essaye de garder un maximum d'indépendance mais je me sens incomplète, comme s'il me manquait une partie de moi, une partie dont j'ai perdu le contrôle.

  — Leïka ?

  — Oui ! Non ! Lui réponds-je me demandant pourquoi elle me parle d'elle. Leïka était une amie imaginaire. Je ne sais pas. Et puis comment... Mon dossier, bien sûr. Vous avez lu mon dossier c'est comme ça que vous êtes au courant pour Leïka.

  — Oui j'ai lu votre dossier Lily. Vous m'en voulez pour ça ? Vous auriez préféré que je vous laisse m'en parler ?

  — Non. C'est bien comme ça. Au moins vous savez à quel point je suis dérangée.

  — Vous n'êtes pas dérangée Lily. Me parle-t-elle en me fixant droit dans les yeux. Nous n'employons pas ce genre de mots ici. Si vous avez une pathologie nous lui donnerons le nom qui lui convient mais nous n'employons pas ces termes dans ces murs. D'accord ?

  — Oui d'accord. C'est juste que parfois, je me demande si ce n'est pas à cause de ça que mes parents m'ont abandonnée alors que je venais à peine de venir au monde, parce qu'il savait que quelque chose clochait chez moi.

Je regrette les mots à peine sortis de ma bouche mais c'est réellement une idée qui me traverse parfois l'esprit.

  — Est-ce que vous poser ce genre de questions vous aide à vous sentir mieux ? À avancer ?

  — Non pas du tout.

  — Alors pourquoi vous les posez-vous ?

  — Je ne sais pas. C'est plus fort que moi. Les questions sans réponse sont les pires.

  — En effet. Et si nous nous concentrions sur des questions qui pourraient avoir une réponse. Qu'en dites-vous ? m'interroge-t-elle en griffonnant encore quelques notes.

  — Comme quoi par exemple ?

  — Nous parlions de contrôle sur votre vie. Racontez-moi un événement où vous n'aviez pas le contrôle.