Chapitre 16

441 43 17
                                    

J'émerge doucement. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux. Je suis bien, au chaud, je me sens en sécurité.

Puis les événements de la veille me reviennent en mémoire, la fête, la drogue, Bear, la police, l'hôpital, le rêve et Liv, un phare dans cet océan d'obscurité.

Je sens sa chaleur bienveillante à côté de moi. J'entends sa respiration paisible.
Lorsque je me tourne vers elle, je vois qu'elle a les yeux ouverts.

  — Bonjour ! Lui dis-je doucement. Merci d'avoir dormi avec moi.

Bonjour à toi ! Me répond-elle. Tu as pu te reposer ? Après les événements d'hier soir, c'est normal que tu fasses un cauchemar.

J'ai envie de lui dire que ce n'est pas la première fois mais je n'ai pas envie de parler de ça. Pas aujourd'hui, un autre jour peut-être.

  — J'ai mieux dormi en ta présence. Encore merci.

  — Oui, il paraît que j'ai un effet apaisant sur les gens, me dit-elle en me faisant un grand sourire et un clin d'œil. Tu as faim ? me demande-t-elle.

Nous nous levons, elle est aux petits soins pour moi. Elle nous prépare un bon petit déjeuner avec des œufs, des toasts, un délicieux lait chaud avec du miel pour moi et un café pour elle.

Nous parlons peu. Elle me laisse le plaisir de savourer cet instant. Mais je sais qu'elle n'attend qu'une occasion pour me poser la question qui lui trotte dans la tête.
Aussi je me décide à en parler de moi-même, autant pour lui éviter la question gênante que pour enfin m'entendre dire à voix haute ce que je ressasse depuis hier.

  — Je voudrais aller au commissariat du campus ce matin pour aller porter plainte. Accepterais-tu de m'accompagner ? Tant en tant que soutien qu'en tant que témoin. Lui dis-je de but en blanc.

  —  T'es sérieuse ? Tu veux vraiment le faire ? Me demande-t-elle mi satisfaite, mi dubitative.

J'hoche la tête.

  — Bien sûr que je suis sérieuse. Pourquoi cette question ?

  — Je vais être honnête avec toi. Car je tiens à ce que tu saches ce qui risque de t'attendre. Reprend-elle avec un ton très sérieux. Tu n'es malheureusement pas la première fille à subir ce sort. J'ai réussi à arriver à temps, mais parfois certaines ne s'en sortent pas « aussi bien » (entre guillemets). Mais jusqu'à présent aucune n'a voulu porter plainte. Elles avaient soit honte de ce qui s'était passé soit peur de ce qui pourrait se passer. Car Bear comme des comparses sont des enfants de personnes très influentes dans notre société et leurs parents ont le pouvoir de faire de ta vie un enfer.

  — Ils ne savent pas qui je suis... Ils ne me connaissent pas. Bien évidemment je préviendrai mes parents mais si je ne fais rien, que va-t-il se passer pour eux ? Ils pourront recommencer en toute impunité ? Ils pourront s'en prendre à d'autres filles ? Je ne peux pas laisser cela arriver. Je ne pourrais pas me regarder en face si ça arrivait. J'aurais préféré ne pas avoir à le faire mais j'en parlerai également à mes employeurs. Mes parents étant en France, ils sont moins facilement atteignables que les gens qui m'emploient et qui travaillent ici à Boston.

  — Et bien dis-moi tu as la tête bien sur les épaules pour une jeune fille de 18 ans. Me dit-elle avec un sourire... de fierté sur les lèvres...

  — On me l'a souvent dit que j'étais plus mâture que mon âge. Ça ne m'a pas rendu que de bons services. Il paraît que je passe à côté de beaucoup de choses à cause de mon côté raisonnable...

Lily et le cadeau du grand Esprit [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant