Mon nom est Kiara. Kiara Lloris. Ça peut faire un peu James Bond comme ça. Beaucoup de gens pensent que parce que mon frère est joueur de foot, ma vie est parfaite. Mais je suis comme tout le monde. J'ai aussi un coeur. Les gens jouent un peu trop a...
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PDV de Kiara
Psy: Parle moi un peu de ce jour-là. Qu'est ce qui s'est passé à l'aéroport ? Je veux qu'on fasse un exercice. A chaque étape de ton récit, il faut que tu poses une émotion sur ce que tu ressentais à ce moment là. D'accord ? J'hoche la tête et Ney me fait un petit sourire
Moi: C'était en plein milieu de la journée je crois, je venais de sortir de l'avion, je suis arrivée à Paris et je devais rejoindre mon frère, Robin. A ce moment là, j'étais heureuse, j'étais vraiment heureuse. Nous venions de gagner la coupe du monde, je venais de passer d'incroyables moments avec mon fils, avec mes amis, avec Antoine aussi, j'étais vraiment heureuse. Et puis, ça s'est passé si rapidement. J'ai senti une énorme chaleur traverser mon corps mais je n'avais plus vraiment de sensation. A ce moment là, je pense que c'était de l'incompréhension, je ne réalisais pas ce qu'il venait de se passer. Quand j'ai levé la tête, j'ai vu des corps mutilés, des membres sectionnés et de la chair fraîche éparpillée sur le sol. Mes oreilles sifflaient, il y avait de la fumée partout. Je pense que c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à avoir peur. Et cette peur ne s'est jamais estompée en 3 mois, je n'ai fais que m'habitué à survivre avec. J'ai croisé le regard d'un des djiadistes. J'étais tétanisée à ce moment là, je pensais qu'il allait me tuer. Mais il m'a attrapé le bras et m'a traîné jusqu'à cette fourgonnette. J'ai rencontré ces femmes. J'étais dans le déni au début je pense, je n'ai compris ce qui nous était arrivées que quelques heures après.
Psy: Et maintenant, en repensant à ça, qu'est ce que tu ressens au fond de toi ?
Moi: Je pense que je suis écœurée. Mais je crois qu'en faite... je regarde Ney puis je baisse les yeux Je m'en veux d'être vivante, je m'en veux d'être toujours ici alors que des centaines de personnes sont mortes ce jour là
Psy: Pourquoi ?
Moi: Je ne mérite pas plus qu'eux de vivre. Je fais partie des survivants et pourtant j'arrive pas à être contente de ça, je me sens coupable. Pourquoi moi je suis toujours en vie ? Alors qu'il y avait des enfants ce jour, il y avait des mères, des pères, des sœurs, des papys
Psy: Tu ne penses pas que ta mort aurait été toute autant importante que la leur ?
Moi: Je sais pas c'est pas pareil, ils avaient rien demandé
Psy: Vous en pensez quoi Monsieur ? Il dit en se tournant vers Ney
Neymar: Tu penses pas que tu es aussi une mère, une sœur, une fille, une femme ? Tu n'avais rien demandé non plus Kiara. Personne ne méritait de mourir ce jour là. Et justement par respect pour eux t'as pas le droit de t'en vouloir comme ça. Tu dois vivre, surtout pour eux.
Psy: Qu'est ce que tu penses de ça Kiara ?
Moi: Je pense que oui d'accord, ce qu'il dit est vrai mais le sentiment de culpabilité de que j'ai au fond de moi ne partira pas comme ça
