Chapitre 5 (2/4)

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Nous éclatâmes de rire de concert, et je partis me changer sous le carillon des perles du rideaux.

— Tu aimes les cookies ? entendis-je au loin.

Machinalement, j'élevai un peu la voix pour répondre.

— Évidemment ! Et les autres gâteaux aussi !

Avec l'ouïe surdéveloppée des loups, il n'était pas nécessaire de parler plus fort qu'à l'accoutumée, mais les habitudes avaient la vie dure. La plupart du temps, son job la faisait travailler avec des presque humains, après tout.

Tina m'avait dégotté une paire de bottes, trop petites d'une taille, mais qui feraient très bien l'affaire en contractant les orteils, et un jean noir qui m'allait comme un gant, large comme je les aimais. Pouvoir être libre de ses mouvements était essentiel dans le choix de mes fringues.

Essayez de réaliser à la perfection un coup de pied papillon avec un jean skinny ! Impossible. Craquage au niveau de l'entrejambe assuré. C'était une situation vécue et véridique. Personne n'en avait eu vent – et c'était très bien ainsi.

Pour le haut, j'enfilai un T-shirt simple qui m'écrasait un peu les seins, sur lequel je passai un pull en cashmere taupe, d'une douceur incroyable.

À présent réchauffée, je retournai auprès de Tina, qui sortait des madeleines d'un fou encastré sous le comptoir. Elle me jeta un coup d'œil, et siffla.

— Canon. J'ai eu l'œil, se félicita-t-elle.

— Merci encore. Je te les rendrais dès que j'aurais mis la main sur autre chose.

La pâtissière fit un geste de la main, brassant l'air devant elle.

— Tu peux tout garder. Ce sont des vieilleries. Et ce pull me fait un teint de cadavre, de toute façon. Je suis une louve, pas un vampire.

J'effectuai une petite révérence de remerciement, et commentai tandis que Tina retirait son tablier blanc à pois rouge :

— Une louve à la pointe de la mode.

Une jupe plissée en simili cuir dévoilait ses longues jambes, drapées d'une dentelle sombre, et son haut ressemblait à un chemiser gothique pourpre.

— Tout à fait. Je t'en fais cadeau. Pour que tu réussisses à trouver ce qui cloche ici, et pourquoi des personnes meurent.

— Je trouverai, promis-je. Mais je te rendrai les chaussures, mes orteils vont tomber sinon.

Tina baissa les yeux sur les bottes, et sourit en imaginant probablement mes doigts de pieds tout pliés.

— D'accord, gloussa-t-elle. Et garde la culotte, surtout.

— No problemo.

Je m'apprêtais à engloutir une madeleine imbibée d'un affreux café à peine tiédi, lorsque j'aperçus Dorian traverser la place centrale. La banquette d'angle, près de la vitrine, offrait une vue panoramique, et je me vautrai dans le luxe de l'observer discrètement.

Il portait un T-Shirt noir, et les quelques flocons qui tombaient sur ses épaules fondaient aussitôt, créant de minuscules points blancs éphémères. Déterminé, il tourna la tête vers le café, le regard acéré. Même si je me reculai comme pour me fondre à-travers le skaï, nos yeux se croisèrent, et il n'hésita pas une seconde avant de bifurquer vers le café. Son froncement de sourcils n'inaugurait rien de bon. Rien de bon pour moi, s'entend.

— Et merde.

Tandis qu'il se rapprochait indubitablement, je croisai le regard intrigué de Tina. Penchée en avant, faisant mine d'aligner des pâtisseries déjà en ordre, elle se redressa pour me chuchoter :

— Si ce n'était pas mon Alpha, je te dirais de l'imaginer nu pour détendre l'atmosphère. Mais comme il est l'est... (Elle haussa les épaules.) Je n'ai rien dit !

En réponse, je lui adressai un clin d'œil, roulant des épaules pour redresser le dos. En souriant, je posai les coudes sur la table, joignant les doigts sous mon menton.

— Merci, quand même. Ça m'aide toujours, d'imaginer les beaux mecs à poil.

Puis j'inspirai pour me préparer à la confrontation. J'étais toujours prête, de toute façon.

Tina étouffait encore son rire lorsque Dorian apparut sur le seuil. Enfin, quand il arracha presque la porte de ses gonds pour se précipiter vers ma personne. Visiblement agacé, il s'appuya sur le dossier de la chaise qui me faisait face, et inclina le haut du corps au-dessus de la table.

— Où avez-vous dormi ?

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant