Chapitre 26 (2/3)

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Trop obnubilée par la détresse de Kit, mon adversaire en profita pour lancer une boule de feu qui visait mon visage. Je ne l'esquivai qu'au dernier moment, et la chaleur de la magie me brûla les paupières.

En jurant, je sortis le poignard de ma botte, celui de dernier recourt, et reculai de quelques pas pour jauger la situation.

Dans l'immédiat, Erwen, plongé dans sa bulle, n'était pas l'élément le plus dangereux. En revanche, le sourire machiavélique qui fleurissait sur le visage de la sorcière n'inaugurait rien de bon.

Les poils drus qui apparurent sur les avant-bras de Kit me pétrifièrent.

— Qu'avez-vous fait ? soufflai-je, le sang glacé dans mes veines. Kit, est-ce que tu m'entends ?

— Je ne crois pas, persifla la sorcière en se préparant à l'attaque, les mains levées à hauteur de visage.

Lorsqu'elle souffla un torrent de flammes dans ma direction, je me jetai sur le côté et roulai derrière un arbre pour me mettre à l'abris. J'entendais que les grognements de Kit s'amplifiaient, et je trépignais sur place en attendant que le flot de feu se tarisse avant d'oser jeter un coup d'œil.

Malheureusement, je réalisai que Kit était tout aussi prisonnier de la magie que l'avait été Tina et les autres. Lorsqu'il se redressa sur ses pattes arrière, il n'avait plus rien de l'ado dégingandé qu'il était.

La créature qu'il était devenue n'était que muscles et puissance brute.

Tout à coup, Erwen tomba à genoux au centre de son pentacle, et se tint à bout de bras. Il était aussi essoufflé que s'il avait couru un marathon lorsqu'il parla :

— J'ai réussi. La magie contrôle l'hôte. Quelle puissance... c'est très différent des...

Il se tut soudainement en regardant le monstre qui grondait à quelques pas de lui. La satisfaction de son visage se transforma en surprise, puis en haine.

— Non ! tonna-t-il. Ce n'est pas possible ! fulmina-t-il en frappant le sol du point. Ellen, comment expliques-tu cela ? C'était parfait, pourtant ! Ce devait être Dorian, pas... lui !

Leur incompréhension me fit froncer les sourcils, puis je compris en même temps qu'eux.

— L'ADN sur la brosse, réalisai-je. Ce n'était pas celui de Dorian, mais celui de Kit.

Comme si tout ceci était ma faute, Erwen se jeta sur moi, hors du champ d'action du pentacle. Je l'imitai et me laissai tomber au sol au dernier moment, fauchant ses jambes. Il chuta lourdement et je sautai sur mes pieds sans attendre. Il fallait faire vite et efficace. Dans un combat à trois contre un, chaque seconde comptait et chaque ouverture était un point faible à exploiter.

Quand son bras, faible et mou, se tendit pour l'aider à se relever, je n'hésitai pas : je donnai un coup de talon dans son coude. L'os craqua, il hurla et retomba derechef au sol, le souffle coupé.

Même boosté à la magie, Erwen restait avant tout un métamorphe et son système immunitaire ne tarderait pas à réparer son articulation. Pour être sûre qu'il ne se relève pas trop rapidement, je posai le pied sur le bas de sa cuisse pour le maintenir immobile, et attrapai son tibia à pleines mains. Les mâchoires serrées en prévision de ce qui allait se passer, je tirai sur sa jambe de toutes mes forces. Même à travers son jean, je vis nettement la rotule se déporter sur le côté quand son membre se tordit en un angle improbable.

Le cri qu'il poussa mourut dans sa gorge quand ses yeux se révulsèrent et qu'il perdit connaissance.

Je me redressai en jaugeant la sorcière, les yeux plissés. Je jetai un coup d'œil à Kit : la créature qu'il était devenue balançait son énorme tête de gauche à droite, s'efforçant de lutter contre une attraction invisible. La jeune femme me fixait de ses yeux violets, un sourire suffisant plaqué sur le visage.

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant