Chapitre 24 (1/2)

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Je remontai à la surface avec un nouveau poids sur les épaules, une terrible envie de hurler, et le cœur au bord des lèvres. En glissant la clé dans la serrure de la cave, mes doigts tremblaient. C'était très mauvais, tenir un couteau dans un tel état d'agitation pourrait être fatal. Fatal pour moi, et très bénéfique pour mes adversaires.

La peau brûlante de mon poignet me démangeait. J'aurais aimé gratter sa marque jusqu'à ce qu'elle disparaisse en lambeaux sous mes ongles, tout comme j'aurais aimé la caresser pendant des heures.

Voir ainsi la marque de Dorian sur ma peau me fichait la trouille. La trace de ses dents commençait à blanchir, comme une vieille cicatrice, tandis que son pourtour était encore à vif.

En prenant conscience que ces croissants de lune ne resteraient pas, je hochai la tête. Mes doigts ne tremblaient plus quand je tournai par deux fois la clé. En moi, une petite voix me murmura que cette pauvre serrure n'arrêterait en rien Dorian, si celui-ci parvenait à briser ses chaînes et à défoncer les barreaux de sa cage. C'était vrai, mais ça l'arrêterait quelques secondes quand même.

— Dalaena, tout va bien ?

La voix de Kit me fit sursauter. Il m'observait depuis la fenêtre à l'étage. Je rangeai au placard toutes les pensées qui tournoyaient dans mon crâne. J'avais une nouvelle mission, et j'allais la mener à son terme. Ce n'était pas le moment de m'apitoyer sur mon sort, de ressasser ce que Dorian et moi venions de vivre, et encore moins de revivre ce baiser qui n'aurait jamais dû avoir lieu.

— Tu peux me rejoindre dans le salon, s'il te plaît ? lui demandai-je d'une voix un peu rauque. J'ai quelque chose à te dire.

En contournant la maison pour passer par la porte principale, je fus quelque peu surprise de trouver mon sac sur le porche, avant de me rappeler que Dorian était en train de s'en débarrasser lorsque j'étais venue à sa rencontre. Quel ingrat ! La fine couche de neige sur le plancher avait détrempé le tissu, et je m'emparai de ses anses en ouvrant la porte.

Quand je pénétrai dans le vestibule, Kit était déjà en bas des escaliers. En me raclant la gorge, je posai mon sac au sol avec une lenteur exagérée. Ma technique minable pour gagner un temps minime était ridicule.

— Où est mon père ? voulut savoir le gamin en fronçant les sourcils.

— Il va bien.

D'une main sur l'épaule, je le guidai jusqu'à la table à manger, et nous prîmes chacun une chaise.

— Tu me fait flipper, là. On dirait que tu vas m'annoncer que quelqu'un est mort. Oh, non, merde, c'est encore le cas, c'est ça ? Qui ?

— Mais, non, calme-toi ! Personne n'est mort. Mais nous pensons que ton père va être la prochaine personne à se transformer, alors nous l'avons enfermé au sous-sol pour sa propre protection, et celle des autres.

Le visage grave, Kit hocha la tête.

— Est-ce qu'il risque de mourir ?

Je pinçai les lèvres en décidant de passer sous silence la marque temporaire que Dorian m'avait incrustée dans la peau.

— Tu l'as vu de tes propres yeux : Louis a survécu au processus inverse. Nous ferons exactement la même chose pour Tina et pour ton père. Ils iront plus que bien après ça.

Pensif, réfléchissant à ce que je venais de lui dire, l'ado se frotta le visage. Lorsqu'il releva la tête, son regard était plissé.

— Qu'est-ce que qui te fait croire que papa va être le prochain à se transformer en loup zombie ?

Je lui racontai en accéléré ma rencontre fortuite avec la jeune sorcière, le coup bas d'Erwen, ma capture dans la grotte et les découvertes que j'y avais faites.

— Des pentacles sanglants sur les murs ? C'est vraiment glauque.

J'acquiesçai et continuai :

— Il y avait le nom de Dorian dans l'un d'eux. Tu étais là quand la fenêtre de la salle de bain s'est brisée tout à l'heure, lui rappelai-je en posant les coudes sur le plateau de la table. Je pense que quelqu'un s'est introduit à l'intérieur pour récupérer un peu de l'ADN de ton père. Avoir la maîtrise de l'Alpha d'une meute, c'est avoir à sa merci la meute entière.

N'ayant pas de réaction de sa part, je tournai la tête vers Kit. Ses yeux étaient braqués sur mon poignet droit. Je surveillai de près son geste lorsqu'il tendit le bras vers le rebord de mon pull. Il bougeait avec tellement de lenteur que j'aurais aisément pu avoir le temps de repousser son intention si je l'avais voulu.

Du bout de l'index, le garçon éloigna la laine qui masquait partiellement la marque de Dorian. Il la contempla un instant, figé, les yeux écarquillés. Puis il bondit sur ses pieds, reculant si précipitamment que sa chaise se renversa. 

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant