À ce nouveau contact, il interrompit brusquement son geste, il gémit en reculant d'un pas. Il était pris dans un tel dilemme que la douleur et l'envie se mélangeaient sur ses traits. Les effluves épicés qui flottaient dans l'air autour de nous n'arrangeaient rien.
Mais n'ayant pas lâché mon bras, il m'entraîna dans son sillage et je me retrouvai contre lui.
Comme si ma peau l'avait brûlé, il me lâcha et leva ses mains en l'air, de part et d'autre de mes épaules à la manière de quelqu'un voulant s'innocenter.
Alors que j'inspirai pour me forcer à reculer, pour me forcer à briser cette attraction brutale et animale que nous ressentions mutuellement, ses doigts fusèrent et il encadra mon visage.
Je relevai les paupières aussitôt, plongeant dans son regard.
Le choc me coupa la respiration.
Un de ses yeux était celui de son loup, cerclé par un anneau sombre, et l'autre était le sien, aussi clair qu'ordinaire. Ce qui m'étonna le plus fut la détermination visible dans chacun des yeux. Contre mes joues, le bout de ses doigts était agité, comme s'ils étaient parcourus d'irrépressibles contractions. Je frissonnai.
En un clin d'œil, son visage fondit vers le mien. Mes paupières se baissèrent d'elles-mêmes.
J'attendis l'impact de ses lèvres...
... qui n'arriva jamais.
La gorge sèche, je rouvris les yeux. Dorian s'était arrêté à un millimètre. Un pauvre millimètre qui ne laissait rien passer hormis l'air que nous échangions en respirant. Nous étions aussi essoufflés que si nous venions de courir un marathon, le souffle brûlant.
Je tentai de reconnecter mes neurones pour dire quelque chose, n'importe quoi, quand il me devança.
— Nous ne devrions pas faire ça, murmura-t-il si près, ses lèvres effleurant les miennes à chacun des mots prononcés.
Ce seul contact m'avait électrisée jusqu'au plus profond de l'âme.
Il n'y avait qu'un millimètre à franchir pour briser cette distance.
Cependant, je hochai la tête, acquiesçant aux mots terribles qu'il venait de prononcer, l'effleurant de nouveau.
Au-dessus de nos têtes, quelque chose tomba au sol dans un bruit sourd.
— Je l'ai su dès que tu as franchis la barrière du village.
— Quoi donc ?
La retenue rendait nos voix sourdes et essoufflées. Ses lèvres étaient ardentes, ses doigts contre mon cou, brûlants. L'air me manquait cruellement.
— Que ta seule présence mettrait en danger tout l'équilibre de la meute.
— J'imagine que c'est mal.
Le pli entre ses sourcils refit surface.
— Terriblement.
— Pour quelle raison ?
Le soupir qu'il poussa me fit frissonner.
— Il y en a tellement.
— Bien sûr, répliquai-je. Je ne fais jamais dans la dentelle, à vrai dire.
Sur mon cou, ses doigts descendirent de quelques centimètres, avant de remonter se perdre dans les cheveux de ma nuque. Ce baiser qui n'en était pas un me faisait frémir. J'émis un son qui le fit gémir.
Puis tout changea quand il nous fit revenir à la réalité :
— Skaï aurait pu être tué aujourd'hui.
Une réalité qui ne laissait pas de place aux sentiments – ni à moi.
— Ce n'est pas le cas, il va bien.
Tiraillé intérieurement, il secoua la tête. Il s'éloigna juste assez pour que je puisse percevoir son regard grave.
— Tu ne comprends pas. C'est vers toi que j'ai bondit lorsque Tina a attaqué. Alors que Skaï et toi vous trouviez à la même distance d'elle. C'était une terrible erreur. Instinctivement, c'est vers mon Bêta que j'aurais dû aller. Il est de ma meute, alors que...
Lorsque sa voix se tut, je terminai sa phrase pour lui.
— Alors que moi, non. Je sais, j'ai compris.
— Dalaena.
Je reculai d'un pas pour essayer de reprendre mes esprits. Ses bras retombèrent le long de son corps.
— Non. Ça va, je...
— Ma meute devrait... ma meute est ma priorité, se reprit-il en inspirant, le dos droit. Elle est tout ce que j'ai, ma seule famille. Mais quand tu es dans les parages... commença-t-il avant de s'arrêter.
— Quand je suis là, ça foire. C'est ça ?
Le silence qui suivit me blessa plus que prévu. Ma carapace s'était ramollie avec ses putains de phéromones de beau mâle sexy. Dans la chambre de Kit, le son de sa console de jeu avait considérablement augmenté.
Intérieurement, ma louve s'était redressée en adoptant une posture agressive. Ses oreilles plaquées en oreilles et ses babines relevées sur ses crocs n'inauguraient rien de positif. L'idylle était passée.
Je me raclai la gorge pour couvrir les grondements qu'elle produisait dans mon crâne.
— Mais quand tu es là, reformula-t-il, ma famille passe au second plan. Et ça, c'est mauvais. Vraiment mauvais.
Je levai les bras de manière impuissante.
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Sortir les griffes T1
ParanormalDorian Morff est le plus horripilant de tous les Alphas de cette foutue planète. C'est le premier constat qu'a fait Dalaena après leur désastreuse rencontre. Excellent membre de la Guilde, c'est tout naturellement - et contre son gré - qu'elle est e...