Chapitre 27 (2/3)

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Une vague brûlante remonta du plus profond de mon être, un frémissement à la chaleur étrange secoua ma louve, et ma gorge me brûla quand je lui crachai au visage :

— Maintenant, tu arrêtes de bouger, Erwen !

Comme si j'avais appuyé sur un bouton, le gamin s'immobilisa, le corps tendu comme un arc. Son regard se voila et des larmes silencieuses roulèrent sur ses joues, diluant le peu de sang qu'il restait encore sur sa peau.

Étonnée par tant de docilité, je clignai des paupières. Ce soudain changement d'attitude était déconcertant. À présent, Erwen pleurait en silence, hoquetant de temps à autre lorsqu'il reniflait.

Il se laissa faire quand j'attrapai sa ceinture pour lui immobiliser les mains dans le dos.

Alors que je me redressai, le souffle d'air que je perçu dans ma nuque m'alarma. Mes instincts prirent le dessus, je me jetai sur le côté pile au moment où Kit aurait pu m'arracher une portion d'épaule.

— Merde ! soufflai-je en dérapant dans la neige.

Ses mâchoires claquèrent dans le vide, et j'avalai avec difficulté ma salive devant le spectacle qu'il offrait.

Il gronda en se jetant une nouvelle fois sur moi, et je sautai en arrière pour éviter que ses griffes ne me découpent en deux. Il fut plus rapide que moi, et j'entendis la doublure de ma veste se déchirer.

Je repoussai son bras d'un mouvement du coude, et ses yeux rencontrèrent les miens : le choc failli me plier en deux.

Kit pleurait.

Son museau était plissé par la haine, ses crocs menaçants, mais ses yeux sombres étaient remplis de larmes. Elles débordaient et se fondaient dans sa fourrure à chaque fois qu'il clignait des paupières.

Mon cœur se brisa en même temps que le sien, lorsqu'il comprit que sa détermination ne suffirait pas à retenir la bête qui avait pris possession de lui. Quelque chose se rompit en lui, et il me sauta dessus.

J'avais lancé mon premier poignard pour trancher le tuyau, et égaré mon second lors de ma transformation, combattre une créature de cette taille à mains-nues allait s'avérer ardu. Mais j'avais déjà vécu pire.

J'esquivai ses crocs en pivotant le buste, grimaçant à cause de mes côtes fêlées. Les lèvres pincées, je gémis en repoussant son bras aux muscles bandés.

Le hurlement qu'il poussa en se penchant au-dessus ne mon visage me paralysa. Quelque chose à l'intérieur de moi m'interdisait de faire du mal à cet enfant.

Je reculai précipitamment pour me soustraire à la puissance de son souffle, mais j'avais oublié un détail : Erwen couché en-travers de ma route.

Mes talons butèrent contre son flanc et je me sentis partir en arrière. Mon dos heurta le sol sans ménagement, ma respiration se coupa, et un truc craqua en moi. Je hurlai quand la souffrance se diffusa dans ma poitrine comme un coup de tonnerre.

Je voulu rouler sur le côté pour éviter que Kit ne puisse m'immobiliser en faisant peser son poids sur le mien, mais je haletai soudain, incapable d'effectuer le moindre mouvement. La douleur était cuisante, mon corps se couvrit d'une pellicule de transpiration. Je ne l'avouerai pas à voix haute, mais j'avais besoin de soins illico, mon poumon perforé m'inquiétait dangereusement.

Comme au ralenti, Kit me recouvrit. Il était si grand qu'il me donna la simple impression de s'agenouiller au-dessus de moi, des genoux de part et d'autre de mes hanches.

Avec brusquerie, ses mains atterrirent de chaque côté de ma tête. Il dégageait une telle chaleur que je crus que j'allais m'évanouir. En hurlant, il releva le museau. Près de mes oreilles, j'entendais ses griffes racler le sol. Elles étaient si aiguisées que cela ne faisait presque pas de bruit.

Coincée sous son corps, les options pour m'en sortir étaient minces. Je me préparai à remonter les jambes contre ma poitrine pour essayer de le propulser assez loin pour m'extraire de son emprise, mais je croisai soudain ses yeux.

Les larmes qui s'en échappaient coulaient sur mon visage, il haletait presque autant que moi.

Une lueur passa sans ses pupilles, et il fondit sur moi.

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant