Dorian m'aida à grimper les marches qui menaient à sa maison, et Kit me sauta dessus lorsque nous pénétrâmes à l'intérieur.
— Dalaena ! Tu es toujours vivante ! Ça va ?
Je clignai des yeux devant l'énergie du gosse. Contre toute attente et malgré les protestations de son père, je le serrai contre moi en retour. Le voir en vie, en chair et en os, me soulageait immensément. Ce sweet-shirt oversize lui allait bien mieux que le style « loup-garou mutant monstrueux ».
— Tu ne devrais pas être au lit, à l'article de la mort ? Ou un peu fatigué, au moins ?
Nous claudiquâmes jusqu'au canapé et je m'y laissai tomber avec précaution. Le gosse s'assis sur la table basse en face de moi, mais un seul regard de son père suffit à lui faire comprendre l'info : dans cette maison, on ne s'assoit pas sur les tables basses. En roulant des yeux, il se décala pour aller se jucher sur l'accoudoir du sofa.
— C'était le cas mais je vais mieux, répondit-il en entourant ses genoux de ses bras. Ça fait deux jours, quand même.
— Deux jours ? m'exclamai-je en écarquillant les yeux.
Je me tournai vers Dorian.
— Deux jours ? répétai-je bêtement.
Il hocha la tête et se rendit dans la cuisine.
— Oui, on était très inquiet. Mais tu dois avoir faim. Je vais te préparer des sandwichs.
Kit me tendit un sachet de chips presque vide, et je l'attrapai en lui adressant un sourire. Celles au paprika étaient mes préférées.
— Merci, bonhomme. Ça va mieux, toi ?
— Oui. Désolé pour...
Mal à l'aise, il fit un geste de la main devant lui pour se désigner.
— ... tu sais.
— Je sais, acquiesçai-je en chassant l'image de son énorme gueule se refermant sur mon épaule. C'est pas grave. Tu as juste essayé de me buter, rien de bien méchant. Ça m'arrive tous les jours, tu sais.
J'enfournai une poignée de chips dans ma bouche, et sa réponse spontanée me fit tousser.
— Oui, j'imagine bien pourquoi. (Malgré la situation, il sourit et je l'imitai.) Remarque, toi aussi tu as essayé de me poignarder.
— Tu essayais de m'arracher le bras, me défendis-je en prenant un air courroucé.
Il ricana et je détournai le visage en relevant le menton.
— Mais tu as échoué, répliquai-je, comme tous les autres avant toi.
Dorian arriva à ce moment-là et déposa une assiette sur la table basse.
— Arrêtez de vous chamailler. Et toi, fit-il à mon attention, mange. Vous êtes tous les deux vivants, nous ferons donc avec.
Kit me tendit un sandwich au beurre de cacahuète et à la confiture, et je mordis dedans à pleines dents.
— Vous avez trouvé Erwen et la fille ? m'enquis-je auprès de Dorian.
— Oui. Erwen a été placé dans une cage pour que la magie présente dans son sang puisse s'évaporer.
— Bonne idée, validai-je avant de prendre une gorgée d'eau. Et concernant Wirlova ?
— J'ai contacté la Guilde. Quelqu'un va venir chercher son corps.
— C'est bien. Ce sera sûrement Jonathan, c'est lui qui s'occupe de ça en temps normal.
— Qui nettoie derrière toi, tu veux dire ?
Je plissai les yeux.
— Ma louve a pris sa vie, je n'en suis pas fière. Mais si elle était encore parmi nous, qui sait ce que nous serions en train de vivre. Donc oui, c'est lui qui nettoie. Mais ça n'arrive que très rarement, et dans les cas extrêmes, tu sais.
— Tu as raison. Je suis désolé.
Je haussai les épaules.
— Pas grave. Comment va Tina ?
— Elle a retrouvé son état normal il y a peu.
Soulagée, je sentis mes épaules se libérer d'un poids.
— C'est une excellente nouvelle. Le pouvoir d'Erwen doit être en train de s'affaiblir. Tout le monde va bien, pour résumer ?
— Grâce à toi.
Je secouai la tête.
— Hors de question que l'on m'attribue tout le mérite. Sans Kit, je serai encore en train de moisir dans la forêt.
L'ado avala une bouchée de pain avant de bomber le torse.
— Et oui ! Mais je suis désolé de t'avoir mordu.
— Ne t'en fait pas, c'est déjà de l'histoire ancienne. Une marque de plus ou de moins, ce n'est pas grave. Je ne suis plus à ça près.
Le grondement bas qui émana de Dorian nous interrompit dans notre casse-croûte. L'Alpha écarta d'une tape le sandwich qu'était en train de me tendre Kit et les tranches de pain de mie rebondirent sur le sol.
Dorian se leva avec lenteur et surplomba son fils de toute sa hauteur. Une aura de pouvoir était en train d'envahir la pièce.
— Malgré ta marque, Dalaena n'est pas à toi.
Je me levai en vitesse et m'interposai entre eux. Le visage levé à quelques centimètres de celui de Dorian, je mis les points sur les « i ».
— Je n'appartiens qu'à moi, c'est clair ? Cette marque-là, m'écriai-je en pointant les traces des dents de Kit sur mon épaule, n'en est même pas une ! C'est une blessure de guerre. Et ça, m'agaçai-je en lui fourrant mon poignet sous le nez, n'est pas destiné à rester, au cas-où tu l'aurais oublié. Maintenant, tu te calmes et tu reposes ton cul sur ce canapé. J'ai faim, moi.
Après un regard noir, Dorian obéit et je me rassis à mon tour. Kit se renfrogna en récupérant les morceaux de son sandwich sur le tapis. Tout en se redressant, il marmonna dans sa barbe :
— Il y a des gens dans cette pièce qui mériteraient une bonne nuit de sommeil pour se détendre un bon coup.
Le père et le fils avaient la même expression, presque une moue boudeuse.
— Tu n'imagines même pas, confirmai-je avant d'éclater de rire.
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Sortir les griffes T1
ParanormalDorian Morff est le plus horripilant de tous les Alphas de cette foutue planète. C'est le premier constat qu'a fait Dalaena après leur désastreuse rencontre. Excellent membre de la Guilde, c'est tout naturellement - et contre son gré - qu'elle est e...
