Épilogue (3/3)

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Mæve me frotta avec tendresse le dos et je fermai les yeux pour savourer sa présence.

— Ce n'est peut-être pas si mal... avança-t-elle avec prudence. Tu pourrais aller leur faire un petit coucou, histoire de voir comment la meute se porte. Ou discuter d'une certaine marque-temporaire-mais-pas-si-temporaire-que-ça avec un certain Alpha sexy.

Malgré-moi, je lui adressai un regard grave.

— Je ne sais pas si j'en serai capable, Mæve.

— Tu les as bien aidé avec leur problème de meute. Tu pourrais aussi aller le voir pour savoir pourquoi ta louve est aux abonnés absents depuis que tu es partie de là-bas. J'aimerais pouvoir t'aider, ma puce, sincèrement, mais c'est un truc de loup qu'il se passe dans ta caboche. Et, malheureusement, je n'ai pas le gène récessif dans le crâne. Mon truc, c'est plutôt de différencier les groupes sanguins, tu vois ? Tu pourrais y faire un crochet.

— Je ne sais pas.

— Écoute, ma puce. Si tu penses que cette mission te sera trop dure, je peux toujours demander à Jasper d'y aller à ta place. On pourrait échanger et tu pourrais aller à New-York pour déloger les trolls des égouts.

Alors que j'allais ouvrir la bouche pour refuser, elle me devança :

— Réfléchis-y, d'accord ?

Je posai la tête sur son épaule et fermai les yeux.

— D'accord. (Quelques secondes passèrent.) Mæve ?

— Mh ?

— Ne me laisse pas m'endormir, s'il te plaît.

Des yeux d'un bleu impérieux m'accompagnaient systématiquement lorsque je dérivais dans le monde des rêves. Bien trop réalistes malgré la situation, ils scrutaient chacun de mes gestes avec une intensité incomparable. Les pupilles cruelles du loup ne demandaient qu'à venir me dévorer.

Parfois, je me risquai à les imaginer en vrai. Le réveil n'en était que plus terrible.

— Pas de problème, ma belle. Je veille.

Petit à petit, bercé par les rives au loin et les conversations des jeunes, je me sentais quitter la réalité, me rapprochant inexorablement de ce regard si profond. J'étais bien... je parvenais presque à sentir l'odeur boisée qui accompagnait celle de sa peau.

Les contours de son corps devinrent de plus en plus nets, et j'aurais presque pu tendre le bras pour le toucher. Puis ses sourcils se froncèrent et une infinie douleur s'imprima sur son visage quand la voix de Mæve résonna quelque part. Je fus brusquement tirée en arrière, exactement comme si l'on m'aspirait dans un tunnel.

Alors qu'il bondit en avant pour essayer de me rattraper, je tendis le bras en avant, nos doigts furent à quelques centimètres de pouvoir s'effleurer...

... puis son regard se troubla, s'effaça petit à petit avant de disparaître complètement. La douleur qui me prit aux tripes me donna la nausée, je ne pus que gémir.

— Hé, Dala ? Tu es en train de t'endormir.

Elle me secouait doucement l'épaule. Alors que je rouvrais les yeux sur la berge du lac, le cri qui résonna dans mon crâne me donna envie de sangloter au fond de mon lit jusqu'à la fin des temps.

— Non, non, mentis-je. Je suis réveillée. Merci d'être là avec moi, Mæve.

— Oh, ma puce, souffla-t-elle en me caressant les cheveux. Ne dis pas n'importe quoi, toi aussi tu es là avec moi. On rentre ?

Je hochai la tête ; demain était un jour nouveau.

J'irai au travail et je ferai ce qui se devait d'être fait. J'effectuerai mon boulot sans sourciller, avec la même efficacité que celle qui me collait à la peau.

J'enterrerai la douleur et la peur, enfermerai mes sentiments derrière des chaînes d'argent indestructibles.

De quoi que demain soit fait, je parviendrai à avancer en mettant un pied devant l'autre, les yeux scrupuleusement braqués en direction de l'avenir. Ma louve reviendrait d'elle-même, un jour, lorsqu'elle ira mieux.

Pour le moment, je n'étais pas seule.

Je resserrai les doigts autour de ceux de Mæve. Elle m'adressa un clin d'œil et nous quittâmes le parc, laissant dans notre dos l'odeur iodée de mes larmes.

Demain sera un jour nouveau, et j'irai bien.

Je savais très bien faire mon boulot, ça aidait. Après tout, j'étais Dalaena, membre honorable de la Guilde, agent spécial de la branche de Chicago. Je reniflai et plaquai un sourire sur mon visage.

J'en avais vu d'autres.

À SUIVRE...

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant