Chapitre 7 (2/2)

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Un sentiment étrange m'envahit à la vue de la scène qui se présenta devant nous. Quelque chose de malsain qui me laissa sur le qui-vive, la bile au fond de la gorge. L'odeur de la magie, acide et puissante, traînait dans l'air humide de la forêt.

— Surveille les alentours et les branches au-dessus de nos têtes, ordonnai-je tandis que je m'approchai de la dépouille décharnée.

Hormis nos propres respirations et la neige qui crissait sous nos pas, aucun bruit ne venait troubler le silence. Les traces de pattes s'arrêtaient pile devant les pieds de l'homme. Un mauvais pressentiment me poussa à m'agenouiller à ses côtés. Même sans le regarder, je sentais la colère de Dorian me percuter par vagues brûlantes.

— Le mari de Sharron ? présumai-je en me penchant au-dessus du visage figé dans une expression de peur et de haine.

Sous la puanteur, le discret parfum de Sharron pointait.

Comme il ne répondait pas, je me tournai vers Dorian.

Seul son regard laissait deviner ce qu'il ressentait intérieurement, fixé sur un point que lui seul voyait, par-delà les conifères. Il bouillonnait d'une rage indescriptible, rarement observable chez quelqu'un d'encore sain d'esprit. Puis sa voix claqua, infaillible et sombre :

— Je jure que Dave est le dernier membre qu'on arrache à ma meute.

Lorsqu'il baissa le regard dans ma direction, toujours au sol, une douleur intense pullulait au fond de ses pupilles. Une douleur qu'il n'exprimerait pas en ma présence, pas en la présence d'une louve solitaire.

Je ne savais pas quoi dire. Alors, pour une fois, je parvins à me la fermer. Le réconforter en lui disant que tout allait bien se passer, comme on l'aurait fait à un enfant en pleurs, aurait été déplacé. Je ne pouvais pas non plus lui promettre que Dave serait effectivement le dernier à mourir inutilement. Quelque chose s'en prenait à sa meute, et, bordel, j'étais pour le moment aussi inefficace que lui.

Dorian avait déjà compris que je mettrais toutes mes compétentes, toutes mes connaissances, à sa cause. Là-aussi, il était inutile de le lui rappeler.

Alors je lui adressai simplement un regard empli de volonté. Les mâchoires serrées, il acquiesça. Le message était passé.

— Trouvons l'enfoiré qui fait ça, traduis-je pour lui, les yeux balayant le corps éventré.

Je remarquai soudain un détail qui me coupa le souffle.

Une petite fiole se trouvait entre les doigts serrés de l'homme. Je la récupérai sans rencontrer aucune résistance, son corps tiédi était encore souple.

Un bouchon en liège la fermait, et je le fis sauter du pouce. Le bruit attira l'attention de l'Alpha.

— Qu'est-ce que c'est ?

Je levai la fiole à hauteur d'œil, la secouant légèrement. Un liquide brun, aux reflets rougeâtres, c'était trouvé à l'intérieur. Il en restait une minuscule gouttelette, qui s'accrochait à la paroi transparente, épaisse comme du goudron.

Avec précaution, petit à petit, j'en approchai le nez, prête à l'éloigner au moindre signe étrange. J'en aurais reconnu l'odeur, même à une dizaine de centimètres. Mes poils de nez se retroussèrent devant l'âcreté du mélange, et je détournai le visage, me frottant les narines du dos de la main.

— Magie noire, articulai-je en secouant la tête. Avec un mélange d'autre chose.

Je refermai la fiole et l'enfonçai dans la poche arrière de mon pantalon.

— Une sorcière est mêlée à tout ça ? grogna Dorian.

— Ou un sorcier. Plus rare, je te l'accorde, mais ils existent aussi.

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant