Chapitre 5 (4/4)

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Il se glissa à mes côtés sur la banquette comme il l'aurait fait en terrain conquis. Sa cuisse musclée se colla à la mienne, et je sentis la chaleur que dégageait ce corps même à travers l'épaisseur de nos jeans.

— Ce manège, tu vas le payer très cher, marmonnai-je en rentrant les épaules, masquant mes lèvres en faisant mine d'avaler une gorgée de café.

Néanmoins, je reposai la tasse en plaquant un sourire à l'allure savamment étudié sur mon visage – entre séduction et timidité.

Au moment où le carillon de la porte retentissait, Dorian venait de passer son bras autour de mes épaules, sans aucune hésitation. Il alla même jusqu'à glisser son nez le long de ma pommette, les lèvres contre mon oreille.

— J'espère bien, rétorqua l'enfoiré.

Je me figeai. Ce n'était pas dans le contrat ça ! Ni même dans les petits caractères en bas, j'en étais certaine !

Cet homme était bien trop près de moi, empiétant sans vergogne mon espace personnel, levant mes barrières comme s'il en était le maître. Je me reculai et lui adressai pourtant mon plus séduisant regard, paupières basses, digne de Marilyn Monroe.

Sous la table, je lui pinçai la cuisse. Connard. Je me fit le serment que ce serait moi qui sortirais victorieuse de ce petit jeu.

En réponse, Dorian se pencha sur moi. Au dernier moment, il dévia sa trajectoire et ses dents griffèrent la peau de mon cou. Mon cœur rata un battement, avant de repartir de plus belle. Par habitude, ma main voulut se refermer autour du poignard qui était constamment attaché autour de ma cuisse, mais je serrai les dents en ne sentant que du vide. L'arme et son holster étaient restés dans la Dacia, et je n'avais pas pour habitude d'être désarmée.

Lorsque l'inconnue se pointa devant notre table, je fus la seule qui sembla relever sa présence, lui adressant un regard interrogateur. Dorian, trop occupé à faire glisser son nez et ses lèvres contre mon cou, faisait mine de ne pas l'avoir remarquée. Et moi, je faisais mine d'ignorer toutes les sensations qui naissaient dans mon corps à son contact. De ne pas mettre de mots dessus, surtout.

Si ce loup laissait la moindre trace sur ma peau, je me promis de le dépecer. En guise de menace déguisée, et faute de mieux dans l'immédiat, je refermai les doigts sur un couteau à beurre qui traînait là dans un pot.

Devant le silence de la nouvelle arrivée, je me raclai la gorge, comme pour signifier à mon nouvel amoureux qu'il fallait qu'il cesse ses délicieuses caresses. Pour occuper ma main libre, j'entrepris de rapprocher la tasse de Dorian, qu'il avait laissée de l'autre côté de la table.

— Chéri, nous avons de la compagnie, insistai-je, repoussant ses avances avec un coup de genoux non feint sous la table.

En réponse, l'Alpha me mordit l'oreille.

Purée.

J'en fus si surprise que la tasse du loup se renversa, répandant son liquide brun sur ses cuisses.

Il siffla entre ses dents, se redressant aussi sec. Et je sentis intérieurement un sourire étirer mes lèvres. La voilà, ma future vengeance.

Mais l'inconnue avait eu la même idée.

Néanmoins, je fus plus rapide, m'emparant des serviettes entreposées dans un joli présentoir. L'autre femme plissa les paupières devant une manœuvre aussi perfide. Mon cul, ouais !

D'un simple coup d'œil à cette femme, je compris la stratégie de Dorian : cette femme était une prédatrice et, telle une veuve noire, elle voulait mettre le grappin sur l'Alpha. Rien que ça.

C'était un jeu dangereux, mais j'avais toujours été attirée par l'adrénaline du combat. Et jouer cette partie avec ce loup finirait inexorablement par un rapprochement sportif. Ou une partie de jambes en l'air. Presque pareil, en somme.

J'entrepris de tamponner le pantalon trempé de Dorian, et celui-ci détourna les yeux. Une première !

— Oh, bonjour Lesly, dit-il soudain, comme s'il venait tout juste de remarquer sa présence.

— Bonjour, Dorian, minauda-t-elle en retour, laissant traîner les voyelles de son prénom comme si elle pensait que cela pouvait être sexy.

— Tu voulais quelque chose ?

« Toi. » Ce mot flottait dans l'ait sans que personne n'ait besoin de le prononcer.

Avec fermeté, Dorian referma les doigts sur mon poignet, toujours occupé à éponger ses cuisses, l'immobilisant totalement. Je tentai de me dégager, mais il possédait une poigne de fer.

Pour faire bonne figure, il amena ma main à ses lèvres, embrassant ma peau. Lorsqu'il leva les yeux vers la fameuse Lesly, une atmosphère glaciale était tombée sur la table.

— Je te présente Dalaena, mon loup l'a choisie. 

Sortir les griffes T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant