Chapitre 7

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Aaron

    Ma main cherche le petit corps de Pauline dans le noir mais je ne la trouve pas. Pablo était mal tout à l'heure, il était terrifié et les larmes coulaient, alors Tom l'a emmené dans sa chambre pour mettre plus de lumière et le rassurer.
   
    J'allume la lampe de chevet et fouille la pièce du regard. Pauline est terrorisée dans un coin.

    J'ai oublié de laisser une lumière... je m'approche d'elle tout doucement pour ne pas l'effrayer davantage.

    — Viens là, petite poupée. Tu dois me réveiller quand ça ne va pas.
  
    Elle passe ses bras autour de ma nuque et pleure dans mon cou. Je la garde contre moi et la rassure.

    Après quelques minutes son chagrin s'apaise.
  
    — Tu as fait un cauchemar ?
   
    Son regard perdu m'informe qu'elle ne sait pas ce qu'est un cauchemar. Ses lèvres bleues me supplient de l'enrouler dans une couverture. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est restée en dehors du lit, son corps est gelé.

    Après l'avoir couverte, je lui explique ce qu'est un cauchemar et elle me confirme que c'est bien ça. Et son ventre se met à gargouiller.

    — Je crois que tu as faim, souris-je.
   
    Détendue, elle pose sa tête contre mon épaule et nous descendons dans la cuisine.
   
    Elle refuse de quitter mes bras, alors je lui montre ce qu'il y a dans le frigo mais sans surprise, à l'identique d'Alice, elle ne connaît rien.
 
    Je décide de commencer par un yaourt aux fruits. Elle ne sait pas utiliser une cuillère... ça en dit long... en tout cas elle se régale et en redemande.
   
    Mon père et mon oncle entrent dans la maison, ils ont l'air de sortir du jacuzzi. Pauline n'est absolument pas sereine, sa respiration accélère, ses pupilles se dilatent.

    — Tu te souviens de Neymar ? Tu l'as vu tout à l'heure, en arrivant.
  
    Elle hoche la tête mais son regard ne quitte pas les deux hommes qui s'approchent.

    — Vous êtes pas censés dormir à cette heure, s'étonne mon père.

    — Elle a eu une petite faim.
   
    — Et c'est bon ? demande mon oncle à l'attention de Pauline qui vient de prendre une cuillerée de yaourt.
   
    Elle se mord l'intérieur des joues avant de hocher la tête qui frotte contre mon épaule.

    — Oui, finit-elle par murmurer.
   
    Je sens bien son envie de parler, elle ne sait pas si elle en a le droit. Je la laisse prendre son temps et tâter le terrain. Elle devrait vite comprendre que nous ne lèverons pas la main sur elle.
   
    Mon père m'explique qu'ils ont fouillé tous les documents et qu'apparemment ça serait une affaire bien plus importante que juste de la maltraitance. Comme l'a dit Stan lors de sa cession de torture, ça serait de la traite d'être humain.

    Les filles sont vendues pour servir d'exclave sexuel et les garçons pour leurs organes. Les photos correspondraient aux différentes ''commandes'' passées d'après les autres papiers trouvés dans les tiroirs.

    La seule chose qui me vient en tête c'est que Tom et moi en avons au moins sauvé deux.
   
    Pauline tire sur mon tee-shirt pour attirer mon attention.

    — Tu veux quelque chose ?

    — J'ai soif, chuchote-t-elle, appréhendant ma réaction.
   
    Ça doit bien faire quelques minutes qu'elle cherche comment demander. La peur qui transparaît dans son regard me pince le cœur. Je me doute qu'à part de l'eau, elle n'a pas dû avoir grand-chose d'autre. Je lui donne un verre d'eau, verre qu'elle engloutit en quatre secondes et demie.

By-Cœurs 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant