Chapitre 83

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Aaron

  Pauline s'est enfin endormie pour sa sieste, en général, j'ai une heure et demie de tranquillité. Je descends retrouver Tom qui regarde un film avec Pablo, ce jeune garçon refuse la sieste aujourd'hui, et Naivo. Je m'appuie contre le dossier et me rapproche de son oreille.

— Peux-tu garder le babyphone et gérer Pauline pendant au moins une heure ?

— Ils ont un problème dehors ?

— Non, je voudrais passer un moment avec Rania.

Un sourire taquin, il allait balancer une connerie, je le coupe avant.

— Si jamais elle a besoin de moi, qu'elle ne se calme pas, tu viens me chercher mais à cette heure, normalement, elle dort bien.

— Va t'éclater, je gère le babysitting.

Je le remercie et m'approche de la chambre d'ami. Je cogne et elle m'invite à entrer.

— Je te dérange ?

— Non, je terminais mes modifications sur certaines photos de mon road trip. Je dois envoyer mon dossier à mon prof la semaine prochaine.

Elle m'en montre plusieurs et m'explique ce qu'elle a aimé à tel endroit pour le prendre en photo.

— D'où te vient cette passion pour la photographie ?

Elle plonge dans ses souvenirs, un sourire léger sur les lèvres et les yeux brillants, elle me raconte.

— Mon père aimait prendre la vie en photo, les feuilles d'arbres qui bougent montraient que le vent existe. Une ombre montrait que la lumière existe. Des gouttes d'eau montraient que la pluie existe. Chaque élément que nous offre la nature montre que la vie est là. Invisible ou microscopique pour nous, était l'univers de milliers de minuscules êtres. Il me disait toujours : ''Tout ce qui est dans la nature n'est que vie.''. Depuis son décès, j'ai décidé que ça serait ma philosophie de vie, que tout ce qui m'entoure serait pris en photo. Tu peux prendre vingt fois de suite la photo du même brin d'herbe, il y aura toujours une différence. Et il avait un rêve que ma mère n'a jamais accepté qu'il réalise, visiter l'Amérique du Sud, alors je l'ai fait pour lui en prenant tous les êtres vivants en photo.

Elle est amoureuse de la photographie, ça ne fait aucun doute. Elle sèche ses larmes et continue de me raconter la façon dont son père lui a transmis cette passion.

— Mon frère ne s'en souvient pas, il était trop jeune, alors il m'en veut d'être partie. Il est sûr que je mens sur la passion de mon père pour partir de la maison.

— Tu lui as expliqué tout ça ? Tu l'as emmené avec toi dans la nature pour prendre chaque élément en photo en lui racontant de la même façon que ton père te l'a raconté ?

— Non, il ne m'a jamais laissé lui parler de ça. Dès que j'évoque la photographie, il se braque, dévoile-t-elle.

— Tu voudras que j'aille lui parler ?

— Si t'as envie mais je pense qu'il est bien trop fermé encore.

Antho m'a dit que Naivo nous écoutait bien plus que sa mère ou sa sœur. Il a besoin de repère masculin, c'est pour ça que tout se passe bien ici.

— Et toi, avant de devenir père, que faisais-tu de ton temps libre ?

— J'ai beaucoup joué aux jeux vidéo avec Tom. J'aime les sports de combats, avec Elise on s'entraînait régulièrement. Depuis qu'elle est avec Simon et donc l'arrivée des triplés, on a eu moins de temps et depuis Pauline on a dû faire deux ou trois cessions pas plus. Dès que la salle de sport est terminée, on s'y remettra puisqu'il y aura un terrain de boxe.

— Tu sembles très proche d'Elise et Tom.

— C'est ma petite sœur, peut-être pas biologique mais ça ne change rien, autant que Tom est mon frère, on a grandi ensemble.

Elle me raconte à quel point elle voulait avoir un petit frère et qu'au moment où ses parents lui ont annoncé, elle était aux anges. Elle s'est occupée de lui dès qu'il est né et son voyage est leur première séparation, c'est pour ça qu'il ne devait pas durer plus de six mois.

Elle se lève de son fauteuil de bureau et vient s'asseoir à côté de moi. En se laissant tomber, elle me tire en arrière pour que je m'allonge aussi, nos bouches ne se retrouvent qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.

By-Cœurs 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant