By-Cœurs 4

Chapitre 67

Samuel

Je laisse Aaron et ferme la porte. Pauline a besoin de dormir dans le calme et les enfants devraient bientôt monter se coucher, il ne faudrait pas qu'ils la réveillent, son sommeil est suffisamment perturbé par les cauchemars toutes les nuits.
   
Alors que j'allais me laisser tomber dans mon fauteuil pour faire une pause cinq minutes de la journée qui vient de s'écouler, Anthony m'interrompt.
   
— Papa, t'as cinq minutes ?

    — Ouais, bien sûr.
   
Il entre avec Logan et rabat la porte. S'il vient pour autre chose que leur couple, c'est moi qui aborderai le sujet, ils sont là tous les deux, c'est le moment.
   
— Ça fait un moment que je voulais te parler. Je ne savais pas trop comment t'en parler. Je ne sais pas trop comment tu vas réagir, mais je dois t'en parler. Enfin, c'est que, il est temps que je t'en parle, mais avec ce soir je ne sais pas si c'est le bon pour en parler, et, je, enfin, il faut, alors je suis venu pour te parler.
   
Ça se confirme, il appréhende de me parler, il bafouille, hésite, son regard est fuyant, ses mains bougent dans tous les sens et il tourne autour du pot. Logan l'observe sans rien dire, j'ai même l'impression qu'il va se foutre de la gueule de mon fils.
   
— Je pense avoir compris que t'es venu me parler mais je suis pas sûr, le taquiné-je. Je vais te simplifier la tâche, parce que là, tu vas pas t'en sortir. Vous êtes en couple ?
   
— Ouais.

Il ne s'attendait pas à ce que je sache.
   
— Antho, tu fréquentes qui tu veux, tu te mets en couple avec qui tu veux, je m'en fiche. J'ai perdu beaucoup trop de temps loin de mes fils pour me soucier que tu préfères les mecs aux filles. J'ai rien à dire de ce que tu fais de ta vie tant que t'es heureux et que la personne avec qui tu es te traite bien.
   
Il acquiesce sans trop savoir quoi répondre. Logan, bras croisé, affiche un grand sourire.
   
— Ça fait longtemps ?

    — Six ans cette année.

    — T'as vraiment cru que je te dirais de partir ?

    — J'en sais rien, j'avais peur que ça te pose problème, que t'en aies honte comme beaucoup de père, tu préfères ne plus me voir que de savoir que je suis gay.
   
Je m'approche de lui et le prends dans mes bras pour lui montrer que ça ne me pose aucune souci.
   
— Si un seul frangin te fait une réflexion, je t'assure qu'il dégage du club. Si j'avais su que ça t'angoissait autant, je serais venu t'en parler bien plus tôt. Ça fait un moment que je me pose des questions et je pensais que tu te cherchais encore. Parce que faut avouer que t'es pas très discret quand tu mates les frangins torse-nu.
   
Il éclate de rire avant de s'écarter en me remerciant.
   
— Je vais aller voir Neymar, affirme-t-il.

    — Si c'est important pour toi de lui dire de vive voix, vas-y, mais si tu le fais parce que tu crois devoir faire ton coming out à chaque personne vivant ici, tu te trompes. Tu dois rien à personne, t'es en couple, ils le verront. Je dis pas que vous devez aller faire une sextape dans le salon du club mais si vous avez envie de vous embrasser et qu'on est tous en terrasse, faites-le. Simon ne se prive pas parce qu'à l'instant présent il a envie d'être affectueux avec Elise alors que Neymar avait envie de le tuer au départ.
   
Il comprend qu'il peut juste vivre comme bon lui semble et que je n'interviendrai jamais. Il me remercie à nouveau et me souhaite une bonne nuit en sortant.
   
— Logan, reste-là un instant.

    Antho revient sur ses pas et je l'incite à nous laisser juste tous les deux quelques minutes avant que je ne ferme la porte entièrement.
   
Logan semble être une personne portée sur l'humour et la détente, il ne paraît pas du tout anxieux à l'idée de me parler seul à seul alors que Simon ne faisait pas le fier lorsque Tom l'a mis en garde au début de sa relation avec Elise.
   
— Je veux juste m'assurer que tu feras pas de mal à mon fils. Je sais que j'ai été absent dans sa vie mais maintenant que je suis là, je m'assure des fréquentations de mon fils.
   
— Je croyais que tu n'avais rien à dire tant qu'il est heureux et que la personne avec qui il est le traite bien.
   
— C'est le cas, j'irai pas le voir en l'obligeant à couper les ponts avec toi. Je te connais pas, je sais pas si t'es sincère avec lui, que tu vas pas voir ailleurs tous les sept matins ou qu'au contraire tu ferais n'importe quoi pour lui faire plaisir et lui remonter le moral dès qu'il faut.
   
Il fronce les sourcils et doute.