By-Cœurs 4

Chapitre 39

Simon

    Le coach d'Antho vient de partir, Elise me demande de venir. Nous allons dans le jardin pour être tranquille. Elle s'assoit à califourchon sur mes cuisses et m'embrasse.
   
    — Je t'ai tant manqué que ça ?

    — Évidemment, ça doit bien faire une heure qu'on ne s'est pas vus, me taquine-t-elle.
   
    Elle veut aborder un sujet sensible, à chaque fois que c'est le cas, elle me prend à part et hésite sur comment commencer.
   
    — Arrête de te torturer ainsi, dis-moi ce qui te trotte dans la tête, l'interromps-je dans ses pensées.
   
    — C'est quand la dernière que tu as passé du temps avec Max ? Juste vous deux.
   
    — Oula, tu me poses une colle. On passe du temps ensemble tous les jours mais que tous les deux, je n'en sais rien.
   
    — Alice s'inquiète, apparemment elle a tout tenté pour aider son Maxou et je cite : « rien va mieux ». Il a besoin de toi, tu es son pilier et aujourd'hui, même s'il ne te demande rien, il faut que tu ailles lui parler sincèrement et comprendre ce qui ne va pas. Je sais que le club est confiné et que la salle de sport n'est pas prête, mais tu dois trouver une façon de passer du temps rien qu'avec ton frère.
   
    Je lui raconte qu'Antho m'a dit la même chose juste avant de descendre à la terrasse tout à l'heure. Max lui a confié l'autre soir qu'il ne voulait pas m'empêcher d'enfin aller mieux.

    J'embrasse Elise et la remercie de l'information lorsque mes trois frères arrivent avec les deux enfants pour jouer à la balançoire.
   
    Je laisse Tom et Aaron s'occuper des petits et propose à mon jumeau que nous allions faire un tour dans la forêt.

    Lorsqu'Anthony m'a dit que Max allait mal car nous ne passions pas assez de temps ensemble, j'ai réalisé que ça faisait plus un long moment que je n'ai pas pris le temps de discuter avec lui. Il faudra que je fasse plus attention à l'avenir, de façon à ce que nous passions du temps juste tous les deux. Même si avec Antho, nous commençons à trouver notre équilibre de triplé, Max reste fragile et je le mets de côté...
   
    Dès que nous sommes assez éloignés des oreilles qui trainent, je commence à lui poser quelques questions en douceur pour ne pas entrer trop vite dans le vif du sujet.
   
    — Tu te sens un peu mieux depuis les derniers événements ?
   
    — Ça va.

    La conversation risque d'être compliquée.
   
    — Qu'en pense le psy ?

    — Qu'il me faut du temps.
   
    Il retombe dans le silence. J'ai vraiment merdé avec lui...

  

    C'est la première fois que la situation entre nous deux est si étrange. Il sort toujours une blague pour détendre l'atmosphère en temps normal, pas aujourd'hui.
   
    Il semble fatigué, alors, quand il s'assoit contre un arbre, je me pose face à lui.
   
    — J'ai merdé, pas vrai ?

   — Ouais. J'ai besoin de toi Simon, en permanence. J'ai besoin de savoir que je peux compter sur toi, que tu seras là quand ça n'ira plus, que tu es là ! J'en peux plus des souvenirs, de la mort de Kate, de Delphine, des cauchemars... j'en vois pas le bout, ça fait deux mois que je discute avec ce psy et c'est de pire en pire. Je respire entre deux apnées, j'ai l'impression que ça ne pourra qu'être pire alors que toi tu te relèves. T'es heureux avec Elise, je veux ça avec Alice mais j'y arrive pas. Je n'ai pas la force de faire semblant en permanence et ça la rend triste, ses derniers mots sont étouffés dans un sanglot.
   
    Sans attendre, comme dans notre enfance, lors de ses crises de panique, je me place dans son dos et le serre contre moi.

    Mes larmes coulent, ma gorge se noue, mon cœur se craquelle... mon frère ne va pas bien et je n'ai pas été suffisamment là pour lui, pas autant qu'il en avait besoin.
   
    — Je te promets que je suis là, jour et nuit, viens me voir dès que tu en as besoin.
   
    À force de pleurer, sa respiration se saccade et je n'aime pas ça. Je lui chuchote que ça finira par aller mieux, il a besoin de plus de temps que moi, il ira mieux, il se remettra de tout ça.
   
    Constatant que mon jumeau ne se calme pas, je repense à un souvenir qui m'est revenu hier lorsqu'Aaron faisait écouter de la musique à Pauline.

    Kate nous chantait tous les soirs la même musique Breathe Me de Sia. Ni Max ni moi n'avons été capable depuis son décès de nous remémorer le titre de cette chanson ou ses paroles. Alors en l'entendant provenir de la chambre d'Aaron, je me suis senti apaisé d'un coup. Je n'ai jamais su pourquoi Kate aimait autant cette musique, elle ne voulait pas en parler.
   
    Dès que les premières notes sortent de mon téléphone, Max se calme et écoute avec attention. On profite juste de ce moment à nous, rien qu'à mon frère et moi. Chaque mot vibre en moi, chaque parole me rappelle de bons moments avec Kate, chaque phrase me ressource.
   
    Kate venait dans la chambre après notre brossage de dents du soir, en chantant avec un grand sourire, elle remontait la couverture jusqu'à mes épaules puis me souhaitait une bonne nuit en m'embrassant sur la joue. Quand ses lèvres frôlaient mon oreille, elle me répétait toujours les mêmes mots « N'oublie jamais, tu es un merveilleux petit garçon, c'est ce monde qui est mauvais, je t'aimerai toujours, ne change jamais. ». Juste après, elle prenait mon visage en coupe, plongeait son regard dans le mien avant de déposer un doux et tendre baiser sur mon front. Elle reproduisait la même chose avec Max. Souvent, elle restait jusqu'à ce qu'il s'endorme, car c'est lui qui avait le plus peur du noir.
   
    Mes pensées m'envahissent le cœur et sans comprendre pourquoi, je m'effondre en larmes contre l'arbre, mon corps n'est plus capable de me tenir droit.

    J'essaye d'inspirer, ma cage thoracique est bien trop comprimée. Pour tenter de faire passer l'air, je lève la tête, en apercevant mon père arriver au pas de course, un soulagement général se ressent dans mon corps.

    Il m'a promis de toujours être là, de ne pas m'abandonner quand ça ne va, aujourd'hui il respecte sa promesse.

    Le réaliser me fait encore plus verser de larmes. Bien trop d'émotions circulent dans mon corps, j'en suis submergé à ne plus savoir gérer. Mon père se laisse tomber à genoux et nous prend dans ses bras.
   
    — Je suis là les garçons. Papa est là, ça va aller. Vous n'êtes pas seuls.
   
    La musique tourne en boucle, elle se répète pour la dixième fois peut-être, je crois avoir plongé si loin dans mes pensées que j'en ai perdu la notion du temps.
   
    Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes dans la forêt, le soleil se couche et je suis exténué.

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Difficile moment pour les jumeaux 💔

Heureusement Samuel est arrivé à temps 🥺

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩

Bon jeudi à vous ☀️

À samedi pour le prochain chapitre 😁

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