Chapitre 68

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Anthony

    Mon père voulant discuter avec Logan, j'ai été prendre une douche. Je me laisse tomber dans mon fauteuil et attrape ma guitare pour gratter dans le calme et me détendre de la journée plutôt mouvementée.

    Logan entre, les cheveux mouillés, la serviette autour des hanches, son corps humide me met l'eau à la bouche.

    — Tu te laves sans moi ? l'embêté-je.

— Je t'ai entendu dire à un de tes frères que t'allais prendre une douche, donc je suis obligé de me laver seul. Après, si tu veux qu'on y retourne, je dis pas non.

    — Que voulait mon père ?

— S'assurer que je ne fasse pas mal à son fils chéri.

    J'éclate de rire. J'ai bien compris que mon père ferait n'importe quoi pour ses enfants mais de là à menacer Logan, parce que connaissant mon père, il ne sait que menacer, je ne peux que rire. Ce mec est doux comme un agneau, il ne me fera jamais de mal, il en est incapable.

    Quand nous avons commencé le rugby, il n'arrivait pas à plaquer quelqu'un au sol, son père s'arrachait les cheveux pour lui faire comprendre que c'est nécessaire et que même s'il y a une blessure, c'est le but du jeu. Lorsque je l'ai plaqué au sol la huitième fois d'affilée, il en a eu marre et a enfin réagi, je n'ai jamais autant ri que ce jour-là, son plaquage était tellement doux que ç'en était un câlin.

    Logan pose sa main sur ma joue et ses lèvres se pressent en douceur contre les miennes.

    — Rejoue-la. Je veux que tu me la chantes face à face. Et tu me l'enregistreras, je veux pouvoir l'écouter n'importe quand.

    — Je l'ai déjà en enregistrée mais avec une petite faute de français. Ta mère me l'a corrigée juste avant que je te la chante.

    — Ma mère ? Depuis quand est-elle au courant ?

    — Depuis deux mois, j'ai commencé à travailler dessus et je lui ai demandée si elle pourrait s'assurer que ça soit français et cohérent.

    Il n'en revient pas qu'elle n'ait rien dit. Il s'assoit sur le lit, face à moi et son regard plonge dans le mien. Mes doigts appuient sur les cordes et je chante à voix basse pour ne pas réveiller les petits qui dorment.

    « J'ai laissé le silence provoquer tant de douleur

    Je dois leur avouer pour pouvoir supprimer mes peurs

    Je réalise aujourd'hui à quel point j'ai tout détruit

    C'est à cause de moi que notre histoire en est salie »

    Mon silence l'a blessé, même s'il m'assure ne pas m'en vouloir, il a été blessé. Il n'attendait qu'une chose depuis des mois, que je leur dise...

    « Les regrets envahissent toutes mes nuits

    Mon cœur saigne et se brise de ton absence

    Les larmes coulent car je sais que j'ai fui

    Tout ce que tu voulais c'était avancer »

    Je m'en voudrais encore longtemps de lui avoir fait du mal. J'ai perdu tellement de temps à avoir peur... Le seul point positif, c'est que son absence m'a fait réaliser à quel point je l'aime.

    « Je n'ai pas eu le courage jusqu'à maintenant

    S'il te plaît ne me rejette pas maintenant »

    Ma plus grande peur c'était qu'il se lasse et j'aurais compris si ça avait été le cas.

    « Revenir en arrière supprimer mes barrières

    Ton amour est mon guide dans mes jours les plus lourds

    Je voudrais effacer toutes mes incertitudes

    Ton amour est mon refuge les jours de déluge »

    Les barrières que le cerveau s'inflige sont atroces, elles nous hantent des nuits entières pour disparaître seules du jour au lendemain.

    « Ton absence reflète ma solitude

    Perturbant chacune de nos habitudes

    Durant les longues nuits le froid m'enveloppe

    Dans l'obscurité l'espoir se développe »

By-Cœurs 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant