By-Cœurs 4

Chapitre 24

Samuel

  Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de nos fils ainés. Neymar autant que moi nous prenons un coup de vieux, ils fêtent leurs vingt-cinq ans. Tom est né le 21 à 23 h 55 et Aaron le 22 à 00 h 02, ils soufflent toujours leurs bougies une seconde avant minuit.

Mon frère a décidé que nous passions leurs anniversaires avant d'attaquer le cartel.

Alice fait les gâteaux avec Dimitri, elle s'en sort de mieux en mieux, il la laisse tout faire en la guidant avec sa voix. Il n'intervient que pour la mise au four, elle en a toujours peur depuis sa brûlure.

Max a vu le psy hier et s'est enfermé dans sa chambre juste après, je pensais qu'il avait besoin d'une nuit de sommeil pour se requinquer, sauf qu'il est 14 h et il reste à l'étage. Simon a suggéré d'éloigner Alice pour laisser Max se reposer, c'est là que Dimitri a proposé les gâteaux.

Toc,

Toc,

Toc.

Il me laisse sans réponse, j'entre en faisant attention de ne pas émettre le moindre bruit pour ne pas le réveiller. Il ne dort pas, le regard dans le vide, il fixe le plafond. Je retire mes chaussures et m'allonge à côté de lui. Les mains croisées sur le ventre, je patiente, il ne se décide pas à parler. Alors je commence en douceur.

— Comment tu te sens ?

— Mal...

— Pourquoi tu te sens mal ?

— Si j'avais accepté que mes pensées m'envahissent plus tôt, j'aurais su qu'Alice allait mal et je l'aurais cherché bien plus tôt... elle aurait souffert mais pas aussi longtemps... sauf que je me suis interdit songer au passé donc à elle aussi...

Il s'en veut, je comprends pourquoi, pourtant, il n'aurait jamais rien pu faire. Cet été, quand je suis allé à l'orphelinat, j'ai voulu constater de mes propres yeux le sous-sol. Je ne pensais pas trouver le congélateur dont Simon avait parlé.

Le détail qui m'a choqué, c'est un conduit d'eau qui résonnait derrière l'armoire, j'y ai découvert une porte et un peu plus loin, prostrée dans le fond, une petite fille. En la touchant, elle s'est mise à hurler à s'en briser les cordes vocales. Je me suis immédiatement écarté tout en tendant l'oreille. Elle a prononcé Maxou une dizaine de fois avant de plonger dans le silence. Je n'ai pas hésité une seule seconde avant d'appeler Max puis de prévenir Neymar qui était dans le bureau.

— C'est tellement douloureux Papa... j'y pense tout le temps, j'aurais dû faire quelque chose plus tôt.

Sa voix de brise et je me tourne vers lui. Je refais face à ce petit garçon perdu.

Pour l'instant, je ne sais pas lui répondre alors je glisse une main sous sa nuque et l'autre se pose dans son dos pour le rapprocher et le serrer contre moi.

Je me sens comme le pire père du monde... rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais cherché Delphine le jour où elle a fui.

En rentrant d'une balade avec Neymar, Mélissa est venue m'annoncer que Delphine préférait partir et qu'elle n'a pas réussi à la convaincre de rester.

Le fait qu'elle m'ait laissé Aaron, m'a poussé à la laisser faire sa vie de son côté. Si j'avais cherché un peu plus, creusé dans les paroles de Mélissa, j'aurais récupéré au moins Maxime et Simon.

Le plus violent dans tout ça, c'est qu'elle m'ait volé les prénoms. Quand elle était enceinte d'Aaron, je lui ai suggéré Anthony, Maxime, Simon. Elle n'aimait pas, elle détestait même. Nous avons convenu d'Aaron lorsqu'il est né et que ces prunelles bleues ont croisé les nôtres. Même si les prénoms des triplés me plaisent, elle leur a donné sans mon accord pour les séparer quelques jours après et en abandonner deux...