Chapitre 32

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Simon

En soirée le même jour

  Les mots que prononcent Aaron se répercutent les uns après les autres dans ma tête et je déteste ça... La haine que j'avais pour Delphine ne fait qu'augmenter... La violence que j'arrive à canaliser onze mois sur douze, me bouffe et grandit au plus profond de moi.

Lorsque mes frères proposent d'aller regarder un film, j'accepte en espérant penser à autre chose, même si je n'ycrois pas trop.

Je ne suis absolument pas concentré, j'ignore quel est le film diffusé.

À peine est-il terminé qu'Aaron et Tom emmènent les enfants se coucher, Antho et Alice se lèvent et montent également. Andrea les rejoint et Riley va se coucher.

Je reste avec Max dans le salon. À l'identique de notre enfance chez Kate, nous faisons notre séance de discussion en nous allongeant sur les canapés, en perpendiculaire l'un de l'autre, nos têtes se touchent.

— Comment est-ce possible qu'elle nous déteste autant ? commence mon jumeau.

— J'en sais rien. Je ne comprendrai jamais qu'elle se comporte comme elle le fait.

Je crois que j'aimerais connaître la réelle raison de son départ. Je n'arrive pas à croire que le simple fait d'être enceinte l'ait poussée à fuir le club. Peut-être, est-ce la vérité, si c'est le cas, ça ne me convient pas et je ne l'accepterai jamais...

Je sais que mon frère pleure, cependant il ne me demande rien alors je le laisse dans ses pensées. Tant qu'il entre pas en crise, je n'interviens pas. Lui comme moi, nous avons besoin d'être l'un à côté de l'autre sans forcément interagir verbalement.

— Tu crois qu'Antho nous en veut d'avoir nui à son lien avec Delphine ?

Je souffle un coup, ce n'est pas la première fois qu'il me pose la question, en général je réponds que non sauf que ce soir, je ne suis plus aussi sûr de moi que d'habitude.

— Il était le seul à avoir unebonne relation avec elle et on lui a foutu en l'air... me reproché-je.

Nous sursautons en voyant Aaron etAntho. Nous ne changeons pas de sujet, c'est le moment d'avoir une discussion tous les quatre. D'entendre les ressentis et les avis de mes frères.

— Vous croyez vraiment que je pourrais vous en vouloir ? À cause d'elle, vous avez eu une enfance de merde. Même si elle s'est occupée de moi et que je n'ai rien à lui reprocher sur mon éducation, vous n'imaginez pas à quel point je la hais de nous avoir séparés. Je ne veux pas de l'enfance que vous avez eue, mais si je devais faire un choix, je foncerais tête baissée vivre avec vous dans cet orphelinat de merde juste pour ne pas qu'on soit séparés. Ce qu'a fait Delphine est injustifiable, impardonnable et intolérable.

Il la hait... il serait venu avec nous pour subir ensemble plutôt que nous soyons séparés...

— Elle ne sait même pas que j'ai pris le nom de Papa, soupire-t-il.

Nous avons reçu le courriel officiel au début du mois, ils ont mis six mois à valider la reconnaissance paternelle de nos trois dossiers.

— Papa est au courant de l'appel ? demandé-je à Aaron.

— Alex va l'en informer sur la route du retour si tout se passe bien.

Il va péter un plomb. Il ne supporte pas ce que Delphine a fait et encore ce que nous avons subi. Alors apprendre les mots qu'elle a utilisé contre nous va l'énerver.

Mon cerveau ne cesse de me rappelerqu'aux yeux de génitrice je ne suis rien...

Mes émotions me prennent à la gorge,alors je préfère partir et laisser mes frères seuls.

Je monte les marches comme s'il s'agissait d'un effort surhumain et entre dans la salle de bains. L'eau coule et les mots d'Aaron ne disparaissent pas.

Sans force pour rester debout, je cède au poids de mon corps et m'assois au sol, les genoux contre la poitrine. « Àses yeux, nous ne sommes rien. » « J'étais une erreur. »« Pour elle, Max et Simon vous n'êtes rien. » Comment peut-elle dire des choses comme ça... ? Je ne veux pas d'elle comme mère, mais entendre ça ne peut que me faire mal.

La porte s'ouvre et je n'ai pas la force de lever la tête pour voir qui s'approche. Je reconnais le tatouages Elise qui part de sa cheville. Elle coupe l'eau et attrape ma serviette de douche qu'elle pose sur mon dos. Ses douces mains caressent mes joues et prennent mon visage en coupe. Elle me redresse la tête.

— Hey mon Captain. Je suis là. Laisse-moi t'aider.

Ses lèvres se posent sur les miennes avec autant de tendresse qu'au premier jour.

Elle prend mes mains et m'encourage à me lever. Lorsque nous sommes debout, ses bras m'entourent la nuque pour me faire un câlin. Mon corps répond de lui-même en la serrant contre moi.

— Je t'aime. Ton père t'aime. Tes frères t'aiment. Tes oncles t'aiment. Elle n'est rien, elle ne compte pas. Nous, on est là. On sera toujours là. Ne la laisse pas t'atteindre et te faire du mal alors qu'elle ne vaut rien, murmure-t-elle au creux de mon oreille.

Mes larmes coulent toutes seules. Ses mots me font du bien, ils sont réels, je le sais. Elise ne ment jamais sur sessentiments.

— Habille-toi et on va se coucher.

Pas une seule seconde elle ne me quitte. Elle reste avec moi, et d'une certaine façon, son attention me rassure.

À peine atteins-je le matelas que je m'écroule sous les sanglots. Des années entières à espérer le moindre signe d'une mère qui avait une raison pour m'avoir laissé chez le Bourreau, pour au final découvrir qu'elle me déteste, qu'elle ne m'a jamais désiré et que je ne suis rien à ses yeux. Ça fait mal, je mentirais si je disais que je m'en fous de ses mots. Je voudrais que ça ne m'atteigne pas et me ficher de son avis, mon cerveau le souhaite mais pas mon cœur. Que je le veuille ou non, j'ai toujours espéré qu'elle me demande de la pardonner pour m'avoir abandonné et que maintenant elle est prête à s'occuper de Max et moi. Mais non, elle n'en a rien à foutre et ça me brise de l'intérieur.

Elise me serre dans ses bras, me console dans le silence. C'est comme si elle savait que j'avais besoin de rester pensif, elle ne me parle pas mais me montre par sa tendresse qu'elle est présente pour moi. Je suis incapable de prononcer un mot et pourtant je voudrais la remercier de sa patience, de sa présence, de qui elle est, d'à quel point sans elle je m'enfoncerais probablement dans l'alcool pour oublier tout mon passé.

Elle me montre son amour en restant à mes côtés et en me câlinant. À l'instant T, j'ai besoin de son affection et elle le sait.

Le matelas s'enfonce à côté de moi et une main se pose sur mon épaule. Une rassurante sensation d'apaisement m'envahit. Il me faut un long moment pour comprendre que c'est mon père. Mes larmes redoublent d'intensité. Bien trop d'émotions circulent en moi, je ne sais plus ce que je ressens.

— Aussi longtemps que tu auras besoin de moi cette nuit et les prochains jours, je resterai ici Simon.

Une certaine sécurité m'enveloppe, je me laisse bercer par les mots de mon père qui me protègent et mes yeux se ferment tout seuls.

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Delphine a eu des mots bien violents pour de pauvres enfants brisés... 🥺



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 😕



Bon lundi à vous ☀️

À mercredi pour le prochain chapitre 😏



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By-Cœurs 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant