By-Cœurs 4

Chapitre 97

Anthony

Je suis dans la chambre de mes frères. En salle de réanimation les espaces sont séparés dans des rideaux, nous avons laissé celui entre Aaron et Tom ouvert.
   
Deux jours que nous sommes ici, que leur pronostic vital est engagé. C'est horrible...
   
— Sérieux les gars... vous n'allez pas nous faire patienter des semaines entières ? Pablo va se réveiller Tom, tu ne seras pas là pour rassurer ton fils. Papa va retrouver Pauline, elle va avoir besoin de son père, Aaron. Il faut que vous vous réveilliez. Elise refuse de quitter la chambre de Pablo. Elle est terrorisée à l'idée qu'il vous arrive quelque chose de pire. Alice ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Papa reste dans notre salle d'attente, il n'arrive même plus à réfléchir alors Neymar l'a obligé à rester ici avec nous pour l'instant. Andrea et Riley sont rentés s'occuper des animaux.
   
Ce silence est perturbé par les bips des machines qui tiennent mes frères en vie m'arrachent les tympans.
   
— Je repasse tout à l'heure. Ne nous lâchez pas, on a besoin de vous.
   
Je reste silencieux et sors. Sean m'accompagne jusqu'au service pédiatrique.
   
J'entre et découvre Elise allongée dans le lit en serrant Pablo dans ses bras. Je prends la couverture pliée sur la barrière de sécurité et la pose sur Elise. Après l'avoir embrassée sur la tempe, je fais le tour du lit et pause ma main dans les cheveux de Pablo.
   
— Salut petit guerrier. Tu respires tout seul maintenant, c'est super. Il va falloir que tu ouvres les yeux bientôt, t'as suffisamment dormi. On restera avec toi aussi longtemps que tu seras ici. Quand tu pourras sortir, on rentrera à la maison. Ton Papa aussi fait un gros dodo. Je suis sûr qu'il se réveillera quand on saura que tu vas bien. Il ne veut pas s'inquiéter inutilement, alors il préfère dormir pour l'instant. Tu vas devoir nous montrer que tu vas bien en bougeant tes jambes et tes bras. Le docteur s'inquiète pour ta jambe gauche et nous aussi, on veut être sûr que tu n'as mal nulle part.
   
Je replace son doudou à côté de lui, l'odeur rassurante peut l'aider, sait-on jamais...
   
Ce matin, le médecin a décidé de lui retirer le respirateur artificiel et il respire tout seul tout en gardant le masque à oxygène. L'IRM qu'il a passée montre que la luxation a été réduite. Les médecins ne savent s'il aura des séquelles, il faudra que Pablo marche pour vérifier. Ils n'ont pas pu plâtré sa jambe, dès qu'ils la tendent, sa tension augmentent bien trop.
   
Sa main paraît si petite dans la mienne. À mon contact, ses doigts remuent.
   
— C'est bien mon guerrier, continue. Tu dois ouvrir les yeux maintenant. Je sais que je t'en demande beaucoup mais c'est important.
   
Il papillonne des cils, ses paupières qui semblent peser une tonne s'entrouvrent et son regard croise le mien.
   
— Hey, salut toi. Est-ce que tu as mal quelque part ?
   
Il tend les bras vers moi, je décale la main d'Elise et le prend contre mon torse en faisant bien attention aux perfusions.
   
— Tu dois garder le masque, il t'aide pour bien respirer.
   
J'appuie sur la sonnette pour appeler une infirmière.
   
— Je veux Papa... chouine-t-il.

    — Papa ne peut pas venir. Regarde, Marraine est juste là. Elle dort, tu faisais dodo avec elle.
   
Il paraît ailleurs, encore un peu dans les vapes. Les larmes coulent toutes seules, il cherche un repère, j'attrape tout de suite son doudou et le lui donne.
   
Toc,
    Toc,
    Toc.
   
— Vous avez sonné ? m'interroge-t-elle avant de poser les yeux sur le petit koala dans mes bras. Bonjour Pablo. Comment te sens-tu ?
   
Plus l'infirmière s'approche, plus il prend peur et enfouie sa tête dans mon cou.
   
— Je vais chercher le médecin, ne l'embêtons pas maintenant.
   
Elle ressort et je décide de réveiller Elise. Encore endormie, elle tâte le lit et ouvre les yeux en panique.
   
— Pablo est dans mes bras.
   
Le soulagement se lit sur son visage, elle se lève et lui fait un bisou sur le front, il refuse de quitter mes bras.
   
Le pédiatre arrive à son tour avec les Docteurs Ritchild et Lawftkiz.
   
— Tu te souviens de moi ? On se voit le mercredi ? commence Lawftkiz.