Chapitre 10

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Aaron

En fin de matinée le même jour

    La maison est vraiment calme depuis le départ des filles. Pauline est détendue dans la douche. Elle fait des bulles et sourit.

    La journée d'hier fut compliquée, elle était complètement déphasée. Cette nuit, elle a fait plusieurs cauchemars mais a réussi à dormir. Pablo c'est autre chose, il se mure dans le silence. Les deux acceptent de manger avec les mains ou que nous utilisions la cuillère.
   
    Après l'avoir séchée, je l'habille en lui rajoutant une veste d'Elise quand elle avait dix ou douze ans, soit la plus petite taille que nous avons, et nous descendons.

    Les ecchymoses changent déjà de couleurs, les plus anciens s'atténuent pendant que les plus récents s'assombrissent.
   
    J'attrape un paquet de biscuit et un yaourt puis me dirige vers la porte pour sortir, il est temps de prendre un peu l'air.
   
    Au moment où je mets un pied dehors, Pauline se retient de toutes ses forces à la porte.

    — Qu'est-ce qu'il y a ?

    — Je veux pas...

    — Ça te fait peur de sortir ?

    Elle hoche vivement la tête.

    Je la pose au sol dans la maison et me place dans le jardin en m'accroupissant. De ses yeux effrayés, elle m'observe longuement.

    — Je reste là autant de temps que tu as besoin. Quand tu es prête, tu me rejoins.
   
    Plusieurs émotions passent sur son visage, la peur, la curiosité, l'hésitation, l'appréhension. J'ai juste envie de la prendre dans mes bras et de la rassurer, toutefois, je sais que ce n'est pas la bonne méthode dans cette situation.

    Je sais que j'ai raison au moment où elle ose faire un premier pas. Je lui tends la main, elle l'attrape avec un minuscule sourire. Pour diminuer l'angoisse qu'elle ressent, elle aspire l'intérieur de ses joues.

    — Tu fais le poisson ?

    Je l'imite. Les prunelles rieuses, elle avance sans inquiétude jusqu'à rejoindre mes bras. Elle sourit de plus en plus, je ne l'ai pas encore entendue rire.
   
    Elle replace sa tétine dans sa bouche et observe la nature. J'avance lentement pour lui laisser le temps de tout voir.
   
    Sa respiration accélère quand elle aperçoit les frangins à la terrasse.
   
    Lorsque je m'assois, elle cache son visage dans mon cou. Les triplés qui arrivent de la forêt s'assoient à côtés et face à moi rassurant Pauline, elle les reconnaît. Max va mieux aujourd'hui, il est moins pâle, il a accepté de sortir prendre l'air
   
    Puisque mademoiselle a fait la grasse matinée, les premiers plats pour le déjeuner arrivent à table. L'odeur du gratin de pomme de terre lui donne faim. Stella, la régulière de Steevy, apporte une assiette bien plus petite et la sert.

    — Je vais lui chercher une serviette, m'informe-t-elle.
   
    Au même moment, Tom arrive avec Pablo et s'assoit à ma droite.
   
    Stella revient avec une deuxième assiette et pose des couverts. Les estomacs des deux petits gargouillent. Je prends la fourchette et attrape un premier morceau sauf que Pauline prend peur, tout comme Pablo.

    Les deux respirations sont saccadées, Pauline se raidit dans mes bras. Elle devient très pâle. Les conversations autour s'arrêtent. Et avant que je ne réagisse, Simon m'arrache la fourchette des doigts.

    — Si elle a peur comme ça, c'est que Mike ou Stan ont joué sur elle avec l'objet en question ! Et aussi sur Pablo apparemment, explique sèchement Max.
   
    L'adaptation va être aussi compliquée qu'avec Alice j'en ai bien peur... Sans attendre, je tourne Pauline vers moi et la serre dans mes bras.

By-Cœurs 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant