Aaron
Après qu'elle se soit lavée les dents, j'accompagne Pauline dans mon lit.
Toutes les nuits, elle fait des cauchemars, ils sont beaucoup moins violents qu'au début mais elle a besoin de moi pour s'en remettre et se rendormir.
J'ai discuté plusieurs fois avec elle pour lui mettre un lit rien qu'à elle dans un coin de la chambre, elle n'est pas encore prête à me quitter la nuit. Non pas qu'elle me dérange, je pensais que c'était mieux qu'elle ait son propre lit.
Elle attrape ses doudous et s'allonge pour que je lui lise une histoire. J'aime ce rituel du coucher, ce moment à nous dans le calme, sa petite bouille fatiguée et qu'elle réclame des bisous et des câlins avant de s'endormir et serrant son doudou lumineux.
— Tu vas faire un gros dodo et si tu as besoin de moi, tu m'appelles et je viens comme à chaque fois. D'accord ?
Ça me semble important de lui répéter tous les soirs que je suis à côté et que je ne la laisserai jamais dans la peur.
— Oui. Papy y vient quand ?— Papy reviendra dimanche, dans trois dodos.
Depuis quelques semaines, je travaille les chiffres, les jours et les mois avec elle. Elle assimile de mieux en mieux. Je ne sais pas encore comment faire avec l'école, elle est censée commencer l'an prochain, pour ses cinq ans. J'appréhende à la fois qu'elle soit hors du club et qu'elle se retrouve avec d'autres enfants alors que c'est encore une partie du monde qu'elle ne connaît pas. J'ai la possibilité de lui prendre un instituteur à domicile, est-ce la solution ? J'ai encore le temps pour y réfléchir. Pablo est bien trop apeuré de tout ce qui l'entoure, Tom ne le mettra pas dès ses cinq ans, il ne veut pas brusquer son fils.
— D'accord.— Bonne nuit ma poupée, je t'aime. Tu m'appelles si besoin.
Elle hoche la tête et ferme les yeux. Je l'embrasse sur la tempe et la borde. J'accroche le babyphone à côté du talkie, sur ma ceinture, et sors.Comme tous les soirs avant de redescendre, je reste dans la chambre d'Elise une demi-heure. C'est le temps nécessaire à Pauline pour s'endormir et plonger dans un sommeil profond ou se réveiller en panique et hurler à cause d'un cauchemar.
Lorsqu'elle s'endort sans cauchemarder, elle est tranquille jusqu'à environ trois heures du matin avant un nouveau réveil en panique.
Rania apparaît dans l'embrasure de la porte et vient s'asseoir à côté de moi.
— C'est Elise qui m'a informée de ton rituel du soir. Alors, je me suis dit que nous serions tranquilles pour discuter puisqu'apparemment nous n'avons plus le droit de sortir.
— Exact. Nous pouvons sortir mais en restant proche de la maison et uniquement si nous avons notre arme avec nous.
Elle acquiesce et cherche ses mots. J'ai une vague idée de ce dont elle veut que nous parlions.Elle s'est mise toute seule dans le pétrin alors je vais la laisser s'en dépatouiller.
— Je t'ai un peu menti. Ce n'était pas dans le but de faire du mal à quelqu'un mais juste pour protéger mon meilleur ami...
— Mais encore ?— Il se peut que je ne sois pas tant que ça lesbienne.
— D'accord. Pourquoi tu m'en parles ?
Je la prends au dépourvu, son sourire diminue, elle en perd son assurance. Elle hésite et finit par se lever.
— Non, pour rien. Laisse tomber. Je vais voir les garçons.
Lorsqu'elle tourne la poignée pour sortir, je la rattrape et lui prends la main.Un sourire taquin sur les lèvres, je fais pivoter son corps pour qu'elle soit face à moi. Je me note à moi-même de ne pas aller trop loin si je l'embête, elle n'appréciera pas.
— Je te taquine. Je sais depuis quelques jours que tu n'es pas lesbienne et que tu m'as menti pour soutenir mon frère. Il n'y pas de souci.
Mes mains sur ses hanches, je veux garder cette proximité. Elle relève la tête en se mordillant la lèvre avant d'afficher un sourire qui creuse sa fossette.Ses iris noisette m'envoûtent, je suis incapable de regarder ailleurs et je n'en ai aucune envie.
— Tu me plais toujours autant, je ne te le cache pas, c'est toi qui as les cartes en mains, l'informé-je.
— Tu me plais aussi, j'admets que j'ai eu du mal à garder une distance entre nous. Si je t'embrasse, ça voudra dire quelque chose pour toi ou ça sera juste une occupation de quelques jours ?
— Autant l'un que l'autre. Ça peut autant vouloir dire quelque chose qu'être une simple occupation. Je prends la vie comme elle vient. Si ça venait à n'être qu'un coup d'un soir, c'est que la vie a décidé que ça n'irait pas plus loin. Par contre, si rien ne vient se mêler, qu'on passe des bons moments et que nous ne voyons pas le temps passer ensemble alors que dès que nous ne sommes plus dans la même pièce le temps se rallonge, la vie a décidé que nous sommes faits l'un pour l'autre.
— Et si la vie décide que tu croises une autre fille qui te plaît, que se passe-t-il ?
L'inquiétude se lit dans son regard, elle n'a pas envie que je joue avec elle.
— Je ne trompe pas, si je suis en couple je ne vais pas voir ailleurs. Si ça ne se passe plus bien entre nous, on en discute.
Ce que je dis, lui plaît. J'ai bien l'impression qu'elle voit les choses de la même manière que moi.
Sa langue humidifie ses lèvres avec une certaine sensualité que j'aime. Son regard passe de mes lèvres à mes yeux. Elle pose sa main sur ma joue en hésitant un instant et lorsque nos lèvres se rapprochent, nous sommes interrompus.
— PPPPPAAAAAPPPPPAAAAA !— Tu m'excuseras, Pauline vient de faire un cauchemar.
— Pas de souci, c'est normal.Je sors de la chambre et trouve Pauline dans le couloir. Le regard hagard, elle recule quand je m'approche, alors je m'accroupis.
— Ma poupée, c'est Papa.Un clignement de paupières suffit, elle se jette dans mes bras et sanglote.
— C'est encore le même cauchemar ?— Oui... le monsieur y vient et y m'oblige à ouvrir la bouche... chouine-t-elle.
Un bras sous ses fesses pour la porter, ma main libre lui papouille les cheveux. Son pouce dans la bouche, elle s'apaise.
Toutes les nuits ce souvenir refait surface. Le psy m'a expliqué que c'était le premier viol qu'elle a subi, celui qui l'a le plus marquée.
— Papa, je veux pu dormir...
— Veux-tu que nous regardions un film ?
Elle veut bien donc je prends mon ordi et lui propose que Rania regarde avec nous, elle accepte.
Semi-allongé dans le lit, Pauline se pelotonne un peu plus contre moi avec son doudou et sa couverture.Rania s'installe à côté de moi, j'entrecroise nos doigts pour lui faire comprendre que notre conversation est juste mise en suspens, nous reprendrons plus tard. Je souris lorsqu'elle pose sa tête contre mon épaule.
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Aaron est d'humeur taquine 🤭
Mais sa fille est maintenant sa priorité ♥️
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩
Bon mercredi à vous ☀️
À vendredi pour le prochain chapitre 😁
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By-Cœurs 4
RomanceCommencée le 14 janvier, terminée le 1er septembre. By-Cœurs tome 4 est la suite de By-Cœurs 3 Et si pour ce tome, vous plongiez sans connaître le moindre détail. Vous allez découvrir l'histoire en même temps que les protagonistes. Bonne lecture...