Elle

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Point de vue d'Alison

What ? Je rêve où il vient de me faire une déclaration. Non, non, non, il ne peut pas me dire ça. Pas à moi qui suis tellement insignifiante.

- Si on s'éloignait d'ici ? Je t'invite à boire un verre.
- Euh... ok.

Mais non ! Pourquoi j'ai accepté moi ? Boire un verre avec un total inconnu ? Mais où sont passés toutes les recommandations de mon père et d'Olga ? Celles de ne jamais suivre un inconnu. Je n'en sais rien. Ce que je ne comprends pas, c'est que cet homme m'énerve mais me trouble à la fois. Il me tient toujours la main, on dirait un couple d'amoureux et je souris à cette idée d'être en couple avec lui. Non mais franchement Ali, arrête d'être aussi bête, jamais tu ne seras en couple avec lui. Nous entrons dans un pub et allons nous assoir à une table. C'est bien plus calme que la boîte de nuit. Il y a un piano et un homme en joue. Une fois installés, il me regarde avec une telle intensité que je sens le sol se dérober sous mes pieds. Brisons ce silence sinon je vais devenir dingue.

- Alors heu... Qu'est-ce que tu veux savoir sur moi au juste ?
- Tout...

Waw ! Au moins c'est direct. Mais ne croit pas mon coco que je vais te raconter ma vie en détail. Le serveur arrive...

- Bonjour. Qu'est-ce que je vous sers ?
- Un diabolo menthe pour moi et un lait fraise pour mon amie.
- Très bien.

Le serveur s'en va. Il est sérieux ? Comment a-t-il deviné que je prendrais un lait fraise ?

- Ça va, ne me regarde pas comme ça. C'est stupide mais j'ai bien vu à la boîte ce que tu buvais, pas d'alcool et une préférence pour le lait fraise pour les boissons non alcoolisées.

Et bah... voilà, lui aussi lit en moi comme dans un livre ouvert c'est dingue. Je suis si facile que ça à déchiffrer ?

- Et toi ? Pas d'alcool non plus ?
- Non je préfère sans alcool parce que si je me bourre la gueule d'une, je n'arriverais plus à discerner ton joli visage et tes yeux d'ange et de deux, au bout d'un moment je risquerais de ne plus t'écouter et j'ai envie d'en connaitre un peu plus sur toi.

Et Bam ! Prends ça dans ta face Ali. En même temps je l'ai cherché. Mais qu'est-ce qu'il est beau quand il me sourit et ses yeux...

- Du genre ?
- Bah... ton prénom pour commencer...
- Oh... euh Alison, je m'appelle Alison.
- Ravi, moi c'est Joey, me dit-il dans un divin sourire

Joey ce prénom me semble si romantique. Voilà, remarquez, je vais pouvoir mettre un prénom sur son visage.

- Alors la musique tu en fais depuis longtemps ? Me demande-t-il l'air interressé.

Le serveur nous apporte nos consommations.

- Depuis toujours en fait. J'ai appris avec ma maman.
- Ta maman est musicienne ?
- Étais... ma maman est morte.
- Oh ! Je suis navré...

Je lis sur son visage la gêne et une tristesse à la fois.

- Je l'ignorais, dit-il avec un air dépité pour moi. Je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs.
- Non, non, pas de problème. Elle est morte quand j'avais 6 ans, j'ai fait mon deuil.
- Oh ! d'accord.

Malgré tout je sens bien qu'il est peiné pour moi. De grâce, qu'il ne me regarde pas comme si je faisais pitié d'avoir perdu ma maman si jeune.

Point de vue de Joey

Elle me regarde avec ses jolis yeux émeraude. Alison... ce prénom est si doux. Et moi comme un idiot qui lui parle de sa maman. J'ai trop envie de la prendre dans mes bras pour la consoler mais je vois bien à son regard qu'elle ne veut pas qu'on ait pitié d'elle, alors je n'en ferais rien.

- Et ton père ?
- Quoi mon père ?
- Il est toujours là ?

Outch ! Pourquoi je lui demande ça ? Si lui aussi n'est plus de ce monde, elle va partir en courant. Quel idiot je fais par moments.

- Mon père est toujours là, oui. Même si son travail l'amène à partir souvent en voyage.
- Alors tu es toute seule ?
- Non pas vraiment, je reste avec Olga notre gouvernante.

Une gouvernante ? Alors cette fille doit être une riche héritière pour avoir une gouvernante chez elle. Mon Dieu qu'est-ce qu'elle doit en avoir à faire d'un pauvre petit professeur de Français fraichement diplômé et issu d'une famille d'ouvriers ?

- Ça va ? Me demande-t-elle.

Je relève la tête et la regarde. Elle a l'air inquiète pour moi.

- Oui ça va. Dis ? Si vous avez une gouvernante, vous devez avoir les moyens ? Je veux dire, être riche.

Elle me fixe comme si je venais de la démasquer.

- Mouais, enfin la richesse ne fait pas tout.
- Comment ça ?
- Oh ! Je me comprends.
- Non vas-y, dis-moi.

J'attends d'en savoir plus et elle a l'air d'hésiter mais je crois deviner.

- Non... attends, laisse-moi deviner, riche mais seule continuellement, c'est ça ?
- Je suis pathétique, n'est-ce pas ?

Son regard s'assombrit tout à coup comme si elle allait pleurer. Oh ! Non, pas ça, je ne voulais pas la faire pleurer.

- Non, non pas du tout.

Je ne sais pas comment lui faire oublier ce que je viens de lui dire. Oh ! Si, je sais ! Je commence à faire des grimaces. Au départ elle me regarde comme si j'étais un fou mais plus je grimace plus ses yeux retrouvent leur joie et son sourire revient.

- Ça va, c'est bon, arrête ! Je vais pas pleurer, de toute façon je suis habituée.
- Tu es sûr ? Parce que si tu pleures à cause de moi je ne m'en remettrais pas.
- Non, je ne vais pas pleurer. Mais j'avoue qu'aujourd'hui est un jour spécial et que je suis seule pour fêter ça.
- Et quel est ce jour si spécial ?

Lui dit-je d'un ton amusé.

- Je fête mes 18 ans.

Quoi ? Comment ça elle fête ses 18 ans, seule ? Moi je me souviens à mes 18 ans, on m'avait organisé une méga fête surprise d'anniversaire.

- Pardon ? Comment ça tu fais tes 18 ans, seule ? Tu n'as pas d'amis ?

Elle me fusille du regard. Cette fille peut passer du regard tendre et rieur au regard de tueuse en un instant.

- Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Ce que j'ai voulu dire c'est...
- C'est bon ne te fatigue pas, j'ai compris. Pour infos, j'ai des amis mais comme je suis née au mois d'août en tant général ils sont tous en vacances et mon père est en voyage d'affaires. Mais je suis habituée, c'est comme ça chaque année.

Elle me fait de la peine. Une si jolie jeune femme seule surtout pour ses 18 ans. Je dois faire quelque chose.

- Attends-moi deux minutes, je reviens.

Je l'abandonne quelques instants.

Nous deux et rien d'autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant