Prologue

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Nous sortions de la maison et ma mère se dirigeait côté conducteur. Mon père l'en empêchait et tout deux se chamaillaient deux longues minutes pour savoir qui allait conduire, car bien entendu il avait bu, et il se croyait invincible.

Ma mère hésitait et s'inquiétait comme toujours. Mais elle capitula, et s'installa finalement sur le siège passager sans un mot. Mon père savait se montrer persuasif, et elle avait les conflits en horreur. Ce qui m'agaçait d'autant plus puisqu'elle avait raison.

Mon père démarra et fit un signe de main à mes grands parents et ma tante. Puis s'élança, dans un puissant bruit de moteur.

Mes grands-parents habitaient une très belle maison, mais perchée sur une montagne., Et les nombreux virages me donnaient des nausées. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, et les ténèbres nous envahissaient entièrement .

Seuls les phares de la voiture nous éclairaient dans cette obscurité intense. J'observais le paysage en réfléchissant, trop peut-être. Et plus nous roulions plus la soirée se repassait en boucle dans ma tête.

Ma colère ne diminuait pas.Mais pas du tout. L'affreuse nouvelle que je venais d'apprendre durant le dîner m'obsédait.

Je me demandais sans cesse, qu'est-ce qui avait pris mes parents dans une pure folie. Enfin, c'est vrai quoi, pourquoi partir quand on a tout ici ? Franchement ? Il y a d'autres solutions moins radicales et surtout moins loin !

Bien entendu, mes parents donnaient beaucoup dans le compliqué. Ce qui m'agaçait au plus haut point. J'étais littéralement folle de rage.

D'ailleurs, ma mère voyant mon continuel mécontentement essayait de me réconforter mais en vain. Ça ne faisait, au contraire, qu'attiser mon agacement.

- Allez, Charline... On va bientôt arriver à la maison, et j'aimerai beaucoup que tu sois un peu plus heureuse, ce n'est pas si terrible enfin ! Tu dois te dire que  c'est.. comme une nouvelle aventure qui s'offre à nous !

Mais ce fut le mot de trop... pas si terrible ? Une nouvelle aventure ?!

Je ne tenais plus. C'en était beaucoup, beaucoup trop. Je m'étais tûe pendant tout le dîner, à écouter tout leur petit plan d'avenir là-bas, leur futur projet, une fois installés. Et je bouillonnais intérieurement sans jamais broncher, pas même une seule fois, ce qui n'était vraiment pas dans ma nature.

Mamie en était tout à fait enchantée. Ici ou là-bas, cela ne la dérangeait guère, et comme elle nous l'avait dit « ça nous fera visiter le pays, n'est-ce pas, Henri ? ». Et mon grand-père était tout aussi heureux.

Heureusement, ma tante Marie, elle, était beaucoup moins emballée.

Elle savait que l'idée même me révolterait, et que du coup elle nous verrait moins aussi, alors qu'elle passait le plus clair de son temps avec moi.

Ne plus la voir du jour au lendemain... rien que l'image même de cette situation me rendait dingue ! Nous étions comme des sœurs ! 

Elle était triste, je l'avais vu dans ces yeux.

Mais la décision était prise. Sans appel. Irrévocable. On me l'avait suffisamment fait comprendre.

Au bout d'un certain temps, lorsque mon silence parût trop long, je répondis alors à ma mère, non sans conviction:

- Je ne veux pas partir. Ici j'ai mes amis, ma famille, toute ma vie, et je ne veux surtout pas quitter tout ça pour aller vivre dans les montagnes ! Vous n'êtes que des égoïstes !

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant