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Un vent violent me fouette le visage dès que je franchis les portes battantes.

Quelle quiche, je suis partie sur un coup de tête, et en plus, je suis venue avec Rilee. Je n'ai vraiment pas envie de rester ici toute la nuit. Mais j'ai encore moins envie de subir un interrogatoire approfondi sur ce qu'il vient de se passer. Et j'ai encore moins envie de le revoir lui.

J'entends de nouveau les portes claquer dans mon dos, mais j'ai peur, enfin je redoute, de voir qui vient de sortir. Je n'ai en aucune façon envie de le savoir non plus.

- Charlie ?

Cette voix qui parvient à mes oreilles, est douce. Je sais à qui elle appartient, mais je ne sais pas ce qui me choque le plus, que je trouve sa voix douce, ou que je sache à qui elle est.

Je me retourne face à Thomas, et le scrute, surprise.

- Qu'est-ce que tu ... Il me coupe d'un revers de main.

- Je te ramène.

- Mais...

- Tais toi, je te ramène, je sais que tu es avec Rilee, mais elle est restée à l'intérieur. Comme tout les autres. Et j'en avais marre de les entendre radoter. A moins que tu veuilles l'attendre. Il m'observe avant d'ajouter. Ou plutôt rentrer à pied.

Il me connaît autant que ça ?

- Non, ça me va.

Il se dirige vers sa voiture et je le suis sans un mot. Tout comme le trajet qui s'en suit. Aucun de nous ne parle. C'en est presque stressant.

Il tient son volant fermement. Ses doigts crispés font grincer le cuir dans l'habitacle, et seul le bruit du moteur qui ronronne brise le silence.

Je donnerai tout pour pouvoir lire les pensées de cet homme si mystérieux et muet.

Il conduit bien. C'est indéniable. Et c'est la seule nouvelle info que je puisse avoir.

Enfin, le trajet prends fin et il se gare devant la sororité, sans couper le moteur. Il me regardes, la main toujours sur le volant. Il y a un petit moment de flottement avant que je ne détaches ma ceinture et que j'ouvre la portière.

- Bon, et bien, merci.

- Pas de problème.

Je sort de la voiture, mais il m'attrape le poignet.

- Au fait, il n'y a pas de souci avec cet Enzo ?

Il me dit ça, légèrement, je dirai inquiet mais je ne vois pas pourquoi.

- Non, non pas du tout. Il est juste lourd, mais il n'y a pas de problème.

Il me lâche, et se repositionne sur son siège.

- Ok, alors à la prochaine.

Je referme la portière.

- Ouais, à la prochaine.

Je regardes la voiture s'éloigner, puis je rentre.

A peine ai-je franchis le seuil de la porte, que l'on m'assaille de toute part.

- Charlie ?? Ou est Amanda ?

- J'en sais rien.

J'entends des voix lointaines dans toutes la maison, des « Non, il n'y a que Charlie !» Et des «mais ou est Amanda ?? ».

Ça y est je suis déjà sur les nerfs.

- Mais tu étais avec elle et...

- Oui mais je l'ai laissée ! Elle va rentrer après, alors foutez lui la paix putain, c'est pas votre foutue mère !

Plus personne ne parle et je me fraie un chemin jusqu'à ma chambre, où j'envoie un message a Amanda.

« Tout le monde te cherches, prends ton temps. »

Suivi d'une réponse presque immédiate.

« Ok merci, je crois que je ne vais pas rentrer, lol »

Je ris, mais reçois un autre message juste en dessous.

« Pourquoi est-tu partie ? »

Je ne réponds pas, car justement je ne sais même pas quoi répondre. En fait je ne sais même pas vraiment pourquoi je suis partie comme ça.

Je pose mon téléphone, et part fumer à mon balcon. Mon unique moment de sérénité de la journée. Je suis seule, et c'est ce qui me fait le plus grand bien. Mais ce moment privilégié est rapidement coupé par une voiture se garant juste en dessous. Ça ne m'aurait pas dérangée si je savais à qui appartenait cette voiture. Et pas n'importe laquelle. Une sacrément belle Ford Mustang GT rouge de 1968. Ma préférée.

Je ne tarde pas a en découvrir le propriétaire, et mon admiration retombe immédiatement. Enzo, encore.

- Charlie ?

Pas lui pitié, c'est un calvaire. Il me colle c'est pas possible ! Je tente de me faire discrète, ne pouvant rentrer à l'intérieur à cause de ma clope, et quand bien même, je ne voulais pas la gâcher à cause de ce parasite. Rasant les murs, je m'assieds à même le sol en espérant qu'il ne me voie pas.

- Charlie ? Je sais que tu es là, pas la peine de te cacher.

Oh que si, je t'en supplie, dégage!

- Je resterai là toute la nuit s'il le faut.

Je me lève d'un bond et m'approche de la rambarde.

- Qu'est-ce que tu fous là encore ? Lâches moi un peu !

- Je suis venu...

Il observe autour le lui, comme perdu, avant de reprendre.

- Je suis venue dans le but de m'excuser, mais bizarrement je n'en ai plus envie.

- Et c'est tout ? Sérieusement, je rêve. Tu aurais pu t'excuser une autre fois et autre part, et non pas ici à me harceler jusque chez moi. ( Je me parle soudainement plus à moi même comme si j'étais complètement folle.) Et puis merde, qu'est-ce que j'en ai à foutre de toute façon. ( Je m'adresse à nouveau à lui.) Maintenant tu as intérêt à dégager.

J'écrase ma cigarette, et m'attends à le voir partir, mais il s'approche au contraire. Se postant juste en dessous de mon balcon, la tête levée.

- Ce n'est pas grave, je reviendrais. Et pour mes chaussures, je plaisantais, tu n'as pas à me les racheter ou quoi que ce soit. J'en ai rien à foutre. Mais en fait, tu m'intrigues. Et je te percerais à jour. Bientôt ce sera toi qui me courra après.

Ce mec à un sacré culot, sans parler de son ego aussi gros que la Terre.

- Mais bien sûr, j'allais te dire la même chose, ( Je ris jaune.) Allez maintenant tu déguerpis avant que je ne t'égorges de mes propres mains toi et ta grande gueule.

Il rit. Ce type est fou. Je n'ai pas d'autre explication.

- Je crois que tu ne te rends pas bien compte, que tu n'es pas crédible. Tu as l'air de tout sauf d'une meurtrière.

Ok il m'énerve clairement. Je lui offre mon majeur en guise de réponse et fais demi- tour dans ma chambre. Je ne sais même pas si je dois en rire ou descendre l'étriper tout de suite.

J'entends le puissant moteur s'éloigner, et je soupire de soulagement. Je ne sais strictement rien d'Enzo, mis à part qu'il m'intrigue, qu'il est canon, mais que c'est un sacré connard trop sûr de lui. Que de bon points.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant