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Son pouce caresse ma cuisse par-dessus mon jean quand je prends sa main dans la mienne.

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Je ne sais pas où Enzo a décidé de me conduire, mais ça fait plus d'une heure que nous roulons et je n'en peux plus ! Il faut que je sorte où je vais m'endormir, et je n'ai pas envie de mettre fin à notre petite soirée.

-Pitié, dis-moi qu'on arrive bientôt ! Je m'exclame, avec un air de rock au rythme lent en écho.

-On y est. Déclare-t-il enfin, avec un petit sourire heureux.

Il s'engage dans une petite route de montagne, et je ne saurai même pas revenir en arrière tant je n'ai aucune idée d'où nous sommes. Putain, j'espère pour lui que c'est exceptionnel.

-Où est-ce que tu nous as fourrés ? Je geins comme une enfant.

Il ne répond pas et se contente de sourire. Au bout de cette interminable route étroite, où un ruisseau coule sur le bas-côté, se dresse un chalet tout en bois parmi les sapins et tous les autres arbres dont j'ignore le nom. Ma curiosité est piquée à vif, et je ne sais pas si je dois commencer à avoir peur ou à l'embrasser de me mener dans un tel endroit.

-Où sommes-nous ? Le questionnais-je alors.

-On est dans la ville de Buffalo Creek. Dit-il en s'arrêtant. Et ce chalet perdu dans la montagne appartient à mon grand-père.

Je le regarde d'un air perplexe, ou stupide, plus que stupéfaite par ce qui est en train de se tramer.

Et ma surprise le fait pouffer de rire, tant qu'il en est totalement craquant. Mais la panique qui me gagne me fait vite oublier mon adoration, parce que je commence à stresser. Pourquoi m'a-t-il emmené ici au juste ?? Mon cerveau se met à cogiter rapidement et des dizaines d'autres questions surgissent en même temps.

-Comment ça ton grand-père ? Tu as de la famille aux Etats-Unis ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? Et pourquoi vit-il si reclus ?

Il continue de ricaner, tout en coupant le moteur, alors que je le bombarde de toutes les questions qui me passent par la tête. Nous sommes dans la pénombre et seules les fenêtres éclairées du petit chalet me permettent de distinguer les contours du visage d'Enzo.

-Tu as posé tellement de questions que je ne sais même pas par où commencer. S'esclaffe-t-il avant de reprendre plus sérieusement. Tu sais que je ne suis pas né dans ce pays, et bien tout d'abord, lorsque nous sommes arrivé mon grand-père est venu avec nous.

Je me tourne franchement vers lui, en détachant ma ceinture, et pose ma main sur la sienne en voulant être réconfortante.

-Tu ne m'as jamais dit pourquoi vous aviez immigré sur le sol américain. Moi si.

Je sais qu'Enzo a vécu des choses difficiles avec sa famille, mais le problème c'est que je ne sais même pas le tiers de son histoire. J'ai envie qu'il me parle à cœur ouvert. Et comme il s'apprête à se livrer une nouvelle fois, et dieu sait combien c'est émotionnellement douloureux, je dois donc faire preuve de patience et de retenue. Du moins au possible. Alors je crains un instant que mon reproche ne le réduise au silence. Heureusement, je me trompe complètement.

- C'est vrai. J'avais neuf ans quand on a débarqué ma famille et moi. Ce sont les affaires de mon père qui nous ont conduit ici, mon grand-père l'a suivi parce qu'il... devait partir. La situation devenait compliquée à San Onofrio et...

Je le coupe, tout excitée par ses révélations. On ne peut me le reprocher non ?

-Attends, San Onofrio ? Où est-ce ?

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant