Charlie

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 Pourquoi c'est toujours lorsque l'on n'en a pas besoin, que les mecs veulent se montrer raisonnables ?

Je ne les comprendrais jamais. 

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Errant au milieu du passage piéton, je m'apprête enfin à rejoindre mon paternel qui m'attends de l'autre côté de la route. Mon estomac est aussi serré que si je l'avais vissé moi-même. Impossible de me défaire de cette appréhension qui me ronge, et de ce stress lorsque j'envisage la prochaine heure à venir.

Peut-être que tout se passera bien, ou au contraire peut-être que ça finira pire que ça ne l'était déjà avant.

Je repense alors à Enzo qui me disait de rester calme, de ne pas brusquer mon père pour ne pas refermer la conversation, peu importe ce qu'il me disait, et qu'il viendrait me chercher quand je l'appellerai. Alors je m'accroche à ça.

J'essaie de me contenir au mieux que je peux, de décrisper mon visage, de paraître neutre, mais ça ne doit pas marcher tant que ça, j'ai un visage très expressif malheureusement.

Je ne suis plus qu'à quelques mètres de lui et pourtant ce moment est si gênant qu'il me parait durer une éternité. Ses cheveux sont un peu plus clairs à chaque fois que je le vois, mais il est toujours aussi petit, comme si rien ne changeait chez lui mais que la vieillesse commençait à le ternir.

J'atteins enfin le trottoir et à ma grande surprise il me prend dans ses bras. Je lui rends rapidement son étreinte, mal à l'aise. Je m'attendais à sa froideur naturelle, de l'indifférence ou même des restes de colère sur son visage, mais non. C'est une marque d'affection mêlée à un épuisement intensif. Comme si ses yeux avaient été trop malmenés ces derniers jours, des cernes énormes lui marquent le visage.

Je tente de commencer la conversation par un simple mot.

-Bonjour.

Il répond le plus naturellement du monde.

-Comment tu vas ma fille ?

Je manque de rire, remplie d'ironie soudainement. Mais la voix d'Enzo me souffle à l'oreille de ne pas le faire. Putain.

-Ça va, merci. Tu veux qu'on s'installe où ?

Il regarde aux alentours puis me désigne une terrasse ombragée du doigt.

-Là-bas ça te convient ?

Je hoche la tête et nous allons nous asseoir sans ajouter un mot.

Aucun de nous deux n'arrive à savoir ce qu'il faudrait dire pour en arriver au point essentiel. Ainsi nous restons complètement muets jusqu'à l'arrivée du serveur qui prend nos commandes avec notre soulagement le plus intense.

Une fois les plats arrivés, et toujours dans un silence de sourds, mon père se décide enfin à faire le premier pas.

-Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas fait ça hein. Dit-il en se voulant léger et joyeux, mais sa voix trahi son amertume et sa déception soit l'essence même de notre relation.

Je ne sais pas comment répondre à ça sans être méchante alors je hausse les épaules.

-Bon, on ne va pas passer par quatre chemins, je vois bien que ça ne tu n'es pas encore à l'aise avec l'idée du mariage à venir, mais si je t'ai demandé de venir c'est que c'est vraiment important pour moi et pour Jenn tu comprends ?

Je manque de rire jaune. Mais encore une fois, je visualise le visage réprobateur d'Enzo et ça me suffit pour me taire simplement.

-On a besoin que tu viennes, tu es ma fille et tu comptes autant pour moi que pour elle tu sais... Continue-t-il lentement, comme anxieux d'appréhender ma réaction.