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La cérémonie peut commencer ! Putain qu'est-ce que j'aimerai être à des kilomètres de là.

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Je suis spectatrice d'une représentation bien montée. Je regarde la scène se dérouler sans en ressentir la moindre émotion. Ils peuvent être beaux, avoir l'air heureux ou l'être réellement, ça m'importe peu. J'ai comme envie de me remettre à pleurer, telle une enfant insatisfaite. Je suis peinée d'être seule, de me forcer à les regarder si heureux ensemble. De me forcer à subir leurs regards émus et leurs larmes couler sur leurs visages comblés. De me forcer à contempler un amour si tendre et si réciproque dans un tel décor enchanté. De maugréer dans mon coin que j'ai beau détester cette union, alors que je suis quand même là. Je n'aurais jamais dû accepter de venir, je ne devrais même pas être là, parce qu'à quoi ça sert maintenant ? A quoi ça sert que je sois là ou non si ce n'était pas pour lui faire plaisir à lui ? Alors qu'il n'est pas là ? Alors que tout est terminé ?! Plus à rien, je le crains.

J'en ai assez de sentir ce vide sur la chaise à côté de la mienne et j'en ai assez de sentir ce débordement de joie, de bienveillance et d'amour écœurant tout autour de moi parmi l'assistance. Tant pis pour l'esclandre, tant pis pour mon père, tant pis pour la bienséance dont il m'a supplié de faire preuve. Si je pars, qui me retiendras ? Personne. Ni lui, ni moi. Absolument personne ne me contredira. Et je n'ai pas ma place ici. Je n'ai pas ma place dans cet endroit en ce moment même. Comment on fait pour se débarrasser d'autant de rancœur et de douleur d'un claquement de doigt ? Apparemment pas en assistant à un mariage. Mon nouveau départ se trouve tué dans l'œuf j'en ai peur.

Au bord de l'explosion de nerfs et d'une imminente crise de larmes incontrôlable, je m'apprête à me lever et je suis presque debout lorsqu'une main me ramène sur ma chaise brusquement, avant même que je ne me fasse remarquer.

Je tourne la tête si vite que j'en vois flou pendant quelques secondes.

Mais c'est son visage que je vois.

Ce sont ces traits durs et francs, ce nez droit, ces lèvres charnues, ces yeux bleus que j'espérais avec tant de force.

-Tu ne voudrais pas manquer le meilleur quand même. Murmure-t-il avec un sourire.

Je reste submergée, surprise et si perplexe, que je ne peux pas en bouger.

Je ne peux rien dire, ma bouche reste entrouverte d'étonnement, et ne semble pas vouloir se fermer. Je n'arrive pas à détourner le regard, j'ai peur que la réalité ne me rattrape. J'ai peur que ce ne soit que mon imagination. J'ai peur que si je le quitte des yeux une seconde, il s'en aille encore.

Mais je les sens. Je sens ses doigts entrelacés avec les miens. Je sens sa peau chaude contre la mienne. Il est venu. Il est là.

-Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ? Demande-t-il alors en chuchotant.

J'avale la boule qui m'obstrue la gorge, et recouvre ma voix, tremblante certes, mais tout de même là.

-Non, tu es...très beau. Réponds-je d'une toute petite voix.

Je suis même contrainte de me racler la gorge pour l'éclaircir.

Je remarque alors, avec du recul, que son arcade sourcilière semble enflée ainsi que sa lèvre inférieure qui m'apparaît coupée, et il me revient immédiatement en mémoire l'aveu d'Emily au sujet d'une bagarre entre Enzo et Thomas. Je décide de ne pas y accorder plus d'importance maintenant, mais peut-être que plus tard je lui demanderai, je n'en sais rien je suis si heureuse de le voir ici que je ne veux pas tout gâcher.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant