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Personne ne fait plus de commentaires sur cette histoire, et je passe le dîner pour la première fois depuis des jours avec toutes les filles de la maison, après le départ d'Emily et Alice.

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Le soleil se lève et ses rayons traversent les rideaux qui m'atteignent telles des lames aiguisées. J'ai très mal dormi évidemment.

Sans compter sur mes insomnies nocturnes, je n'ai pas arrêté de penser à lui, encore et encore. Le chemin vers l'oubli est plus long et bien moins libérateur que nous le promet bien des livres remplis d'optimisme, c'est certain.

Une angoisse de plus pourtant m'assaille ce matin, une angoisse apparu depuis le jour où je me suis mise à les compter. Plus que six jours.

Je suis passée au magasin, récupérer la fameuse robe qui m'a été attribuée pour le jour fatidique, hier. Et depuis, elle orne la chaise de mon bureau, à regret puisque la première chose que je vois ce matin c'est bien elle qui me sourit de toute sa splendeur avec ironie.

Je me recouche quelques minutes, contrariée, le nez dans l'oreiller et les yeux bien fermés. Si seulement dormir était mon unique problème. Seulement, il suffit d'en régler un pour en avoir des dizaines derrière. Putain de vie.

Pourtant, je n'ai pas vu passer les derniers jours.

Entre la reprise de la fac et les cours que j'ai dû bosser pour rattraper mon retard, avec en prime Rilee et Amanda qui ne me lâche plus d'une semelle, et pour ne rien ternir à ce joli décor, les préparatifs d'un mariage auquel j'essaie de me tenir à distance... le temps a couru aussi vite qu'un clignement de paupière. Si bien que finalement, il m'arrivait presque d'en oublier ma peine.

Mon téléphone se met à vibrer, et je maudis cet innocent électronique, une fois de plus. Ce matin, je dois voir Alec, et c'est certainement lui qui m'appelle pour me le rappeler, ou me réveiller.

Je ne décroche pas mais opte pour un petit message l'informant que je ne l'ai pas oublié. Puis je file me préparer et essayé d'être à l'heure pour une fois.

Evidemment, je pars trois quart d'heure plus tard en direction du centre-ville, où Alec m'attend sur Cherry Creek près d'un petit café de rue.

J'essaie de trouver une place où me garer, sans succès, et je suis contrainte de faire trois fois le tour des environs pour y parvenir.

Jusqu'à ce que je tombe sur...Thomas. J'ai à peine le temps de voir son visage enflé qu'il tourne à l'angle de la rue, sans m'avoir aperçue heureusement.

Bon sang, on croirait presque qu'il se serait fait rouler dessus ! Je n'ose imaginer l'état du beau visage d'Enzo. Dieu, je me donnerai des gifles.

Je réussis à manœuvrer et garer cette foutue voiture, avant de me dépêcher de rejoindre Alec. A peine m'aperçoit-il que ce bêta se jette sur moi et m'enlace avec force. Il va réussir à me tuer, pensais-je en suffoquant.

-Tu as fini ? Tu m'étouffes, Alec !

J'essaie tant bien que mal de le tenir à distance, mais il semble aussi accroché qu'un mollusque sur son rocher. Je lui ai manqué visiblement, et ça me réchauffe un peu le cœur en toute sincérité.

Il porte une sorte de manteau long qu'il n'avait jamais mis auparavant, et qui n'est d'après moi pas son style habituel, mais qui lui donne un air d'homme mûr, bien plus que son âge en tout cas.

-Tu m'as manqué ma petite colombe. Me dit-il avec joie.

Je peste dans ma barbe en l'injuriant au passage, au son de ce surnom ridicule. Il n'y a que lui pour avoir des surnoms de merde pareils.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant