Charlie

90

(Musique : Don't let me be misunderstood/Trd:Ne me laisse pas être mal compris/par Lana Del Rey)

-Alors, qu'est-ce qui est si urgent pour que tu te laisses désirer à ce point ? 

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Ses épaules se tendent, puis il fait rouler ses yeux avant de capituler pour mon plus grand bonheur. Il détend ses bras, puis s'approche de quelques centimètres. Suffisamment pour littéralement partager le même air.

-Je voulais savoir comment s'était passé ta sortie, et si tu avais besoin de dormir ici ce soir. Et puis merde, j'avais besoin de te voir tout simplement. C'est si anormal que ça ?

Il n'a pas tout à fait tort, mais je ne l'admettrais pas. Ce n'est pas en me faisant la guerre que je comprendrais le moindre manque d'affection de sa part, non ? Il n'a qu'à le dire clairement, c'est aussi simple que ça. Néanmoins, je suis assez fatiguée pour ne pas avoir envie de le chercher encore plus.

-Je sais. J'avais besoin de me changer l'esprit. C'est si anormal que ça ?

Bon, d'accord, j'avais assez d'énergie pour le provoquer encore un peu finalement. Mais ça le fait sourire, alors il me fait sourire également.

-Tu m'énerves. Ricane-t-il.

Il y a une part de vérité, trois mots de vérité en fait. Seulement il ne m'en tient pas rigueur, non, il m'embrasse tendrement pour m'en convaincre.

Ses mains s'accrochent à ma nuque, caressant de leurs pouces mes joues encore fraiches des températures hivernales au dehors, et faisant glisser ses lèvres avec vigueur sur les miennes. Sa tendresse me conforte. Je sens, aussi inavouable que ce soit, que j'avais besoin de ses bras qui m'entourent et de ses marques d'affection pour me combler entièrement. Je ne sais pas comment l'expliquer, ça se manifeste au fond de moi, lorsque je pense à lui je songe à ce qu'il m'apporte, et ce que je peux lui donner. Des caresses, des baisers, de l'amour, de la tendresse...toutes ces choses que personne d'autre ne m'apporte, et que je ne donne pas non plus à ceux qui m'entourent. Il n'y a que lui qui m'offre ce réconfort, cette douceur et cette bonté de façon si altruiste que c'en est déchirant. Il ne compte pas, il se livre sans concessions, avec réserve parfois, mais sans jamais mettre de point à ce qu'il transmet. Je réalise qu'il n'est pas seulement beau, grand, fort, intelligent et gentil, mais il est surtout généreux. Comment puis-je le lui rendre à la hauteur de ses dons ? Comment puis-je lui offrir ce qu'il m'offre sans même sans rendre compte ? La sécurité, le bonheur, l'amour... Est-ce que j'y arrive en cet instant ? Y arriverais-je si ce n'est pas le cas ? Sera-t-il las et me fuira-t-il si je n'y parviens pas ? Comment lui montrer que je l'aime autant qu'il ne m'aime ?

Il ne le sait pas, et ne peut le deviner j'en ai conscience. Mes plus grandes et secrètes peurs se sont toutes envolées lorsqu'il est arrivé dans mon cœur, jusqu'à en faire naître une plus importante et plus dévastatrice que toutes les autres, cette peur que seule je nourrie et enterre. Cette vérité qui me ronge, il ne la connait pas, il ne peut la comprendre. Comment pourrait-il se rendre compte, que j'ai besoin de lui plus qu'il n'a besoin de moi ?

Son corps m'apporte chaleur et consolation, pressé contre le mien avec une douce vigueur que lui seul maîtrise.

Nous restons la soirée durant collé l'un à l'autre, regardant films sur films, et ne pipant mot. C'est une soirée agréable et calme, le genre de soirée que l'on a envie de vivre chaque soir. Mes paupières se font lourdes, mon oreille étant collée à sa poitrine qui se lève et se soulève lentement, je suis paisiblement bercée par les battements de son cœur dans un rythme parfait, et par les caresses de ses doigts agiles dans mes cheveux. Je m'endors ainsi, complètement, après le troisième film alors qu'il continue de ses mouvements lents et réguliers à m'apaiser.