39 Bis

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Point de vue spécial Enzo

Je veux tout savoir d'elle. Elle m'intrigue.

Elle n'avait pas l'air vraiment intéressée par moi, du moins c'est ce que je pensais, et pourtant, elle est là devant moi. Je n'y croyais pas quand elle a accepté de venir boire un verre. J'étais surtout euphorique, et putain, quand elle m'a laissé croire qu'un futur commun pouvait être envisagé... J'ai cru mourir de joie. Je me sens bizarre, et paisible quand elle est là. Elle me fait ressentir des trucs... Des choses qui me font oublier ma vie de merde. Qui me font oublier qui je suis, et qui je peux être avec elle.

Bon, j'avais bien merdé en m'attardant chez Alec, mais j'y étais obligé pour ne pas éveiller les soupçons.

Je connais l'opinion qu'il a de moi envers les femmes, surtout que nous n'étions pas des chômeurs à l'époque, on faisait des ravages ensemble. Mais j'ai toujours été le plus difficile, et le plus égoïste, surtout depuis Mary.

En plus, il semble réellement très attaché à cette fille. Plus qu'à toutes les filles qu'il a pu avoir ou fréquenter. Et même si je n'ai pas l'impression que ce soit ce genre de relation, je crois qu'il l'aime vraiment comme une sœur. 

Mais, dans tous les cas, si je lui avais dit que je sortais avec Charlie, il m'en aurait dissuadé, ou il m'en aurait empêché.

J'essaie donc de profiter au maximum de ce moment enfin seuls, pour pouvoir creuser plus profondément cette énigme qui l'entoure, elle et ses beaux yeux verts.

Je ne cesse de l'observer, premièrement parce que je ne peux pas détourner le regard d'elle plus de deux secondes, et deuxièmement, parce que je n'ai aucune envie de regarder ailleurs que vers elle. Une petite française, récemment débarquée, et aussi belle, comment n'ai-je pas pu la voir avant ?

5 ans qu'elle est ici, et je ne l'avais pas vu une seule fois. Je m'en serais souvenu.

Après tout, elle n'était peut-être pas encore amie avec Alec et le reste de leur groupe.

Je fixe ses pupilles noires. J'essaie de tenir la conversation pour ne pas la décourager, et lui faire avouer au moins une chose de sa vie, si tant et qu'elle le veuille bien. Mais elle est beaucoup trop maline pour tomber dans tous les pièges que je tends. 

Je la voie nager dans ses pensées, loin très loin de moi et de ce café face à elle.

- Charlie ? Tu m'écoutes ?

Elle ne répond pas, mais ses joues rosissent, en se rendant compte de son absence.

- Dis-moi, pourquoi tu es venue là ?

Elle se raidit. Ça s'annonce mal pour moi. 

- Pour des choses qui ne te regarde pas.

Je ne m'attends pas à ce qu'elle me livre tout. Cette fille est plus complexe que toutes celles que j'ai pu rencontrer ! Et ce répondant ! Bon dieu, peut-être que je suis tout simplement fou, et que je devrai m'enfuir en courant, mais je suis attirée à elle comme à un aimant. J'ai l'impression d'être un prédateur en chaleur, l'impression de guetter ma proie jusqu'à trouver sa faille, sauf que la proie en question ne ressemble en rien à une gazelle innocente, mais plutôt à une lionne effarouchée. Et je ne peux pas dire que ça me déplaît, bien au contraire.

En si peu de temps, et si peu d'entrevues, elle a réussi à s'immiscer dans mon cerveau, et à me rendre dingue, au point que je propose à Alec d'aller la chercher alors qu'elle est en panne.

Alec était fou d'inquiétude, et je l'étais tout autant, ce qui est vraiment très étrange puisque je ne suis rien pour elle.

Mais soit. Je l'ai fait. Je suis venu la secourir parce que je me prenais pour un putain de héros ou de chevalier. Quand bien même si elle me soutiendrait qu'elle n'a pas besoin d'être secourue. Je garde un infime espoir que je peux parvenir à la cerner et à la sauver. De quoi, je ne sais pas encore. Mais ça ne saurait tarder.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant