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Je me tire au plus vite, laissant alors mon chagrin m'envahir pleinement. 

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-Je le hais, je le hais et je le hais ! Je ne suis même plus triste, il m'a arraché ma peine comme on arrache un membre, il m'a volé cette peine et me la rendue sous forme de haine ! M'écriais-je hors de moi.

Depuis qu'Enzo est venu me chercher il y a une heure de ça, complètement fermée comme une huître alors qu'il essayait de me soutirer dans les grandes lignes le déroulement du repas avec mon père. Mais avant même que je réponde quoi que ce soit il m'avait prise dans ses bras pour me calmer et essayer d'arrêter mes jambes de trembler. Mais ce n'est qu'après une bonne demi-heure de mutisme complet, ravalant la boule dans ma gorge chaque fois que je tentais de parler, que j'ai enfin réussi à me lâcher alors que nous n'avions même pas quittés les lieux et que nous étions toujours dans sa voiture.

-Calme toi, je t'assure que tout ira bien... Murmure-t-il tendrement.

Ce n'est pas du tout ce que j'ai envie d'entendre, ce n'est pas ce que j'attends de lui, j'aimerai qu'il me dise d'envoyer mon père se faire foutre et qu'il me soutienne mais il semble obstiné à me dire tout le contraire.

-Arrête de me dire ça, s'il te plaît. Il n'y a rien qui va. Essaie de me comprendre au lieu de me dire quoi penser. Suppliais-je excédée.

Il soupire, dépité, et ne sachant plus comment réagir.

-Je ne te dis pas quoi penser ! J'essaie de relativiser, chose que toi tu n'arrives pas à faire ! Tu extrapole absolument tout !

Sérieusement ? Il appelle ça extrapoler ? Non, je serais en train d'extrapoler si je me mettais à casser des verres et à déchirer des photos. Là, je libère juste la douleur de la seule manière que je connais, en laissant s'exprimer ma colère.

-Quoi ?! Ok, on va s'arrêter là. Tu n'as qu'à y aller toi à ce mariage si tu y tiens tant !

Il se met à crier lui aussi et je recule le buste, agacée.

-Ce n'est pas pour moi mais pour toi que je le fais putain mais quand est-ce que tu vas le comprendre ?! S'écrie-t-il.

J'ai le cœur qui bat si vite qu'il me fait mal, je suis tendue comme une arbalète et il m'est impossible de me calmer ce qui déteint évidemment sur Enzo alors qu'il essaie juste de me détendre, ce que je comprends. Mais je ne peux m'empêcher de gémir en lui répondant.

-Mais je n'ai pas envie de le comprendre parce que je n'ai pas envie d'y aller !

Il entoure mon visage de ses mains et embrasse doucement mes lèvres ce qui a pour effet de m'apaiser immédiatement. C'est dingue mais le simple fait qu'il m'embrasse alors que je lui hurle dessus pour un rien me prouve qu'il est juste génial. Trop pour moi d'ailleurs.

-Ça va mieux ? dit-il de mi-voix.

Je hoche la tête en reposant mon front contre sa joue, je suis contorsionnée dans la voiture mais je n'ai pas envie d'en bouger pour autant. Ce n'est qu'après quelques minutes qu'Enzo démarre la voiture, et me ramène à la sororité.

Je rentre dépitée, mais Enzo a su me réconforter comme jamais personne n'avait réussi à le faire. Et c'est aussi rassurant que terrifiant, parce que j'ai peur d'y prendre goût.

Avant lui je devais me démerder moi et moi-même pour me calmer du mieux possible, seulement depuis qu'il est là, j'ai l'impression de prendre la mauvaise habitude de me diriger vers lui pour me soutenir et me détendre mieux que je ne le faisais.

J'ai peur que ça ne me ramollisse, et que si tout ça venait à s'arrêter brusquement, je ne sache plus comment me débrouiller toute seule. Il est si rassurant... je me sens si protégée de tout ce qui m'entoure quand je suis avec lui, que le retour à la réalité n'en sera que plus dévastateur.

J'essaie de ne pas me torturer plus longtemps et le meilleur remède pour alléger ses pensées possède des cheveux roux.

Je reste avec Rilee toute la fin d'après-midi, à discuter de son couple singulier avec Peter, basé sur une sorte de jeu du chat et de la souris, puis a mentionner le remariage de mon père avec tout le détachement que je pouvais montrer. Bien sûr, Rilee n'étant pas dupe, elle a fait plus que le mentionner puisqu'elle m'a bombardé de questions sur la façon dont je gérais l'histoire ou celle de mon père. Elle me poussa à réfléchir plus longuement sur la façon dont je devais faire mon choix, et cela m'a fait du bien étonnamment de lui en parler. Elle pouvait se montrer de très bon conseils quand elle était sérieuse.

Alors que nous nous étions ménagées toute l'après-midi, Rilee me propose de préparer le repas du soir.

-Tu sais ce que je préfère dans la bouffe mexicaine ? S'exclame-t-elle à mon encontre.

-Le guacamole ! S'écrie-t-on en cœur, et en riant bêtement.

Mais ma bonne humeur s'envole momentanément lorsque je sens mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean. Rilee s'en aperçoit évidemment, et me somme de vérifier l'auteur du message du regard.

Pitié, pas mon père, pas tout de suite !

J'attrape l'objet et ne me torture pas plus longtemps pour regarder. Je soupire de soulagement qu'en je vois que ce n'est qu'Enzo. Puis rassurée, la curiosité s'empare de moi et j'ouvre le message.

« Tiens toi prête, je viens te chercher dans 30 minutes. J'espère que cette fois tu auras mes chaussures neuves. »

Je souris, puis me sens stupide de sourire ainsi. La référence sur ses chaussures que j'avais salies lors de nos premières rencontres me touchait sans que je comprenne bien pourquoi. La surprise et la joie passée, je me rends compte que je semble plus prête à une soirée pyjama qu'une sortie avec mon copain. Merde, je suis devenue si niaise que j'emploie le mot « copain ».

C'est bien ce qu'il est pourtant, mais je ne peux m'empêcher de trouver ça étrange, inhabituel, trop solennel. Peut-être est-ce dû au fait que je n'en avais jamais eu très sérieusement parlant, ou qu'Enzo et moi ne nous étions jamais proposés explicitement de sortir ensemble. Cela s'est fait si naturellement, si rapidement aussi d'ailleurs, que ça me paraît bizarre. On ne s'est même jamais appelés copain, copine, petit-ami ou même amis en réalité. Nous-mêmes ne savions même pas ce que nous étions tant notre relation faisait des sauts périlleux passant de la passion à la haine en un claquement de doigts. Mais je trouvais ça cool de ne pas avoir d'étiquette collée sur le front. Ou bien de ne pas m'en être aperçue plus tôt quand bien même tout le monde nous sait ensemble.

Rilee me sort de ma rêverie, trop curieuse elle aussi de savoir ce qui me fait réfléchir autant.

-Alors, c'est qui ? Questionne-t-elle prudemment en préparant sa sauce piquante, après avoir versé le guacamole dans un bol. Je dois remettre notre repas mexicain pour un autre jour.

-C'est Enzo. Il vient me chercher dans trente minutes. Dis-je sans nuance, encore perturbée par le soudain changement d'horizon que prend ma soirée. 

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Bonjour à toutes et tous !

J'espère que vous allez bien car moi je pète la forme ! C'est enfin le weekend et j'ai pu me concentrer un peu sur la suite de Charlie pour mon vendredi après-midi de libre !

Je suis assez satisfaite de mon avancée et de ma future fin qui se profile à l'horizon, espérant vous avoir comblés aussi par ce nouveau chapitre ! Mais ne vous inquiétez pas, si la fin approche elle n'est pas encore tout à fait là !

Il reste encore tellement de choses à dire que je peux déjà confirmer que cette histoire ne sera pas sans suite...

Je vous laisse sur cette note pas si mystérieuse ! ;)

Bisous bisous !

-M-

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant