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Il tente de me retenir mais c'est inutile.

- Je ne vais pas te laisser rentrer seule. Avec tous les putains de pervers dans cette ville, une jeune femme aussi jolie que toi ne devrait pas y traîner sans défense.

Je penche la tête d'un côté, et l'observe. C'est étrangement mignon-incorrect.

Ok, il me trouve jolie, mais l'aspect misogyne de cette remarque me frustre.

- Et voilà, tu recommences avec tes putains de remarques sexistes ! Mais tu sors d'où ? Tu viens de quelle époque ?

Il soupire.

- De celle-ci. Et malheureusement il y a toujours autant d'injustices, d'inégalités, de risques, nettement différent entre l'homme et la femme. Et puis je sais que tu veux que je te raccompagne. En même temps comment ne pas vouloir ma compagnie ? Franchement quand on voit tout ça...

Il se désigne de la main et hausse un sourcil. Il est ... bref ce qu'il dit n'est pas vraiment faux dans un certain sens, mais pas dans le mien en l'occurrence.

- Moi ! Je ne veux pas ! Je sais très bien me défendre toute seule, tu sais. Je n'ai besoin de personne. Je ne dépends de personne. C'est ma vision des choses et je m'en fous que ça te plaise ou non.

Je commence à marcher en direction d'un arrêt de bus quelconque et il ne me suit pas. Il se retourne, vexé, et pars vers sa voiture sans un mot.

Bon débarras, s'il se retrouve dans un fossé, ce n'est pas faute de l'avoir prévenu. Je marche pendant 5 bonnes minutes et aperçois un arrêt. L'alcool est encore trop présent pour me faire accélérer sans tanguer légèrement donc je marche lentement, puis vais regarder les horaires. Je commence déjà à avoir mal à la tête à cause de la fatigue. Sachant qu'il est 23h30 il devrait y avoir un bus non ?


Ok... trois quart d'heure d'attente pour le prochain bus. Génial. Comment finir sa journée de merde en beauté... Je m'assois prête pour attendre une heure. La rue est déserte, le froid se fait sentir, et la nuit est noire. Des lampadaires envoient une faible luminosité dans la rue en grésillant.

Une ambiance qui ne réconforterait pas un chat.

Au bout de vingt minutes à jouer avec, mon téléphone est presque à plat.

Je relève enfin la tête, soudainement désorientée.

Je n'ai plus rien à faire, et je ne sais pas quoi faire. Je m'ennuie !

Une quinzaine de minutes plus tard, j'aperçois alors que deux hommes viennent de s'engager dans la rue et titubent ensemble. Ils continuent de marcher et je les observe, ils ont quoi ? La cinquantaine ? Que font-ils dehors bourrés ? Encore des pères qui ne sont pas à la hauteur sûrement. Ils ont l'air minables.

Ils me voient, et s'approchent de plus en plus. Je me décale dans l'abri pour les laisser passer et pour qu'ils ne m'emmerdent pas.

Mais ils s'arrêtent, bien entendu, devant moi. Est-ce que c'est le karma ?

On dirait que la théorie d'Enzo tente de se mettre en œuvre.

Sérieusement ?

- Salut, poupée !

Qu'est-ce qu'ils ont tous à appeler les filles « poupées » ?! J'ai l'air d'une poupée ? Non ! Et j'ai bien envie de leur montrer que ce n'est pas le cas ! Une seule couille suffit pour vivre non ?

Je les ignore complètement, et fais semblant de pianoter sur mon téléphone. Je ne suis pas idiote, impulsive oui, mais pas bête. Alors, j'essaie quand même de ne pas provoquer le diable.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant