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Je manque de m'étouffer. Alec se lève avec peine derrière moi en me demandant ce qu'il se passe, tandis que j'hésite sérieusement à répondre à ma tante, surpassée.

**********


J'ai finalement rendez-vous avec ma tante à 17h, dans un café du Cherry Creek Shopping Center. Heureusement que j'ai été catégorique sur le lieu. Sinon je suis sûre qu'on se serait retrouvées chez mon père à devoir subir son humeur joviale et excessive. Rien que de le voir ça m'énerve.

J'ai quitté Alec à la minute, pour retourner à la sororité et me préparer un minimum. Je me devais d'effacer ces cernes qui parasitaient mon visage.


J'arrive dans le café en question à 17h06. C'est même pas de ma faute cette fois. Se garer, c'est le parcours du combattant ici.

Je l'aperçois dans le fond, café en main. Je m'assois à sa table et la regarde. Elle est très élégante dans son haut bleu marine et son Jean noir. Ses longs cheveux bruns ondulés qui descendent en une foutue cascade me font atrocement penser à ma mère. Putain, je comprends toujours pas pourquoi elle est encore célibataire ?! Ou peut-être que je ne suis pas à jour dans les actualités, à confirmer.

Enfin, j'essaie de paraître aussi calme que possible malgré cette tension constante qui m'oppresse.

- Hum, salut.

- Salut, comment vas-tu Charline ?

Ce nom grésille dans mes oreilles, ça doit faire au moins, je ne sais pas, 4 ans qu'on ne m'a pas appelée ainsi. Je réponds hésitante et mal assurée.

- Euh, bien et toi ?

- Très bien. Je suis contente que tu sois venue, même si la ponctualité t'as un peu échappée pendant ces quelques années.

Ce n'est pas le genre de choses que j'aurai aimé qu'elle me dise, pas elle. Je la vois soudainement différemment, comme changée, vieille aussi. Elle me sourit et je lui répond du tac au tac, franchement agacée.

- Beaucoup de choses m'ont effectivement échappé pendant 5 ans. Comme, je ne sais pas, une mère ? ou un père sobre peut-être aussi ?

Elle manque de s'étouffer avec son café. Et me regarde surprise, attristée, et choquée par ce manque de tact. Mais je m'en fout.

- Comment oses tu ?! Enfin Charline !

Je sens que je vais mal répondre, je sais que je vais tout faire de travers et pourtant je ne me retient pas. Mon sang bouillonne et j'explose.

- Arrêtez de tous dire, comment j'ose ? Pourquoi tu réagis comme ça ? Qu'est-ce qu'il te prends ? J'ose et c'est tout, j'en ai le droit merde !

Interloquée, elle ajoute :

- Effectivement. Mais ça ne te donne pas le droit de me parler comme ça ! Et arrête avec ton langage vulgaire s'il te plaît !

Elle a vraiment changée. Ce n'est plus la même personne avec qui je faisais les quatre cent coups, ce n'est plus cette personne que je considérais comme une sœur. Une chose m'échappe, est-ce qu'elle n'essaierai pas de se comporter comme une mère maintenant ? Elle veut la remplacer pour mieux m'éduquer ?! C'est peut-être un peu tard pour ça, je me souviens encore, des espoirs que je fondais en elle, que je voulais qu'elle vienne vivre avec moi, que je voulais qu'elle me rejoigne ! Pas un coup de fil, pas une visite, rien !

Elle marque une pause puis poursuit, avec de la compassion dans ces yeux.

-Je sais que ça a été et que c'est très, très, difficile pour toi mais..

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant